Israël en guerre - Jour 364

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Les manifestants demandent un accord sur les otages et critiquent l’inaction face au Hezbollah

12 personnes ont été arrêtées à Tel Aviv alors que des dizaines de milliers de personnes réclamaient un accord avec le Hamas et des élections anticipées, fustigeant l'exemption de service militaire des haredim et déplorant les attaques continues dans le nord

Une manifestante arrêtée pendant pendant un rassemblement en faveur de la libération des otages et dénonçant le gouvernement à Tel Aviv, le 15 juin 2024. (Crédit :JACK GUEZ / AFP)
Une manifestante arrêtée pendant pendant un rassemblement en faveur de la libération des otages et dénonçant le gouvernement à Tel Aviv, le 15 juin 2024. (Crédit :JACK GUEZ / AFP)

La police a arrêté douze personnes à Tel Aviv, samedi soir, à la fin du mouvement de protestation qui était organisé en soutien à un accord sur les otages et qui dénonçait les politiques mises en œuvre par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et par sa coalition. Les manifestations ont duré plusieurs heures.

Ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées à Tel Aviv. De plus, de nombreuses autres manifestations ont été organisées dans tout le pays, certains intervenants déclarant qu’une victoire totale contre le Hamas était impossible et qu’il fallait donc mettre un terme à la guerre pour garantir le rapatriement de tous les otages qui sont encore détenus dans la bande de Gaza.

Ces mouvements de protestation hebdomadaires ont eu lieu dans un contexte de négociations avec le Hamas – des pourparlers consacrés à un accord portant sur les otages et sur un cessez-le-feu – qui sont tombées dans l’impasse, plusieurs heures après la mort de huit soldats qui se battaient à Rafah, dans le sud de la bande, et alors que le gouvernement cherche à faire avancer une loi qui permettrait de continuer à exempter très largement les jeunes hommes de la communauté ultra-orthodoxe de service militaire.

Certains manifestants qui se trouvaient rue Kaplan, à Tel Aviv, ont également brûlé des tentes pour souligner ce qu’ils considèrent comme une inaction de la part du gouvernement face aux attaques sans relâche qui sont lancées par le Hezbollah vers le nord d’Israël. Lors d’un important regroupement qui était organisé par le Forum des Familles d’otages et de portés-disparus, à quelques blocs d’immeubles de distance, un représentant des familles d’otages a par ailleurs affirmé qu’Israël ne parviendra jamais à remporter une victoire complète contre le Hamas.

Les participants au rassemblement qui s’est tenu rue Kaplan ont mis le feu aux tentes pour symboliser toutes les terres qui ont brûlé suite aux attaques commises quotidiennement par le Hezbollah dans le nord d’Israël, des attaques qui ont entraîné de nombreux incendies.

Ils se sont rapidement heurtés à la police, et il y a eu aussi des échauffourées quand les manifestants ont cherché à bloquer l’autoroute Ayalon, l’une des artères de circulation principales de la ville.

Des manifestants brûlent des tentes pendant une manifestation à Tel Aviv, le 15 juin 2024. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)

La police a indiqué avoir arrêté 12 personnes pour troubles à l’ordre public présumés. Les personnes appréhendées, a-t-elle fait savoir, avaient notamment tenté de bloquer des routes et elles étaient restées manifester au-delà de l’horaire autorisé par les forces de l’ordre.

La police à cheval disperse des manifestants pendant un rassemblement réclamant la libération des otages et dénonçant le gouvernement à Tel Aviv, le 15 juin 2024. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)

Les agents ont été filmés alors qu’ils étaient en train d’arrêter un photographe travaillant pour le quotidien Haaretz, même si un passant leur avait signalé, à ce moment-là, aux policiers que l’homme était un journaliste. Les médias israéliens ont fait savoir qu’il avait été remis en liberté une heure plus tard.

Gilad Kariv et Naama Lazimi, députés élus sous l’étiquette du parti Avoda, étaient présents lors de l’une de ces arrestations, où ils ont été hués par les manifestants de droite.

Benny Gantz, parlementaire et chef de HaMahane HaMamlahti, s’est aussi rendu à une manifestation – sa première depuis qu’il s’est retiré du gouvernement, dimanche dernier. Alors qu’il se trouvait à Shaar Haneguev, à proximité de Gaza, il a réclamé le retour des otages.

Benny Gantz, chef de HaMahane HaMamlahti, lors d’un rassemblement réclamant la libération des otages aux côtés du député Alon Schuster au carrefour de Shaar HaNegev dans le sud d’Israël, le 15 juin 2024. (Autorisation)

De son côté, le leader de l’opposition, Yair Lapid, est intervenu lors de la manifestation organisée rue Kaplan, dénonçant avec force l’initiative prise par le gouvernement en faveur d’un projet de loi qui, s’il devait être adopté, abaisserait l’âge de l’exemption de service militaire obligatoire en direction des étudiants ultra-orthodoxe en yeshiva, un âge qui passerait de 26 ans à 21 ans.

Lapid a affirmé que ce texte controversé faisait une différence « entre le sang de certains et le sang des autres », ajoutant « qu’il déchire encore davantage le pays ».

Le chef de l’opposition Yair Lapid lors d’une manifestation réclamant la libération des otages encore détenus à Gaza et dénonçant le gouvernement actuel aux abords de Hakirya, le siège de Tsahal à Tel Aviv, le 15 juin 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Un otage sauvé supplie : « Concluez un accord »

Sur la place des Otages, à quelques blocs d’immeubles de la manifestation de la rue Kaplan, le Forum des Familles d’otages et de portés-disparus a adopté un positionnement inhabituellement critique à l’égard de la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas – son porte-parole affirmant devant la foule que l’État juif ne remporterait jamais la « victoire totale » promise par Netanyahu face au groupe terroriste au sein de l’enclave côtière.

« Nous savons tous que les lourdes pertes essuyées par les Américains au Vietnam, et même chez les Allemands, n’ont pas fait disparaître les partisans », a dit Rami Beja aux milliers de personnes qui étaient rassemblées sur la place des Otages de Tel Aviv. « Le Hamas, c’est comme les cafards, aspergez-les de pesticide et ils continueront à faire leur réapparition. »

« Nous devons les frapper mais ne me dites pas que nous pourrons gagner, nous ne pourrons pas totalement gagner ici », a-t-il continué.

Dans un message enregistré, Andrey Kozlov, un otage qui a été secouru par les forces israéliennes le 8 juin alors qu’il se trouvait entre les griffes de ses ravisseurs, a dit avoir vu, avec ses compagnons d’infortune, les images des rassemblements hebdomadaires qui réclamaient leur rapatriement.

« Presque tous les samedis, le soir, on nous montrait les manifestations à Tel Aviv et à Jérusalem. Je n’ai jamais pu compter le nombre de personnes qui y participaient mais nous en avons vues beaucoup », a dit Kozlov. « Je me souviens d’ Almog [Meir Jan] quand il avait vu son visage pour la première fois sur une affiche, lors du rassemblement, cela avait été une bouffée d’oxygène pour lui. Vous avez livré tant d’efforts et investi tant de temps pour nous permettre de revenir et cela m’a donné de l’espoir. Vous êtes des héros ».

Il a interpellé le gouvernement en lui demandant de « conclure un accord » avec le Hamas – qui réclame, de son côté, un cessez-le-feu permanent, entre autres requêtes, comme condition préalable à la libération des 120 otages qui se trouvent encore en captivité à Gaza. Tous ne sont plus en vie.

Rotem Calderon, dont le père Ofer est encore retenu en otage dans la bande, a dit lors du rassemblement que « le peuple d’Israël est mort le 7 octobre et il ne revivra que quand tout le monde sera enfin de retour. Nous voulons un accord maintenant ».

« Papa, je t’aime », a-t-elle ajouté.

Et Michal Lubnov, dont l’époux, Alex, serait conservé en captivité dans l’enclave côtière, a fait remarquer que la fête des pères sera célébrée le 21 juin et que le rassemblement était consacré aux hommes et aux pères actuellement détenus par le groupe terroriste.

Michal Lubnov s’exprime sur la place des Otages de Tel Aviv, le 15 juin 2024. (Crédit : Paulina Patimer / Hostages Families Forum)

« C’est la fête des pères et Alex ne sait même pas qu’il a un garçon », a-t-elle déclaré en retenant ses larmes. Elle a donné naissance au mois de février au deuxième enfant du couple, Kïi, et l’aîné, qui est âgé de deux ans et demi, est dorénavant propre et il apprend à faire du vélo, a-t-elle ajouté en énumérant les moments que son époux a manqués.

Samedi également, à une heure moins tardive de la soirée, un certain nombre de familles d’otages, qui réclament la fin de la guerre dans le cadre d’un accord qui permettrait à leurs êtres chers d’être libérés, se sont exprimées auprès des médias à proximité de la porte Begin, au siège de Tsahal, la Kirya, où elles ont pris l’habitude de se réunir. Elles ont fait part de sentiments similaires.

Ayala Metzger, la belle-fille de Yoram Metzger, dont le corps sans vie est entre les mains du Hamas, a mis en garde contre une autre guerre majeure au moment où les attaques du Hezbollah, au nord du pays, se sont considérablement renforcées.

« Continuer la guerre amènera aussi les pertes humaines à augmenter parmi les civils et les soldats qui ont été enlevés. Un accord signifie la sécurité. Un accord apportera la sécurité sur tous les fronts », a-t-elle dit.

Des proches des otages israéliens qui se trouvent à Gaza lors d’une conférence de presse réclamant un accord qui permettrait de remettre en liberté les captifs, à Tel Aviv, le 15 juin 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

En contraste, samedi dans la soirée, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a appelé à poursuivre les combats dans la bande de Gaza après la mort de huit soldats à Rafah, disant que « nous sommes au beau milieu d’une guerre pour notre existence ».

« Nos fils sont tombés sur le front pour que nous puissions gagner et pour que cette génération puisse vivre dans un État juif sûr, » a-t-il écrit sur X, disant que « le prix lourd de la guerre nous impose de continuer jusqu’à la destruction complète de l’ennemi ».

Des manifestations conjointes à Jérusalem

A Jérusalem, compte-tenu de la fin tardive du Shabbat, la branche du Forum des Familles d’otages et de portés-disparus, dans la ville, a partagé sa tribune avec le groupe « Safeguarding our Shared Home », qui rassemble des opposants au gouvernement. Il n’y a donc eu qu’une seule large manifestation, présentant un front uni, qui a à la fois réclamé un accord sur les captifs et le départ du gouvernement de Netanyahu.

Les manifestants ont scandé « Non à un gouvernement kahaniste » en attendant que les discours commencent sur scène, sous une bannière où il était écrit : « Qu’ils rentrent tous chez eux ! Vous [le gouvernement] avez échoué ! »

Tom Barkaï, une organisatrice du Forum des familles d’otages et de portés-disparus de Jérusalem, a accusé Netanyahu d’avoir torpillé un éventuel accord sur les otages.

« Un vrai leader met ses intérêts politiques de côté pour parvenir à un accord immédiat », a-t-elle déclaré.

L’activiste Efi Shoham, qui s’oppose au gouvernement, a aussi exprimé sa frustration face à la loi sur le recrutement militaire des membres de la communauté haredi, disant à la foule qu’il ne parvenait plus « à trouver le sommeil » depuis le 7 octobre, alors qu’un grand nombre de ses enfants continuent à servir dans la réserve dans le cadre de la guerre actuelle.

Shoham a critiqué avec force le projet de loi qui permettrait aux étudiants en yeshiva de la communauté ultra-orthodoxe de largement bénéficier d’exemptions de service militaire – il a déclaré que si le texte devait être adopté, alors ses fils et leurs amis devraient servir pendant plus de temps dans l’armée.

« Ils feront plus d’années de devoir de réserve et ils auront plus de journées de devoir de réserve, chaque année, parce qu’ils n’ont pas d’autre choix », a-t-il déploré.

Roni Moalem, un avocat dont la fille Naama a été assassinée par le groupe terroriste palestinien du Hamas lors du massacre du Festival Supernova, s’en est pris à Netanyahu dans son allocution, déclarant qu’il n’était « pas digne d’être un dirigeant, et certainement pas un Premier ministre ».

L’avocat Roni Moalem, un père dont la fille a été assassinée au festival de musique électronique Supernova, le 7 octobre, devant la foule des manifestants dénonçant le gouvernement, le 15 juin 2024. (Autorisation : Safeguarding our Shared Home)

Il a accusé le Premier ministre d’avoir abandonné sa fille et les autres personnes assassinées le 7 octobre, affirmant qu’il continuait à servir en tant que Premier ministre « uniquement pour lui-même, son épouse et 35 ministres corrompus » dans le gouvernement actuel.

La dispersion des manifestants s’est faite pacifiquement à Jérusalem.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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