Après son échec aux primaires, Eitan Cabel accuse Gabbay « l’avoir sorti »
Le député a chuté à la 15e place sur la liste et ne reviendra probablement pas à la Knesset alors que le parti en détresse ne devrait aligner que 5 à 7 députés après avril
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
En plus de voir ses candidats favoris remporter les premières places sur la liste lors des primaires du parti travailliste, lundi, le président de la formation Avi Gabbay a pu se réjouir d’un autre succès au vu des résultats, avec son rival Eitan Cabel qui se trouve dorénavant dans une position qui peut difficilement lui laisser espérer de retrouver son siège à la Knesset.
Cabel, qui a été parlementaire au sein de la Knesset pendant pas moins de sept mandats et qui avait tenté en vain de déchoir l’actuel leader du parti de ses fonctions dans un contexte de sondages récents désastreux, est arrivé à la 11e place dans le scrutin auquel ont participé 33 771 membres du parti, n’enregistrant que 13 885 votes. En prenant en considération les places variées réservées au président et ses candidats choisis, Cabel chute à la 15e place sur la liste définitive.
En recevant 28 865 et 25 775 votes respectivement, les leaders du mouvement de protestation sociale de 2011, Itzik Shmuli et Stav Shaffir, occupent les deux premières places derrière Gabbay.
Avant les primaires, les sondages avaient prédit que les travaillistes pourraient ne gagner que cinq à sept sièges dans la prochaine Knesset, ce qui serait le pire résultat jamais enregistré par le parti. Avec un tel résultat, Cabel perdrait son siège après presque 23 ans de carrière parlementaire.
S’exprimant mardi matin dans ses premiers propos publics depuis l’annonce de ses résultats décevants – il ne s’est pas rendu à la soirée consacrée par le parti aux résultats, la nuit auparavant, et il n’est pas apparu sur scène aux côtés des 20 autres candidats – Cabel a expliqué que Gabbay était à l’origine de sa débandade.
« Il m’a sorti, c’est indéniable », a rapporté Cabel à Ynet, se référant au chef du parti élu il y a vingt mois. « J’ai payé le prix de lui avoir posé des questions. Les électeurs m’ont donné une gifle, mais ils ne réalisent pas que ce n’est pas moi, le problème ».
Gabbay, pour sa part, a indiqué dans des interviews accordées à la radio, mardi, qu’il espérait et pensait que le parti travailliste, dopé par la réussite des primaires en général et celle des jeunes candidats en particulier, remonterait dorénavant dans les sondages et qu’il obtiendrait un succès suffisant pour permettre à Cabel de revenir au parlement.
Cabel a été le critique de Gabbay le plus féroce à l’intérieur du parti. Il l’a accusé d’être personnellement responsable de la baisse du soutien de l’opinion publique. S’exprimant à la conférence du parti, le mois dernier, le député avait appelé Gabbay à quitter ses fonctions pour empêcher la disparition de la formation.
« Je l’admets, j’ai fait une erreur. Nous avons tous fait une erreur. J’ai fait une erreur en vous soutenant », avait dit Cabel devant une salle remplie de militants, suscitant une clameur de désapprobation.
S’exprimant lundi, Cabel a répété que Gabbay avait menacé de faire tomber le parti travailliste si ses responsables ne le soutenaient pas. Il a dit que le chef de la formation avait œuvré afin qu’il n’atteigne pas une place réaliste sur la liste en mettant en avant une liste « d’assassinats » visant à mettre en exergue d’autres candidats à son détriment.
Cabel a indiqué que Gabbay avait tenté de le contacter dans la matinée de mardi, mais qu’il ne se pressait pas pour le rappeler : « Il m’a appelé, il m’a envoyé un message en me disant qu’il essayait de me joindre. Je le contacterai sûrement à un moment de la journée », a-t-il expliqué.
S’exprimant au micro de la radio 103FM , Shmuli, premier sur la liste, a noté qu’il serait triste de voir Cabel quitter la Knesset.
« En fin de compte, Eitan est la chair et le sang de ce parti, il en est un membre estimé et respecté », a dit Shmuli. « Même si je n’ai pas toujours été d’accord avec la manière dont il a posé les choses sur la table ces dernières semaines, je n’ai jamais douté du fait qu’il était réellement investi. Il est membre du parti depuis 30 ans et je suis désolé pour lui ».
Les places élevées octroyées à Shmuli et Shaffir sont considérées comme un vote en faveur d’une génération plus jeune à la tête du parti.
Derrière Shaffir se trouvent les anciens responsables Shelly Yachimovich, à la 3e place avec 23 278 voix, et Amir Peretz, à la 4e avec 23 113 suffrages. Merav Michaeli arrive 5e et Omer Barlev sixième, suivis par la députée Revital Swid, Yair Fink, un nouveau venu, le parlementaire Michal Biran et un autre novice, Gavri Bargil.
Shmuli et Shaffir étaient entrés à la Knesset après s’être fait un nom en tant que dirigeants du mouvement de protestation sociales, en 2011. Ils ont tous deux ont utilisé leur campagne pour les primaires pour offrir l’espoir juvénile de rendre à la formation sa gloire passée.