Peu importe les exigences du Hamas. Et Israël là-dedans ?
Comment l’objectif fixé par Netanyahu de rétablir le calme est-il atteignable alors que le Hamas semble vouloir se battre jusqu’au bout ?
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Alors maintenant on regarde et on attend. Nous sommes confiants dans notre armée, préoccupés par le nombre de victimes, certains du diabolisme du Hamas, et conscients du prix à payer pour l’affronter.
Le Premier ministre a assuré vendredi matin qu’il n’avait pas l’intention d’étendre le conflit. Il a lancé l’offensive terrestre seulement à la fin du dixième jour d’efforts de l’armée d’arrêter les tirs de roquettes du Hamas sur Israël et après que les troupes aient déjoué ce qui aurait été un « méga-attentat », lorsque qu’une douzaine ou plus d’hommes armés du Hamas ont été repérés à la lueur de l’aube sortant d’un tunnel jeudi pour lequel ils avaient utilisé beaucoup de temps et de ressources afin de creuser sous la frontière.
Ils étaient en route pour tuer ou enlever, probablement à proximité du kibboutz Sufa. Comme l’a noté mon collègue Mitch Ginsburg, « Israël aurait pu se réveiller avec un kibboutz entier en état de siège ».
Netanyahu a envoyé l’armée parce que ces tunnels ne peuvent pas être neutralisés depuis le ciel, pas plus que les tirs de roquettes.
Le Hamas a passé les 20 mois depuis l’opération Pilier de défense à renforcer considérablement ses opérations souterraines, en creusant ces tunnels, et en construisant un réseau de bunkers souterrains pour conserver ses roquettes, pour garder ses dirigeants et ses membres terroristes à l’abri tandis que le reste de Gaza souffre. Sur la terre, la mer et dans les airs, Israël bénéficie d’avantages sur le Hamas, mais pas sous la terre. Des milliers de soldats israéliens sont maintenant entrés dans Gaza pour littéralement déraciner le Hamas.
Beaucoup a été dit sur les exigences du Hamas pour un cessez-le-feu. Il souhaite que le point de passage de Rafah vers l’Egypte soit rouvert. Il veut que ses 40 000 fonctionnaires à Gaza soient payés. Il souhaite qu’Israël libère les prisonniers de sécurité, libérés dans l’échange de Shalit de 2011, qui ont été arrêtés à nouveau au cours de semaines récentes alors qu’Israël cherchait les assassins de ses trois adolescents Eyal Yifrach, Gil-ad Shaar et Naftali Fraenkel, enlevés et assassinés en Cisjordanie le 12 juin.
Il se dit que les Etats-Unis s’efforcent de parvenir à un accord. Mahmoud Abbas est personnellement impliqué. L’Egypte tient la clé. Le Qatar et la Turquie, perçus comme des médiateurs par le Hamas, sont rejetés par Israël. Et le Hamas se montre inflexible, avec son aile militaire, apparemment prête à combattre jusqu’à la dernière goutte de sang, sourd aux appels des dirigeants politiques beaucoup plus pragmatiques.
Pourtant, beaucoup de ces éléments et des ces spéculations semblent passer à côté de l’essentiel. Qu’en est-il de la position d’Israël, de l’unique exigence d’Israël ? Netanyahu a déclaré, à de multiples reprises, que l’objectif d’avoir recours à la force est d’obtenir un calme durable pour les civils israéliens. Il s’agit de mettre un coup d’arrêt ferme à la menace posée par le Hamas, ses roquettes, ses tunnels, ses enlèvements. Son terrorisme.
Un cessez-le-feu qui laisse le Hamas capable de reconstruire et d’améliorer ses capacités de missiles, un cessez-le-feu qui laisse le Hamas libre de creuser plus de tunnels vers Israël, un cessez-le-feu qui laisse l’aile militaire du Hamas suffisamment intacte pour organiser plus d’enlèvements et d’assassinats, plus d’infiltrations, plus d’attaques, c’est difficile de voir comment cela répondrait aux exigences de Netanyahu.
Le Premier ministre se moque-t-il donc de tout le monde lorsqu’il déclare que son ambition ici n’est pas de reconquérir la bande, de ne pas détruire le Hamas, et lorsqu’il déclare qu’il ne se laissera pas influencer par le « bruit de fond » de ceux, comme le ministre des Affaires étrangères Avidgor Liberman, qui poussent pour la destruction du régime du Hamas ? Ou s’illusionne-t-il lui même ? Pourrait-il être satisfait avec un cessez-le-feu qui, tout en laissant le Hamas capable en théorie de continuer à terroriser Israël, verra le Hamas suffisamment affecté par la réponse militaire israélienne pour empêcher la terreur dans une future proche ? Nous allons bientôt le découvrir.
Le Hamas a été largement empêché de tirer des roquettes contre Israël pendant au moins quatre ans après l’opération Plomb durci en 2008-2009. Il a été empêché de le faire pendant 20 mois après l’opération Pilier de défense en novembre 2012. Cette réalité d’après conflit pourrait-elle vraiment répondre à la définition de Netanyahu de réussite ?
Ses nouveaux meilleurs alliés, les Israéliens et leurs dirigeants politiques à gauche et au centre, répondraient oui. Beaucoup d’Israéliens et leurs dirigeants dans son camp politique naturel, à droite, exprimant à haute voix leur mécontentement jusqu’à jeudi, et soutenant maintenant la décision, répondraient avec un non franc et massif.
Toute la société civile israélienne attend, beaucoup de ses fils, de ses frères et de ses pères sont maintenant engagés dans un combat à Gaza, dans une relative sécurité sous le Dôme de fer, même si les traumatismes sont importants. Ils sont inquiets à l’idée d’un nombre de morts important dans les rangs de l’armée.
Les Israéliens sont préoccupés par l’indifférence totale du Hamas pour la perte de vie humaine, horrifiés par les morts de civils à Gaza, frustrés par le mauvais jugement de l’opinion mondiale sur un conflit qu’Israël n’a pas cherché avec une organisation terroriste engagée à notre destruction. Nous sommes déchirés entre ceux qui voulaient que cela soit fini hier, ceux qui veulent que cela soit fini dès que possible, et ceux qui veulent que Netanyahu envoie l’armée jusqu’au bout.
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.

Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel