Première rencontre du chef de la diplomatie israélien avec un dirigeant palestinien
Le ministère des Affaires étrangères a décliné tout commentaire sans démentir la tenue de la rencontre ; Hussein al-Sheikh dit avoir souligné la nécessité d'un "horizon politique"

Le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid s’est entretenu dimanche soir avec le ministre des Affaires civiles de l’Autorité palestinienne (AP) Hussein al-Sheikh, a indiqué ce dernier sur Twitter, marquant la première rencontre officielle connue de M. Lapid avec un dirigeant palestinien.
« J’ai rencontré ce soir le ministre israélien des Affaires étrangères et nous avons discuté de différentes questions politiques et des relations bilatérales », a affirmé Hussein al-Sheikh, sans préciser où la rencontre avait eu lieu.
Dans son tweet dimanche, Hussein al-Sheikh a ajouté avoir « mis en avant le besoin d’un horizon politique entre les deux parties, basé sur le droit international », en référence notamment aux résolutions de l’ONU sur le conflit israélo-palestinien.
Interrogé par l’AFP, le ministère israélien des Affaires étrangères a de son côté décliné tout commentaire sans démentir la tenue de la rencontre.

Al-Sheikh est l’un des plus proches conseillers du président de l’AP Mahmoud Abbas et dirige le bureau de chargé de gérer les relations avec Israël. Longtemps haut responsable du Fatah, al-Sheikh a été promu la semaine dernière pour occuper un siège au comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Certains observateurs considèrent que cette promotion a pour but de préparer al-Sheikh à devenir le prochain négociateur en chef avec Israël, un poste vacant depuis le décès de Saeb Erekat, ancien haut responsable de l’OLP.
Sous le précédent gouvernement, dirigé par Benjamin Netanyahu, les hauts responsables israéliens et palestiniens se rencontraient rarement. Mais la coalition actuelle, composée de politiciens centristes et de gauche, ainsi que de droite, a établi des contacts avec ses homologues de l’AP.
Le Premier ministre Naftali Bennett est opposé à la reprise des négociations de paix avec les Palestiniens et a refusé de rencontrer Abbas. Néanmoins, son gouvernement s’est engagé à soutenir l’AP et à renforcer son économie en difficulté, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz étant le fer de lance de cette initiative.

Fin décembre, Abbas avait rencontré Gantz lors d’une visite en Israël. Il s’agissait de la première fois depuis 2010 qu’Abbas se rendait dans l’Etat hébreu pour une rencontre officielle avec un membre du gouvernement israélien.
Les deux réunions ont été suivies d’annonces israéliennes répondant à certaines demandes palestiniennes.
Lapid est censé remplacer Bennett au poste de Premier ministre en 2023, conformément aux accords de coalition.
Début janvier, Lapid a toutefois souligné aux journalistes qu’il ne modifierait pas radicalement la politique actuelle à l’égard de Ramallah.

« Même après [mon entrée en fonction comme Premier ministre], la coalition sera obligée d’adhérer aux accords déjà conclus, et je respecterai tous les accords que j’ai conclus avec mes partenaires », a déclaré Lapid, indiquant qu’une partie de son accord avec Bennett lors de la formation du gouvernement était qu’aucun d’entre eux ne tienne de négociations de paix avec les Palestiniens.
Le ministre des Affaires étrangères a néanmoins précisé qu’il n’aurait aucun problème à rencontrer le chef de l’AP.
Après sa rencontre de dimanche avec Lapid, al-Sheikh a déclaré que 500 résidents de Cisjordanie sans papiers recevraient des cartes d’identité palestiniennes. Il semble qu’il s’agisse de la continuation d’une promesse antérieure de Gantz, plutôt que d’une nouvelle initiative.
Le groupe terroriste du Hamas a dénoncé cette réunion comme un signe des « profondeurs dans lesquelles l’Autorité palestinienne est tombée ».
« La persistance de ces réunions absurdes avec les dirigeants de l’occupation est une trahison des sacrifices de notre peuple. Ces réunions honteuses doivent cesser immédiatement », a déclaré le porte-parole du groupe terroriste palestinien, Abd al-Latif al-Qanou.