Peu protégés, les cimetières juifs sont des cibles faciles pour les vandales
Deux attaques perpétrées à une semaine d’intervalle dans des grands cimetières, faciles d’accès et avec peu de personnel dédié – combinées aux alertes à la bombe contre des centres communautaires – inquiètent de plus en plus les chefs religieux juifs

NEW YORK (JTA) — A un moment entre l’après-midi du vendredi 17 février et le lundi matin suivant, des vandales ont endommagé 170 tombes au cimetière juif Chesed Shel Emeth aux abords de St-Louis.
Au-delà de cette présomption, les employés du cimetière n’ont aucune certitude concernant le moment des dégradations. Les jardiniers quittent le lieu à 16 heures le vendredi et le cimetière reste ouvert au public, sans gardiens ni personnel autre toute la journée du dimanche.
C’est un employé qui a découvert les stèles endommagées dans la matinée du lundi.
On n’en sait encore moins sur l’attaque survenue dans la nuit de samedi du cimetière juif du Mont Carmel à Philadelphie, où au moins 100 pierres tombales ont été dégradées. Contrairement au cimetière de St. Louis, qui est entouré par une barrière et emploie des jardiniers, Mont Carmel est dirigé par des bénévoles, avec seulement un trottoir qui le sépare de la rue.
« Il n’y avait rien », déclare Steve Rosenberg, chef du marketing à la fédération juive de St-Louis. « C’est grand ouvert. Tout le monde peut y entrer. Impossible de trouver quelque chose de fermé ».

Les deux attaques, qui ont eu lieu à une semaine d’intervalle, combinées à une série d’alertes à la bombe dans des centres communautaires juifs, attisent les craintes d’un antisémitisme croissant aux Etats Unis et laissent les leaders de la communauté penser que d’autres incidents vont se poursuivre. Les cimetières, affirment les spécialistes de la sécurité, sont particulièrement vulnérables dans la mesure où ils sont grands, qu‘ils emploient peu de personnel et qu’il est facile d’y pénétrer.
Le cimetière Chesed Shel Emet, qui se situe à deux endroits différents dans la banlieue de St-Louis, accueille plus de 20 000 sépultures et emploie sept personnes, dont quatre jardiniers. Le Mont Carmel à Philadelphie est même plus petit encore : Il héberge 5 000 tombes et son entretien est assuré uniquement par des bénévoles.
« Les cimetières sont d’une taille relativement grande et s’ils avaient les moyens d’embaucher du personnel, les récentes coupes budgétaires ont tendance à les faire diminuer tant et plus », explique Michael Trinkley, directeur de la Chicora Foundation, un groupe de Caroline du Sud qui aide à conserver les cimetières et autres sites historiques.
« Il n’y a presque plus de sécurité nocturne assurée dans les cimetières ».
« Vous pouvez faire beaucoup de dégâts en un laps de temps relativement court, et l’éventualité de se faire prendre reste mince », ajoute-t-il.
Paul Goldenberg, directeur du Secure Community Network, qui conseille les groupes et les institutions juives sur la sécurité, craint que les attaques de cimetière ne deviennent une tendance comme les alertes à la bombe qui ont eu lieu dans les centres communautaires juifs, la dernière datant de lundi.
Travaillant au bureau du procureur général du New Jersey il y a deux décennies, Goldenberg avait enquêté sur une série d’attaques menées contre environ 100 cimetières juifs sur une période de sept ans – dont le lieu où reposait la dépouille de son père. Cette série, dit-il, avait été inspirée par la scène musicale néo-nazie.
« Il y a le sentiment que les cimetières puissent devenir des lieux de prédilection pour où les vandales », dit Goldenberg. « En ce moment, nous nous inquiétons des éventuels imitateurs ».
Trinkley et Goldenberg estiment que la manière la plus efficace de prévenir le vandalisme dans les cimetières est d’organiser des patrouilles de bénévoles qui assureront une présence dans les cimetières la nuit, ainsi qu’une surveillance.
Le cimetière Chesed Shel Emeth possède des caméras de surveillance, ce qui n’est pas le cas du Mont Carmel.
Goldenberg ajoute que les membres de la communauté doivent entrer en contact avec les responsables des forces de l’ordre lorsqu’ils constatent l’existence d’une menace et qu’ils doivent laisser la police examiner les stèles endommagées avant de réparer un lieu qui a été vandalisé.
« Les gens veulent bien faire et ils nettoient et ils replacent les stèles », explique Goldenberg. « Ils doivent penser qu’il ne faut pas le faire avant que la police ne vienne commencer son enquête ».
Tandis que Goldenberg lance l’idée d’une sécurité payée, Trinkley indique que de nombreux cimetières ne pourront probablement pas se le permettre pour des raisons budgétaires. La réparation même des pierres endommagées peut s’avérer onéreuse.
Trinkley estime que la remise en état d’une stèle renversée peut coûter 500 dollars. L’achat d’une nouvelle peut monter à 4 000 dollars.
Une aide financière est arrivée pour venir en aide à Chesed Shel Emeth, dont plus de 100 000 dollars levés par des militants musulmans.
Des collectes de fonds sur Internet sont également en cours pour le Mont Carmel. Des bénévoles, parmi eux le vice-président Mike Pence, sont venus pour nettoyer les dégâts dans le Missouri et un effort similaire est organisé à Philadelphie.

Trinkley déconseille de la même façon la pose de barrières ou de portails. Une barrière est inefficace, dit-il, à moins qu’elle n’atteigne les 2 mètres 50 de haut et qu’elle soit agrémentée d’un fil de fer de protection – des dispositifs qui peuvent intimider les familles en deuil.
« A un moment, si vous faites en sorte qu’un cimetière en vienne à ressembler à une forteresse, vous rejeterez la plupart de leur sens religieux qui veut qu’un lieu de sépulture soit un lieu du souvenir, de visite », dit Trinkley. « Il faut se montrer accueillant pour que les gens puissent aller y trouver une consolation et du réconfort ».
A Chesed Shel Emeth, la directrice Anita Feigenbaum a commencé une évaluation sécuritaire sur les moyens de rendre le site moins vulnérable aux attaques.
Mais même si l’acte de vandalisme est survenu durant un week-end, elle explique que fermer les portes du cimetière le dimanche au nom de la sécurité pourrait s’avérer être une démarche excessive.
« Beaucoup de gens ne peuvent pas venir pendant la semaine », dit-elle.
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