Radio militaire : Gantz nie avoir joué un rôle dans le départ de Jacob Bardugo
Le ministre de la Défense a qualifié les accusations d'ingérence - reprises par l'animateur pro-Netanyahu limogé - de "ridicules" ; le Likud songerait à un boycott de la station
Le ministre de la Défense Benny Gantz a nié, lundi, toute ingérence dans la décision prise par la Radio militaire de mettre à l’écart l’animateur Jacob Bardugo qui, jusque-là, bénéficiait d’une émission programmée à une heure de grande écoute. C’est la première fois que Gantz s’exprime sur cette décision.
Bardugo, fervent soutien du leader de l’opposition Benjamin Netanyahu, a cessé de coanimer l’émission d’information quotidienne de 17 heures jeudi dernier. Cette initiative a indigné les partisans de l’ancien Premier ministre, qui voient dans cette mise à l’écart une tentative de réduire au silence l’opposition.
Le ministre de la Défense a démenti avoir donné l’ordre de ce départ de l’animateur du programme en prime-time. La Radio militaire est placée sous l’autorité du ministère de la Défense.
« Je ne touche pas et je ne toucherai pas à la programmation et à la désignation des animateurs de la station parce que je ne veux pas qu’elle soit politique », a-t-il déclaré lors d’une réunion de sa faction Kakhol lavan à la Knesset.
Il a aussi démenti utiliser la Radio militaire à des fins personnelles ou politiques, évoquant des accusations « ridicules ».
« Cela fait un an que je n’ai pas été interviewé par la station. Je n’ai ni demandé, ni bénéficié d’une couverture positive », a-t-il continué.
Gantz a pris la tête d’une campagne dont l’objectif est de faire sortir cette station de radio populaire du giron du ministère de la Défense, qui en est actuellement propriétaire et qui l’exploite, mélangeant dans son personnel soldats et civils.
« Il est impossible d’accepter une situation dans laquelle des soldats de Tsahal se trouvent engagés en politique, que ce soit de manière directe ou indirecte », a-t-il poursuivi, notant que « la Radio militaire doit adhérer au code éthique qu’elle s’est établi elle-même ».
Il a souligné que l’initiative de libérer la radio de la tutelle militaire était « compliquée ».
Dans un entretien accordé lundi à la Treizième chaîne, Bardugo a accusé la station d’être sous le contrôle de Gantz et de sa formation Kakhol lavan.
Il a aussi déclaré que le Premier ministre Naftali Bennett lui avait offert à deux reprises différentes la troisième place sur la liste du parti Yamina en vue des élections à la Knesset.
« La politique, ce n’est pas le domaine qui m’intéresse et, au cours des dernières élections, Bennett m’a approché pour que je prenne la troisième place avant qu’il ne fasse entrer en jeu Alon Davidi – et j’ai dit à Bennett que la politique, ce n’était pas mon domaine », a-t-il commenté. « Mais il n’est pas le seul et j’ai reçu des propositions de divers partis, notamment de partis du centre. »
Bardugo a été limogé par Galit Alstein, commandante par intérim, qui avait été nommée par le ministre de la Défense.
En réponse au retrait de l’antenne de Bardugo, le bloc de l’opposition à la Knesset, dirigé par le Likud, a annoncé qu’il boycotterait dorénavant la Radio militaire et qu’il lui refuserait toute interview.
Néanmoins, pendant une réunion de faction du Likud qui a eu lieu lundi, plusieurs députés ont estimé que ce boycott ferait plus de mal que de bien au parti.
« On va boycotter la Radio militaire pour six mois, pendant un an, et on n’obtiendra rien de ce boycott en fin de compte », a déclaré le député Yuval Steinitz, des propos entendus dans un enregistrement qui a été diffusé par la Treizième chaîne.
Netanyahu, pour sa part, aurait demandé aux législateurs de son bord politique d’encourager leurs partisans à écouter les stations de radio de droite.