Israël en guerre - Jour 466

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Quand la pluie et la vigilance apaisent l’embrasement

Le changement des tactiques policières ont fortement réduit l'intensité des émeutes palestiniennes

Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel

Un agent de police israélien et un garde-frontière devant la porte de Damas à Jérusalem le 19 novembre 2014 (Crédit photo: Hadas Parush / Flash90)
Un agent de police israélien et un garde-frontière devant la porte de Damas à Jérusalem le 19 novembre 2014 (Crédit photo: Hadas Parush / Flash90)

Au cœur de Jérusalem, les citernes ne sont pas sèches, le marché n’est pas désert. Le mont du Temple est largement visité, et pourtant, Jérusalem, contrairement à la poignante vision de l’artiste Naomi Shemer en 1967, n’est pas éclairée par mille feux, ni embaumée d’effluves de senteurs de pin.

En fin 2014, ses résidents ont soif d’apaisement – après des échauffourées de jeunes Arabes, des attaques de représailles, des attentats au motif religieux, des crimes de haine « prix à payer ».

Pourtant, les forces de sécurité envoyées pour réprimer les troubles sont convaincues de deux choses : il n’y a pas d’Intifada, ou de soulèvement organisé, et les tensions dans la capitale au cours des dernières semaines sont presque devenues un souvenir.

Pour la police des frontières, ces gendarmes en uniforme vert qui effectuent la part du lion du travail de la police dans la capitale, les mesures sécuritaires mises en place – aidées par l’humide hiver atypique – ont contribué à apaiser les violences et à restaurer le calme.

Les tensions judéo-arabes, palpables dans la ville depuis des années, ont éclaté en juillet, peu après que des Juifs israéliens aient assassiné Mohammed Abu Khdeir, un adolescent arabe musulman, en représailles à l’enlèvement et l’assassinat de trois adolescents israéliens, Gil-ad Shaar, Eyal Yifrach, et Naftali Fraenkel, quelques semaines auparavant.

La violence a duré pendant l’opération Bordure protectrice à Gaza et a pris de l’ampleur à Jérusalem, pour atteindre un pic à l’automne, avec des altercations autour du mont du Temple, l’épicentre religieux du conflit.

Lors d’une visite de la police des frontières dans la partie orientale de la ville, le premier arrêt était tard dans l’après-midi, tandis qu’une pluie fine balayait la ville.

Un police des frontières israélien vérifie les papiers d'un habitant Arabe israélien de Jabel Mukaber le 19 novembre 2014 (Crédit : Nati Shohat / flash 90)
Un police des frontières israélien vérifie les papiers d’un habitant Arabe israélien de Jabel Mukaber le 19 novembre 2014 (Crédit : Nati Shohat / flash 90)

 

Juste à l’extérieur du quartier de Jabel Mukaber – foyer de plusieurs des terroristes qui ont tué et blessé des civils au cours des dernières semaines et, faut-il le mentionner, du Dr Abed Kalila, un chirurgien arabe, qui a soigné ces mêmes blessés – trois gardes-frontières, les poitrines encerclées de grenades assourdissantes, se tiennent à côté de deux cubes de béton décorés de la bande rouge de la police.

Les troupes regardent les voitures qui entrent et sortent du village, tandis que la plupart des Palestiniens et des Arabes israéliens rejoignent leurs lieux de résidence.

Un jeune homme arabe en sweat-shirt gris à capuche et avec un petit sac à dos s’approche du barrage routier.
« Comment vas-tu ? », l’interpelle l’un des officiers à 15 mètres de lui.

« Baruch Hashem », dit-il, utilisant l’expression hébraïque pour « Dieu merci » ou « alhamdulillah » en arabe. Qu’y a-t-il dans ton sac ?, demande l’un des agents, tandis que l’adolescent s’approche encore.

Des vêtements, dit-il, posant le sac à côté d’eux et ouvrant la fermeture éclair. « Je travaille dans un hôtel. » Les officiers regardent à l’intérieur, fouillent, et lui font signe de passer.

L’un d’eux, un réserviste non autorisé à parler à la presse, raconte que des policiers de sa compagnie ont confisqué des couteaux et autres armes potentielles ces derniers jours.

Leur mission n’est pas tant d’arrêter les terroristes, mais de faire pression sur les résidents, « afin qu’ils sachent que quand les choses se calmeront, nous partirons. » [depuis un calme relatif, la plupart des barrages routiers ont en effet été retirés.]

Plusieurs centaines de mètres plus loin, sur la route Meir Nakar – qui relie le quartier juif d’Armon Hanatziv à Jabel Mukaber, où elle devient rue Abu Rabia – le ministre de la Sécurité publique Yitzhak Aharonovitch et [l’ancien] ministre des Finances Yaïr Lapid accompagnent un groupe de la police des frontières et assurent au public, devant quelques caméras, que le calme sera rétabli.

Lapid déclare que le gouvernement « prendra les mesures » nécessaires pour assurer la sécurité ; Aharonovitch ajoute que quiconque soutient le terrorisme « doit savoir qu’il en payera le prix ».

Ce prix comprendra certainement la révocation de la citoyenneté et du statut de résidence pour les personnes reconnues coupables de complicité dans des attaques terroristes ; l’emprisonnement des lanceurs de pierres jusqu’à la fin des procédures judiciaires ; l’arrêt des allocations de sécurité sociale ; l’annulation des permis de conduire pour 10 ans pour les personnes reconnues coupables de jets de pierres ; la démolition des maisons des terroristes dans les 24 heures après l’attaque ; une sépulture inconnue pour les terroristes tués dans des attaques ; et, entre autres mesures possibles, la déportation vers Gaza des proches de terroristes qui expriment un soutien à leurs actions.

Cela au niveau gouvernemental. Sur le terrain, la police travaille, avec succès, à réprimer les troubles dans les quartiers de Jérusalem-Est, et à modifier son déploiement et certaines de ses tactiques pour tenter d’endiguer les attaques dites de « terrorisme populaire » qui ont secoué la ville.

Le surintendant principal Aviad Ketafi, l’agent de la police des frontières responsable de Jabel Mukaber et de Sur Baher, deux quartiers arabes du sud de la ville, est venu me chercher le long de la ligne charnière de la ville et, alors que nous traversons les quartiers majoritairement arabes que ce résident de 20 ans n’a pratiquement jamais vus, il m’assure que Jérusalem est à des « années-lumière » d’une Intifada ou de « quelque chose du genre ».

Il précise : il y a deux phénomènes indépendants : des démonstrations de colère – « toujours aux mêmes endroits, toujours aux mêmes heures », de moins d’une douzaine de garçons âgés de « 8 à 19 ans, dans les cas extrêmes » – et une augmentation des attaques terroristes.

A Issawiya au nord de Jérusalem, le premier quartier où nous nous arrêtons, il affirme qu’il y a plusieurs semaines, la police est entrée dans le quartier. « Nous avons utilisé des canons à eau », dit-il, « et avons essuyé des jets de pierres. »

Depuis lors, la police a triplé le nombre de troupes opérationnelles dans la capitale.

Les quelque 1 000 soldats supplémentaires de la police des frontières, les unités d’infiltration, les 320 caméras dans la Vieille Ville, et les quatre ballons de surveillance ont contribué à baisser de 30 % le nombre de manifestations au cours des dernières semaines et à « considérablement » réduire l’intensité des protestations.

Si dans le passé chaque manifestation durait des heures et incluait des cocktails Molotov lancés sur les agents – considérés comme meurtriers à partir de 15 mètres – aujourd’hui, dit-il, un grand nombre de troubles se résument à quelques pierres et prennent fin en quelques minutes.

En quittant Issawiyeh et faisant remarquer la distance entre le village et les dortoirs de l’Université hébraïque – environ 300 mètres – mon guide en uniforme affirme que les officiers sont répartis dans les rues centrales, « dans les ruelles et sur les toits ».

Les actions offensives, y compris les arrestations « chaque nuit », ont amélioré les renseignements et calmé le niveau de violence dans la partie orientale de la ville.

Sur une colline surplombant le camp de réfugiés de Shuafat, au-delà de la barrière de sécurité mais à l’intérieur de la municipalité de Jérusalem – se trouve un côté plus agité. Ketafi montre la maison d’Ibrahim Akari, l’homme qui a écrasé et tué l’inspecteur en chef de la police des frontières Jedan Assad début novembre.

Les attaques comme celle dont a été victime son collègue Assad sont difficiles à prévenir, dit-il, la décision de transformer une voiture en arme n’étant pas préméditée. Par conséquent, la police essaye simplement de protéger les zones vulnérables, postant des agents supplémentaires aux importants points de friction.

La police et le service de sécurité du Shin Bet, qui partagent les renseignements sur Jérusalem-Est, étudient également les profils de médias sociaux et les forums en ligne dans l’espoir d’identifier des agresseurs potentiels.

Le Shin Bet, pour sa part, a récemment publié sur son site Internet, une « position urgente à pourvoir », un poste de « chercheur de données » – qui nécessite de parler couramment l’arabe et, de préférence, d’avoir une expérience dans les renseignements web.

Akari, par exemple, avait utilisé Facebook, une semaine avant son attaque, pour louer Mutaz Hijazi, le terroriste qui a essayé d’assassiner le militant du mont du Temple Yehuda Glick le 29 octobre.

Le surintendant principal Aviad Ketafi, au-dessus du camp de réfugiés de Shuafat, au cours d'une visite le 25 novembre, 2014 (Crédit : Mitch Ginsburg / Times of Israël)
Le surintendant principal Aviad Ketafi, au-dessus du camp de réfugiés de Shuafat, au cours d’une visite le 25 novembre, 2014 (Crédit : Mitch Ginsburg / Times of Israël)

A a-Tur, près de l’hôpital Augusta Victoria et du mont des Oliviers, Ketafi montre une patrouille devant une équipe de travailleurs municipaux arabes. Il parle de droits et d’obligations, disant que « pour le meilleur et pour le pire, ils [les Arabes] font partie de nous ».

La présence policière accrue, affirme-t-il, a incité un père à appeler la police il y a deux semaines et à les prévenir que son fils fomentait peut-être un attentat. Il leur a dit : « Venez et prenez-le tout de suite », ce que la police a fait.

De retour à la base, à la question de savoir si les policiers sont en bonne voie pour apaiser les émeutes, Ketafi assure : « Nous avons déjà réus-
si. »

Les dirigeants communautaires acquiescent avec prudence. Bassem Eid, militant des droits de l’Homme et résident de Beit Haninah, un quartier arabe du nord de Jérusalem, déclare que rien à l’horizon « ne ressemble à une Intifada ».

Les émeutes à petite échelle dans les rues ne sont pas organisées, sont dépourvues d’idéologie, et les manifestants peinent à saisir que la violence palestinienne « n’apporte rien », dit-il.

Ses amis, pères d’adolescents et de pré-adolescents, gardent normalement leurs fils à partir de 5 heures de l’après-midi à la maison, ajoute-t-il.

Si les résidents ne sont généralement pas de grands fans de l’Etat sioniste, certains sont heureux de voir enfin des policiers en uniforme dans leurs rues, veillant à imposer une loi et un ordre depuis longtemps inexistants.

Les démolitions prévues de maisons, dit Eid, suscitent des inquiétudes quant à la poursuite du calme.

De l’autre côté de la ville, près de Jabel Mukaber, le chef de la communauté locale Yehuda Ben-Yossef, dirigeant des centres communautaires Armon Hanatziv, déclare qu’il aimerait voir une double approche dans laquelle « une main frappe fort » le terrorisme et l’autre « fournit toute l’infrastructure possible ».

Concernant le renforcement des troupes de police, il affirme que les résidents se sentent plus en sécurité et que « les choses se tassent ».

« Mais », conclut-il, « la vie est volatile. Presque tout peut l’ébranler. »

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