Présidentielle égyptienne : « l’ennemi sioniste » conspué par les deux favoris
Les directeurs de campagne des deux candidats ont multiplié les déclarations d’hostilité à l’encontre d’Israël
Le directeur de campagne d’Abdel Fattah al-Sissi, favori aux élections présidentielles du mois prochain, a promis de soutenir, lors d’un débat télévisé, quiconque combattrait Israël.
Le général égyptien nouvellement promu maréchal a quitté mi-mars ses fonctions de ministre de la Défense et de chef d’état-major de l’armée égyptienne.
« Nous soutenons quiconque combat l’ennemi sioniste, mais si ces armes sont tournées en direction de l’Egypte, nous couperons les mains qui les détiennent », a lancé le directeur de campagne d’Al-Sissi, Mahmoud Badr.
Plus tôt ce mois, Badr et Tamer Hindawi, porte-parole du candidat à la présidence égyptienne Hamdeen Sabbahi, arrivé en troisième position aux élections de 2012 qui ont porté Mohamed Morsi et les Frères musulmans au pouvoir, s’affrontaient dans un débat télévisé retransmis par la chaîne de télévision Al-Manar.
Hindawi a également exprimé son soutien à « toute personne qui pointe son arme contre l’ennemi sioniste. »
Après avoir rappelé aux spectateurs la promesse formulée par Sabbahi durant la campagne 2012 d’organiser un référendum au sujet des accords de paix de Camp David avec Israël, le journaliste demande à ce dernier s’il prévoit d’annuler ces traités en cas de victoire.
« Notre inimitié à l’égard de l’ennemi sioniste relève de notre existence même », a déclaré le porte-parole.
« C’est eux ou nous. Aucune paix n’est possible. C’est ce que nous croyons. L’ennemi sioniste est clairement le chef de file du colonialisme dans la région. »
« À notre avis, les accords de Camp David portent la responsabilité de bon nombre de nos crises, et pourraient même constituer la principale raison de l’assujettissement de l’Egypte à l’Amérique, et de son déclin en tant que leader islamique, arabe et africain », a assuré Hindawi.
« Si cela ne tenait qu’à moi, je supprimerai les accords de Camp David. Mais si vous m’interrogez sur la position de Sabbahi, ce dernier estime que les sionistes sont notre ennemi, mais qu’il décidera des mesures à prendre quand le moment historique arrivera ».
Badr s’est montré moins loquace sur la question, affirmant qu’Al-Sissi
« tiendra des discussions approfondies sur les bénéfices de ces accords pour le peuple égyptien ».
« S’il s’avère en définitive que nous n’avons pas besoin de ces accords, je pense qu’Al-Sissi n’hésitera pas à les soumettre à un référendum ».
Le débat télévisé a eu lieu le 3 avril, et a été traduit et publié en ligne mercredi par le MEMRI, l’Institut de Recherche des Médias du Moyen-Orient.
Principal architecte de la destitution de Mohamed Morsi, seul président démocratiquement élu de l’histoire du pays, le maréchal Sissi est de loin la personnalité la plus populaire d’Egypte. Il est donné favori à la présidentielle des 26 et 27 mai.
Seul rival d’Al-Sissi dans la conquête du fauteuil suprême, Sabbahi est considéré par ses partisans comme le seul leader susceptible de représenter les aspirations de ceux qui se sont révoltés contre la dictature de Hosni Moubarak en 2011.
AFP a contribué à la rédaction de cet article.