Qui est Dafni Gafni, et pourquoi est-elle l’Israélienne la plus virale sur Facebook ?
L'adorable troll a piégé tout le monde, dont Roger Waters, Erdogan et l'organisation israélienne de droite Lehava
L’une des sensations comiques les plus populaires en Israël ces derniers jours est un troll Facebook nommé Dafni Gavni.
« Salut les saints, je voudrais établir une usine de fourrure dans la banlieue de Quito, en Equateur, a-t-elle écrit sur la page Facebook de l’ONG environnementale Greenpeace. Pour cela, nous avons besoin d’abattre 20 kilomètres carrés de forêt. Je voudrais connaître le moyen le plus rapide et le moins cher de se débarrasser de ces gros buissons. »
« Tu devrais utiliser ton cerveau vide comme de la fourrure !! », a répondu une personne.
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« Quoiiiiiiii ??!!?! », a posté une autre.
Dans un post sur la page Facebook d’Israel Railways elle a écrit : « Ma grand-mère a un pacemaker qui marche en wifi mais la foule dans les trains rend le signal trop faible ce qui endort ma grand-mère et lui fait manquer sa station. Est-il possible d’accroître la bande passante ? P.S. Quand le train passe dans un tunnel, le signal disparaît et elle perd connaissance. »
En réponse, Israel Railways a écrit : « Bonjour Dafni, nous sommes désolés de ce souci, votre requête est en cours de traitement, nous vous contacterons rapidement. »
« Sa grand-mère perd connaissance et vous appelez ça un ‘souci’ ? », a répondu un commentateur.
Dafni a répondu « Nous essayons de l’attacher au plafond par les hanches mais après elle ressemble à un pendule, ha ha ha ! »
« Tu devrais avoir honte ! a écrit un autre utilisateur, c’est ta grand-mère, espèce d’ordure ! »
Depuis septembre, Dafni Gafni (qui n’est pas son vrai nom, et personne ne sait non plus si elle est vraiment une femme) a posté plus de 80 questions faussement naïves sur des groupes Facebook, y compris un groupe de sexologie holistique hébraïque, un groupe de mères de Herzliya qui veulent retrouver la forme, et un groupe de juifs retournant à l’orthodoxie.
« Je suis perdue. Je vais en cours pour devenir plus religieuse, et le vendredi soir je vois mon prof connecté et sur WhatsApp, que dois-je faire ? »
Certains de ses posts sont plus viraux que d’autres. Son troll le plus fameux a été de se jouer du chanteur-compositeur Roger Waters, qui est connu pour ses appels publics au boycott d’Israël, l’invitant à un concert sur le site d’un ancien village palestinien. Le post a touché une corde sensible, Facebook a supprimé sa page pour une semaine après ça.
Mais un autre troll, du Père Noël, n’a pas été aussi efficace. « Je ne pense pas qu’ils ont vraiment compris ce que je voulais dire et la discussion n’était pas très active », a dit Gafni dans un entretien avec le Times of Israel. « Je n’ai pas eu plus de réactions que ça. Mais j’ai posté la question parce que ça m’a fait rire. »
Les posts de troll de Gafni ont été rassemblés sur une page Facebook en hébreu intitulée Dafni Gafni demande, qui a plus de 72 000 likes, mais elle a également créé une page anglophone, les Merveilles de Dafni, où elle a posté ses blagues en anglais, et des traductions de ses meilleures en hébreu.
Dans un entretien par texto avec le Times of Israel, Gafni est timide à l’idée de révéler sa vraie identité. Elle habite à Tel Aviv et a un emploi de bureau classique qui n’a rien à voir avec la comédie « même si je suis une comédienne au fond de mon âme », écrit-elle avec un smiley. La plupart des soirs, elle rentre chez elle autour de 18h00 et passe six heures devant son ordinateur, surfant sur les réseaux sociaux et essayant de trouver de nouvelles idées de questions. Parfois les questions lui viennent brusquement, et parfois il faut quelques heures pour qu’une idée surgisse.
« En gros, je n’ai pas de vie », dit-elle.
Gafni dit que maintenant qu’elle est plus visible du public, cela devient plus difficile d’écrire des questions qui vont faire marcher les gens.
Dans la littérature académique, un troll est défini comme quelqu’un qui interagit avec d’autres personnes sur internet d’une manière qui est ludique pour lui, dans l’espoir de provoquer une réaction forte et ainsi de rire avec les autres ou de rire à leurs dépens. Un troll a deux publics cibles : un qui ne va pas réaliser que c’est une blague et réagir en fonction, et un autre qui est dans la plaisanterie.
« La pire chose pour un troll est de devenir célèbre, dit Gafni, et pire que ça, beaucoup de gens commencent à poser des questions dans mon style et donc chaque question qui est posée est examinée avec beaucoup plus d’attention pour voir si elle est vraie. »
Elle dit que le truc est de trouver la bonne question qui va leurrer la première personne, et à partir de là il y a un effet boule de neige. « Il y a beaucoup de gens qui deviennent fous, et c’est compréhensible, ça fait partie du jeu. Je ne montre pas toutes les réponses parce que parfois il y en a beaucoup. Je reçois des messages privés de haine mais c’est le jeu, donc c’est bon. »
Quand on lui demande jusqu’où elle voulait aller avec ses trolls, elle répond qu’elle aimerait aller en faire à la télévision, et espère qu’un jour un fan qui y travaille la contactera.
La question dont elle est la plus fière est celle qu’elle a postée sur la page de l’organisation d’extrême-droite Lehava. En hébreu, les initiales de Lehava sont similaires aux initiales pour LGBT.
« Hello, a-t-elle écrit, j’ai arrêté d’être religieuse il y a quelques mois et les gens ont commencé à me dire que j’étais une lesbienne non déclarée. Où puis-je me déclarer et quels formulaires dois-je remplir ? »
« Au ministère de la stupidité », a écrit une personne.
« Sors de là, sale vermine ! », a écrit une autre.
« Mais est-ce que tu sais ce que signifie Lehava ? », a demandé une troisième.
« Lesbiennes, gays, bisexuels et homo erectus », a-t-elle écrit.
« Dieu nous vienne en aide », a répondu cette personne.
Gafni dit que seuls sa famille et quelques amis proches connaissent sa vraie identité. « Ma mère ne sait même pas ce qu’est Facebook, mais elle voit les entretiens avec moi et rigole. »
Et oui, cela peut-être frustrant et solitaire de garder un secret si longtemps.
« J’ai envie de déjà révéler mon identité mais après la page perdra de sa popularité parce qu’une partie du succès est due au mystère de ne pas savoir qui je suis. »
« Je vois combien la page est appréciée et je reçois des messages de personnes qui disent qu’ils sont dans une période difficile de leur vie, et que la page les fait rire et les aident à avancer, donc je continue. »
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