Pour Haïm Korsia, il est temps de revaloriser la parole politique et la notion de travail
Contre le revenu minimum, mais pour le réenchantement de la parole politique garante de dépassement des clivages et des peurs, le Grand Rabbin de France placerait-il ses espoirs dans le candidat Macron ?
Face à la percée en tête dans les sondages de la candidate du Front National, et fidèle à sa ligne traditionnelle, le Grand Rabbin de France Haïm Korsia oppose les valeurs humanistes, communes au judaïsme et à la France « qui s’est construite historiquement comme une terre d’asile et d’accueil », rapporte le Figaro.
Évoquant son passé d’aumônier militaire, il se souvient des « étrangers [qui servent] dans la Légion étrangère [et qui] sont devenus » Français grâce aux valeurs véhiculées par l’armée. Un modèle de mixité sociale réunie dans le creuset de la France qui prouve que la coexistence n’est pas une illusion.
Face à la crise identitaire que traverse la France, qui se cristallise, comme un peu partout en Europe, par une percée des partis populistes, Haïm Korsia critique l’abaissement de la parole politique, reléguée à une querelle de spécialistes, oubliant le rôle fédérateur, d’espoir et de de dépassement que celle-ci contient.
Il évoque le dilemme des Hébreux bloqués face à la mer Rouge et poursuivis par l’armée égyptienne. Alors que certains évoquent « le suicide », d’autres le retour en Egypte, le recours à la guerre, ou prônent le simple attentisme, « Moïse dit alors, explique Haïm Korsia : « n’ayez pas peur » (Ex. XIV, 13) avant de leur demander d’aller de l’avant ».
« En France la parole publique, regrette-il, est banalisée alors qu’elle a une importance capitale. Ce sont les mots et les idées qui élèvent et rassemblent, pas les mesures techniques ! « .
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, sur la valeur travail
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— Michel Grossiord (@MGrossiord) February 21, 2017
Dans ce qui ressemble fortement à une réponse à la proposition d’instaurer un revenu universel du candidat socialiste Benoît Hamon, le Grand Rabbin rappelle que dans la « Bible le travail est une bénédiction (pas] une malédiction, interprétation erronée qui résonne (…) avec ce faux idéal de posséder des biens sans travailler (…). L’enjeu n’est donc pas de distribuer de l’argent pour pouvoir consommer, mais bien de proposer une activité productive qui confère une dignité ».
Le moment est donc venu pour les politiques, selon Haïm Korsia, de donner envie d’aller « de l’avant », et de réenchanter la parole politique et la « valeur travail ».
Un ton qui n’est pas sans rappeler la ligne optimiste et libérale tracée par le candidat Emmanuel Macron.