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Possible nomination de Litzman à la Santé : Les Juifs australiens s’insurgent

Le chef du principal groupe pro-israélien du pays qualifie la désignation du député au poste de ministre "d'insulte" aux victimes de la pédocriminelle qu'il aurait aidé à protéger

Le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman lors de la soirée électorale à Petah Tikva pour son parti Yahadout HaTorah, le 18 septembre 2019 (Crédit :  Shlomi Cohen/Flash90)
Le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman lors de la soirée électorale à Petah Tikva pour son parti Yahadout HaTorah, le 18 septembre 2019 (Crédit : Shlomi Cohen/Flash90)

La nomination attendue de Yaakov Litzman, du parti YaHadout HaTorah, au poste de ministre de la Santé a été dénoncée samedi par certains Juifs australiens. Le député ultra-orthodoxe est soupçonné d’avoir cherché à empêcher l’extradition d’une pédocriminelle en série vers l’Australie.

La police israélienne a recommandé l’inculpation de Litzman, actuel vice-ministre de la Santé, pour fraude et abus de confiance pour les pressions qu’il aurait exercées sur les employés du ministère, désireux que ces derniers émettent un faux rapport psychiatrique qui aurait permis de bloquer l’extradition de Malka Leifer pour des raisons médicales.

Elle a également recommandé sa mise en examen pour pots-de-vin dans une affaire sans lien avec la précédente.

Ancienne principale d’une école recherchée pour crimes sexuels présumés en Australie, Leifer entretient des liens avec la secte hassidique Gur, dont Litzman est membre.

Jeremy Leibler, chef de la fédération sioniste d’Australie, a estimé samedi que la désignation du député à un poste de ministre serait une « insulte » pour les victimes présumées de cette dernière.

« Nous avions précédemment appelé Litzman à démissionner sous réserve de la fin de l’enquête menée sur sa conduite en lien avec Leifer. Il serait complètement inapproprié et une insulte faite aux victimes de Leifer de voir Litzman endosser le costume de ministre de la Santé », a commenté Jeremy Leibler auprès du Times of Israel.

Dassi Erlich qui, aux côtés de ses sœurs, dit avoir subi des abus de la part de l’ancienne directrice d’école, n’a pas dissimulé son indignation.

L’affaire Leifer a mis à l’épreuve les liens entre Israël et l’Australie, un proche allié de l’État juif, où la directrice doit répondre de 74 chefs d’accusation d’abus sexuels.

En l’an 2000, celle-ci avait quitté Israël pour travailler à l’école ultra-orthodoxe Adass Israel à Melbourne. Lorsque des allégations d’abus sexuels à son encontre avaient commencé à émerger, huit ans plus tard, des membres du conseil scolaire avaient acheté à cette mère de huit enfants un aller-simple pour Israël, lui permettant d’éviter une arrestation.

Elle avait été interpelée en Israël en 2014 après une demande d’extradition émise par l’Australie, mais un tribunal de Jérusalem avait suspendu la procédure en 2016, la jugeant mentalement inapte à comparaître. Elle avait été de nouveau arrêtée en 2018 après avoir été filmée, semblant mener une vie parfaitement normale.

Depuis son arrestation initiale, le tribunal a tenu des audiences sur l’affaire à des dizaines de reprises. Lors de la dernière organisée le mois dernier, un groupe de psychiatres, qui devait faire connaître son jugement sur l’état psychologique de la femme, a indiqué avoir besoin de davantage de temps – dans la mesure où il était apparu que le groupe d’experts n’avait pas eu connaissance de l’audience prévue.

La prochaine audience aura lieu le 14 janvier, mais alors qu’un autre procès sur son extradition devrait également débuter et que des appels devraient être déposés, l’éventualité de la présence, un jour, de Malka Leifer sur le banc des accusés en Australie reste incertaine.

Litzman a nié tout acte répréhensible en lien avec l’affaire, disant au mois de février que son intervention avait eu lieu « pour le bien du public ».

L’ancienne directrice d’école en Australie Malka Leifer, recherchée dans son pays pour agressions sexuelles contre des enfants, à la cour de district de Jérusalem, le 14 février 2018. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le vote du cabinet sur la nomination de Litzman survient après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est trouvé dans l’obligation d’abandonner tous ses postes ministériels en raison de ses mises en examen.

En plus de sa fonction de Premier ministre, Netanyahu a actuellement entre les mains les portefeuilles de l’Agriculture, de la Santé, des Affaires sociales et des Affaires de la diaspora. Tandis que la loi semble indiquer qu’un Premier ministre sous le coup d’une inculpation peut continuer à servir, les autres ministres dans le même cas sont tenus de renoncer à leurs postes.

Le rôle de Netanyahu au ministère de la Santé était exclusivement symbolique – le ministère étant placé en réalité sous le contrôle de Litzman, vice-ministre depuis plusieurs années.

Les chefs spirituels de Litzman, qui guident son parti ultra-orthodoxe, ont approuvé sa nomination à un poste plein et entier de ministre – ce que refuse habituellement la communauté – si Netanyahu était forcé de renoncer à sa fonction.

Comme les autres responsables de YaHadout HaTorah avant lui, Litzman avait refusé d’occuper le poste de ministre en titre en raison de la réticence affichée par la communauté ultra-orthodoxe à accorder une totale légitimité à un État juif laïc.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est reçu par le ministre de la Santé Yaakov Litzman du parti Yahadout HaTorah (à gauche), lors d’un repas pour célébrer la naissance du petit-fils de Litzman, le 18 juin 2017. (Shlomi Cohen/FLASH90)

Selon certaines informations, les rabbins n’auraient donné ce feu vert qu’en raison de la nature transitoire du gouvernement, ce qui implique des pouvoirs limités.

En 2015, les rabbins avaient aussi autorisé Litzman à devenir ministre à part entière après un jugement de la Cour suprême qui avait statué que les vice-ministres ne pouvaient pas tenir le rôle des ministres en titre. En 2017, après avoir démissionné pour protester contre les travaux effectués sur les lignes ferroviaires pendant Shabbat, le gouvernement avait adopté une loi rendant légale l’autorité de facto des vice-ministres sur le ministère – ce qui avait permis à Litzman de revenir.

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