Quelle est la position de Bernie Sanders sur Israël ?
Le candidat juif à la présidence américaine a un long historique de critiques - et de défense - de l'Etat juif
WASHINGTON (JTA) – Le meilleur ami de Bernie Sanders est un sioniste qui enseigne la philosophie juive, il a eu une expérience éducative dans un kibboutz et l’émission « Saturday Night Live » l’a surnommé « le vieux Juif. »
Pourtant, Sanders ne peut pas fuir l’inévitable question « Mais quelle est votre position vis-à-vis d’Israël ? », surtout maintenant que le candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle, un sénateur indépendant du Vermont qui est affilé au parti démocrate, devance Hillary Clinton dans le New Hampshire, le premier Etat où se tiendront des primaires.
« Vous considérez-vous comme un sioniste ? », lui a demandé le magazine en ligne de gauche Vox dans une interview le 28 juillet.
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C’est une drôle de question pour Sanders, qui, s’il y avait une échelle « ouvertement et fier » pour les Juifs dans la politique, obtiendrait un score élevé.
Sanders, 73 ans, est le meilleur ami de Richard Sugarman, un professeur de philosophie juive à l’université du Vermont qui défend le sionisme devant ses étudiants gauchistes.
Son autre meilleur ami – et son ancien directeur de cabinet – est Huck Gutman, un professeur de littérature à l’université du Vermont qui est un aficionado passionné de la prose du poète israélien Yehuda Amichai.
Lorsque l’humoriste Sarah Silverman a introduit Sanders lors d’un rassemblement le 10 août à Los Angeles, elle a mis de côté pour un moment son style juif caustique.
« Son sens moral et son sens des valeurs m’inspirent, » a-t-elle dit. « Il semble toujours être du bon côté de l’histoire. »
Silverman a alors cité une liste des positions prises par Sanders qui l’alignent sur celles que les sondages attribuent généralement aux Juifs américains : pour le mariage pour des personnes de même sexe, pour les droits civiques, contre la guerre en Irak. Elle aurait pu ajouter son engagement en faveur des soins de santé disponibles pour tous.
« C’est un homme du peuple, » a dit Silverman. « Il doit l’être ; son nom est Bernie. »
Fraîchement sorti de l’Université de Chicago et déjà profondément impliqué dans l’activisme de gauche, Sanders a passé plusieurs mois au milieu des années 1960 dans un kibboutz. Né à Brooklyn et en conservant l’accent, Sanders a été influencé par l’assassinat de membres de la famille de son père durant la Shoah.
« Comme tout le monde dans cette salle le sait, je suis un Juif, un vieux Juif », a dit l’acteur Fred Armisen en interpretant Sanders dans un sketch en 2013 dans l’émission « Saturday Night Live ».
La pique bien connue contre Sanders a refait surface en juin lorsque Diane Rehm, l’animatrice du talk show NPR, a affirmé qu’il avait la double nationalité américano-israélienne, citant un mème antisémite circulant sur Internet.
« Eh bien, non, je n’ai pas de double citoyenneté, » a retorqué Sanders. « Je suis un Américain. Je ne sais pas d’où vient cette question. Je suis un citoyen américain, qui a visité Israël à différentes reprises. Non, je suis un citoyen américain, point final ».
Alors que pense Bernie Sanders d’Israël ? Voici un passage en revue.
Il soutient Israël, mais il croit en moins de dépenses pour l’aide militaire d’Israël et pour plus d’aide économique au Moyen-Orient.
Sanders est-il un sioniste ? Voici ce qu’il a repondu à Ezra Klein de Vox:
« Un sioniste ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Voulez-vous définir le mot ? Est-ce que je pense qu’Israël a le droit d’exister ? Oui. Est-ce que j’estime que les États-Unis devraient jouer un rôle impartial dans ses rapports avec la communauté palestinienne en Israël ? Oui, absolument.
« Encore une fois, je pense qu’il y a des régions instables dans le monde, le Moyen-Orient est l’une d’entre elles, et les États-Unis doivent travailler avec d’autres pays dans le monde pour lutter en faveur de la sécurité et de l’existence d’Israël en même temps que nous nous battons pour un Etat palestinien où les gens pourraient jouir dans ce pays d’un niveau de vie décent, ce qui n’est certainement pas le cas en ce moment. Mon espoir à long terme est qu’au lieu de dépenser autant d’aide militaire en Israël et en Egypte, nous pouvons fournir plus d’aide économique pour aider à améliorer le niveau de vie des gens de cette région ».
Il défendra Israël face à une foule hostile, mais critiquera aussi Israël – en faisant taire les chahuteurs.
Lors d’un événement à la mairie de Cabot, Vermont, pendant la guerre de Gaza l’été dernier, un électeur a félicité Sanders pour ne pas avoir signé une résolution du Sénat qui blâmait uniquement le Hamas pour le conflit, mais a demandé s’il « irait plus loin. »
« Israël a-t-il réagi de façon excessive ? Ont-ils bombardé des installations de l’ONU ? La réponse est oui, et ils ont eu terriblement, terriblement tort », a répondu Sanders.
« D’un autre côté – et il y a un autre côté – il y a une situation où le Hamas envoie des missiles sur Israël – c’est un fait – et vous savez d’où viennent certains de ces missiles ? Ils sont tirés de zones peuplées ; C’est un fait. Le Hamas utilise l’argent qui est parvenu à Gaza à des fins de construction – et Dieu sait qu’ils ont besoin de routes et de toutes les choses dont ils ont besoin – et utilisé une partie de cet argent pour construire ces tunnels très sophistiqués qui pénètrent en Israël à des fins militaires ».
Des perturbateurs l’ont interrompu, certains le qualifant de différents noms.
« Excusez-moi, taisez-vous, vous n’avez pas le micro, » a dit Sanders. « Vous avez posé une question, je vais y répondre. Cela s’appelle la démocratie. Je réponds à une question et je ne veux pas être dérangé « .
Sa posture critique, mais de soutien à Israël a été constante et inclut l’aide comme moyen de pression.
En tant que maire de Burlington, dans le Vermont, en 1988, on a demandé à Sanders s’il soutenait la position du candidat d’alors à la présidence Jesse Jackson en faveur des Palestiniens pendant la première Intifada. Sanders a alors dénoncé ce qu’il a décrit comme la brutalité israélienne ainsi que l’extrémisme arabe.
« Ce qui se passe au Moyen-Orient en ce moment est évidemment une tragédie, cela ne fait aucun doute. La vue de soldats israéliens brisant les bras et les jambes des Arabes est répréhensible. L’idée qu’Israël ferme des villes est inacceptable », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, selon une vidéo déterrée par le journaliste d’Alternet Zaid Jilani.
« Il y a une crise pendant 30 ans, il y a des gens qui se font la guerre depuis 30 ans, il y a une situation avec certains pays arabes dans lesquels il y a encore quelques dirigeants appelant à la destruction de l’Etat d’Israël et à l’assassinat des citoyens israéliens. »
Sanders a dit que les États-Unis devraient exercer la prérogative qu’ils ont en tant que puissance économique.
« Nous déversons des milliards de dollars en armes dans les pays arabes. Nous avons le poids pour exiger d’eux et d’Israël, que nous finançons également fortement, qu’ils commencent à s’asseoir ensemble et travaillent sur une solution raisonnable au problème qui garantirait l’existence de l’Etat d’Israël et qui permettrait également de protéger les droits des Palestiniens, » a-t-il affirmé.
Il ne pense pas que l’accord nucléaire avec l’Iran est parfait, mais il le soutient.
« Il est si facile de critiquer un accord qui n’est pas parfait, » a-t-il dit sur CBS News le 7 août.
« Mais les États-Unis doivent négocier avec, vous savez, d’autres pays. Nous devons négocier avec l’Iran. Et le fait de ne pas parvenir à un accord, vous savez ce que cela signifie ? Cela signifie la guerre. Voulons-nous vraiment une autre guerre, une guerre avec l’Iran ? Une guerre asymétrique qui aura lieu partout dans le monde, menaçant les soldats américains ? Donc, je pense que nous allons aussi loin que nous le pouvons pour essayer de donner une chance à la paix, si vous voulez. Essayons de voir si cet accord va fonctionner. Et je vais le soutenir. »
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