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Plan Trump : Netanyahu aurait fait pression avec Washington et Ryad sur Amman

Les services de renseignement américains ont dit au roi qu'ils n'étaient pas impliqués dans le présumé complot d'avril et ont semblé suggérer que le Premier ministre l'était

Le roi de Jordanie Abdallah II lors de la session parlementaire d'ouverture dans la capitale Amman, le 10 novembre 2019. (Crédit : Khalil Mazraawi/AFP)
Le roi de Jordanie Abdallah II lors de la session parlementaire d'ouverture dans la capitale Amman, le 10 novembre 2019. (Crédit : Khalil Mazraawi/AFP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait participé aux efforts déployés par les États-Unis et l’Arabie saoudite pour faire pression sur le roi Abdallah II de Jordanie dans le cadre de la promotion par l’administration Trump de son plan de paix au Moyen-Orient, a rapporté samedi le Washington Post.

Le rapport décrit ces efforts comme ayant mis à mal la position politique intérieure d’Abdallah II ces dernières années, culminant avec l’exposition en avril d’un prétendu complot visant à « déstabiliser » la Jordanie, qui a piégé le demi-frère du roi, le prince Hamza, et d’anciens hauts fonctionnaires, Bassem Awadallah et Sharif Hassan bin Zaid.

Une grande partie de la pression concernerait Jérusalem, où Abdallah est reconnu comme le gardien de l’esplanade des Mosquées et d’autres sites musulmans dans la Vieille Ville, qu’Israël a pris à la Jordanie lors de la guerre des Six Jours en 1967. Israël a reconnu le statut de gardien de la monarchie jordanienne dans l’accord de paix de 1994 entre les deux pays.

Citant un Américain qui connaît le roi, le chroniqueur du journal David Ignatius a écrit qu’Abdallah avait le sentiment que les États-Unis, Israël et l’Arabie saoudite tentaient de l’évincer de son poste de gardien.

Selon le journal, il ne semble pas que le président américain Donald Trump, le prince héritier saoudien Mohammad Bin Salman et Netanyahu cherchaient à renverser le roi jordanien, mais que leurs efforts l’ont affaibli et ont enhardi ceux qui s’opposaient à Abdallah II.

« Trump est devenu convaincu que le roi était une entrave au processus de paix », aurait déclaré un ancien haut responsable de la CIA.

Le roi Abdallah II de Jordanie est accueilli par le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, le 25 juin 2018. (Crédit : AFP / Brendan Smialowski)

L’article a noté les relations étroites que Trump et Jared Kushner – le gendre et conseiller principal du président américain – ont tissées avec Bin Salman, le dirigeant de facto de l’Arabie saoudite. Abdallah II serait inquiet que ces liens élargis se fassent aux dépens de la Jordanie, Ignatius écrivant que de hauts responsables jordaniens avaient le sentiment que le roi était mis sur la touche en raison de l’engouement de Trump pour les dirigeants israéliens et saoudiens et en raison de ses réserves sur la proposition américaine de paix israélo-palestinienne.

Alors que les efforts de Kushner pour faire avancer un plan de paix israélo-palestinien se sont accélérés l’année dernière, il espérait également contribuer à faciliter un pacte de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, selon le rapport. Cependant, Abdallah II était considéré comme un obstacle à un tel rapprochement.

Un personnage clé du rapport est Bassem Awadallah, l’un des anciens hauts fonctionnaires impliqués dans le récent complot présumé. Awadallah, un ministre du cabinet et ancien chef de la cour royale, a déménagé en Arabie saoudite en 2018 sur les encouragements d’Abdallah et est devenu proche du prince héritier saoudien.

« Un point de friction pour nous est al-Aqsa. Le roi [Abdallah] s’en sert pour nous intimider et conserver son rôle au Moyen-Orient », aurait déclaré Awadallah au sujet de la poussée de paix américaine, en faisant référence au complexe du mont du Temple.

Un ancien fonctionnaire américain anonyme a également déclaré qu’Awadallah lui avait dit que « MBS est contrarié parce qu’il ne peut pas obtenir un accord, car il ne peut pas gérer les réactions des Palestiniens si le roi maintient sa position sur Jérusalem », en utilisant les initiales de Bin Salman.

À gauche : le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, le 8 mars 2021. (Crédit : Miriam Alster/Pool via AP) ; À droite : le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane assiste à un sommet virtuel du G-20 organisé par vidéoconférence, à Riyad, en Arabie saoudite, le 22 novembre 2020. (Crédit : Bandar Aljaloud/Saudi Royal Palace via AP)

Ignatius a également cité un rapport d’enquête jordanien sur le prétendu complot.

« Awadallah travaillait à promouvoir le ‘marché du siècle’ et à affaiblir la position de la Jordanie et du roi sur la Palestine et la garde hachémite des lieux saints islamiques et chrétiens de Jérusalem », indique le rapport jordanien.

Ce même article aurait également allégué que bin Zaid, l’autre haut fonctionnaire jordanien impliqué aux côtés d’Awadallah, a rencontré en 2019 deux fonctionnaires d’une ambassade étrangère à Amman « pour s’enquérir de la position de leur pays sur le soutien au prince Hamzah comme alternative au roi. » Ignatius a déclaré qu’un fonctionnaire occidental anonyme qui lui a remis le rapport pense que l’ambassade était probablement la mission américaine dans la capitale jordanienne.

En outre, l’article du Washington Post indique que les agences de renseignement israéliennes du Mossad et du Shin Bet ont envoyé des messages privés à Abdallah lorsque le prétendu complot a été révélé plus tôt cette année, niant tout rôle israélien. Ignatius, citant un ancien responsable du renseignement américain qui a vu les messages, a déclaré que leur point clé était « ce n’est pas nous. Cela vient de devant nous », ce qui, selon lui, impliquait probablement Netanyahu.

Ignatius a également noté un voyage secret que le ministre de la Défense Benny Gantz aurait fait à Amman au début de l’année pour rencontrer Abdallah et les commentaires qu’il a faits à ses partisans selon lesquels « Netanyahu est une figure indésirable » en Jordanie. Le chroniqueur affirme que ces remarques soulignent les préoccupations des responsables de la sécurité israélienne quant au potentiel d’instabilité en Jordanie.

La révélation de ce prétendu complot est intervenue un mois après qu’une dispute diplomatique entre Israël et la Jordanie a mis en lumière les frustrations de la Jordanie à l’égard de Netanyahu et les tensions entre les deux voisins qui couvent depuis des années.

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