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AnalyseLe Frank Underwood de Téhéran est de retour

Rafsanjani et le “House of Cards” iranien

Autrefois allié crucial de Khamenei, ensuite évincé par les conservateurs, l’ancien président fait un retour en force pour dominer la politique de Téhéran

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

L'ancien président iranien  Akbar Hashemi Rafsanjani (Crédit : capture d'écran YouTube/Financial Times)
L'ancien président iranien Akbar Hashemi Rafsanjani (Crédit : capture d'écran YouTube/Financial Times)

La victoire sans équivoque du camp « modéré » iranien dans les élections de vendredi pour le Majlis [le Parlement iranien] et pour l’Assemblée des Experts et une victoire retentissante pour deux personnes : le président Hassan Rouhani, qui, ont déjà noté les experts, a affronté ces élections comme un test crucial pour son soutien public, et l’ancien président Akbar Hashemi Rafsanjani.

Le rusé et indomptable Rafsanjani, 81 ans, est le phœnix de la politique iranienne, se relevant à maintes reprises de ses cendres politiques.

Malgré des tentatives innombrables de l’establishment conservateur du leader suprême Ali Khamenei pour l’isoler et le tenir à distance des centres du pouvoir, Rafsanjani a donné à Khamenei et à ses soutiens une nouvelle leçon de tactiques politiques. S’il était un homme d’Etat occidental, une saison entière de « House of Cards » lui aurait probablement été dédiée.

Rafsanjani a été le président iranien entre 1989 et 1997, et avait été remplacé par le réformiste Mohammad Khatami (depuis longtemps sur la touche). Quand il a essayé de se présenter en 2005 pour un troisième mandat, il est entré en compétition avec le champion des conservateurs, et d’Ali Khamenei : Mahmoud Ahmadinejad.

Rafsanjani a été autrefois un soutien crucial de la tentative de son ami Khamenei de devenir leader suprême. Mais dans la campagne présidentielle de 2005, Rafsanjani a suspecté Khamenei d’être responsable d’une vague de publicité sur sa corruption supposée. Une rupture froide s’est développée entre les deux hommes depuis ces élections, et la division n’a fait que croître.

Pendant la vague de manifestations après les élections présidentielles de 2009, la fille de Rafsanjani a été arrêtée et emprisonnée pendant six mois. Rafsanjani lui-même a emménagé à Qom, la ville sainte chiite, et a fait attention à ne pas provoquer directement le régime. Il a été retiré de la présidence de l’Assemblée des Experts, l’institution qui choisit le leader suprême, et en guise de consolation a été nommé à la tête d’une institution consultative qui sert d’intermédiaire entre le Majlis et le Conseil des gardiens de la constitution et peut disqualifier des candidats à l’élection.

La même institution a ensuite disqualifié Rafsanjani lui-même pour l’élection présidentielle de 2013, le poussant à prendre sa « revanche » contre ses ennemis conservateurs en soutenant Rouhani, le relatif modéré de l’élection.

Depuis, l’amitié entre Rafsanjani et Rouhani s’est épanouie, alors que les divisions entre Rafsanjani et les conservateurs n’ont fait que s’élargir.

Dans les élections de vendredi, Rafsanjani a sécurisé une majorité à l’Assemblée des Experts, qui sélectionnera le successeur de Khamenei comme Leader suprême. Les plus grands opposants de Rafsanjani, les ayatollahs conservateurs Mohammad-Taqi Mesbah-Yazdi, Mohammad Yazdii et Ahmad Jannati, ont été battus, et Rafsanjani a finalement une raison de sourire.

Le président iranien Hassan Rouhani saluant la foule lors du rassemblement célébrant le 36ème anniversaire de la révolution islamique le 11 février 2015 (Crédit : BEHROUZ MEHRI / AFP)
Le président iranien Hassan Rouhani saluant la foule lors du rassemblement célébrant le 36ème anniversaire de la révolution islamique le 11 février 2015 (Crédit : BEHROUZ MEHRI / AFP)

Au-delà des rivalités personnelles et politiques mesquines, cependant, les résultats de l’élection sont clairement une expression du soutien du public iranien à l’accord nucléaire signé l’année dernière et la promesse d’une nouvelle ouverture à l’Occident. Alors que nous n’avons pas encore tous les résultats de toutes les provinces, et que certaines voteront pour un second tour, il est déjà clair que le public iranien désire plus de cette « influence occidentale » contre laquelle se sont sinistrement exprimés les conservateurs.

Cela peut être partiellement une question d’idéologie, ou un reflet de l’épuisement des idées de révolution, mais le facteur principal de ce nouveau désir d’ouverture est l’économie. Comme l’a dit une fois un autre politicien rusé, « c’est l’économie, stupide ».

Deux précautions doivent être introduites ici : d’abord, Rafsanjani, Rouhani et leurs alliés dans le camp « modéré » sont des partisans du régime révolutionnaire de l’Iran. Ils ne veulent pas un coup d’état ou une révolution, mais plutôt la préservation du système iranien. Tous deux ont été impliqués dans des campagnes passées contre « les ennemis du régime ».

Ensuite, avec tout le respect dû à la politique et à la « démocratie » iranienne, l’establishment conservateur n’est pas vaincu. Loin de là. Eux aussi ont montré qu’ils avaient des pouvoirs de phœnix. Les ayatollahs conservateurs et Khamenei n’ont aucune intention d’agiter le drapeau blanc ou de s’effacer calmement dans la nuit. Eux et leurs alliés des Gardiens de la révolution continueront à influencer la politique étrangère de l’Iran, ses guerres au Moyen Orient et son déploiement de groupes terroristes dans de multiples pays.

En fait, les « modérés » triomphants de vendredi seront là pour aider les Gardiens à obtenir des financements encore plus importants, rendus possibles par l’ouverture même à l’Occident qui trouble les tenants de la ligne dure.

La vraie bataille ne fait que commencer. L’establishment conservateur n’abandonnera pas le terrain si facilement. Il s’agit toujours de l’Iran révolutionnaire, le même qui gère tant de cellules terroristes dans le monde. Mais il a à présent un homme d’expérience et particulièrement compétent de retour au centre de la scène, ou du moins à côté.

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