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Réactions politiques face aux concessions aux Palestiniens dans l’accord saoudien

Otzma Yehudit et Hatzionout HaDatit abandonneront la coalition si de telles initiatives sont prises

Les ministres d'extrême-droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, à la Knesset le 29 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Les ministres d'extrême-droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, à la Knesset le 29 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Les partenaires de coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont salué son discours prononcé vendredi devant l’Assemblée générale des Nations unies – il avait évoqué à la tribune l’imminence de la normalisation des liens entre Israël et l’Arabie saoudite. Ils ont toutefois insisté sur le fait qu’ils ne soutiendront pas les concessions attendues d’Israël à l’égard des Palestiniens qui seraient pourtant un élément déterminant de l’accord.

Ainsi, Itamar Ben Gvir, chef de la faction Oztma Yehudit, a indiqué que son parti, en plus d’une deuxième formation d’extrême-droite, quitteraient la coalition si de telles concessions devaient être faites.

Des réponses qui soulignent le manque de marge de manœuvre de Netanyahu en ce qui concerne les négociations sur un accord alors que les États-Unis et l’Arabie saoudite ont clairement établi que l’État juif devrait offrir quelque chose de significatif pour faire avancer une solution à deux États dans le cadre de l’accord de normalisation avec le royaume du Golfe.

« Si des concessions sont faites en direction des Palestiniens, nous ne resterons pas au gouvernement – pas seulement nous, mais Hatzionout HaDatit aussi. Netanyahu ne pourra conclure un tel accord qu’avec [Benny] Gantz, » a estimé le ministre de la Sécurité nationale dans un communiqué, se référant au président de la formation d’opposition HaMahane HaMamlahti qui a d’ores et déjà exclu la possibilité de rejoindre le gouvernement de Netanyahu pour garantir la finalisation d’un pacte de paix avec l’Arabie saoudite.

Otzma Yehudit et Hatzionout HaDatit détiennent 14 sièges ensemble et, sans eux, la coalition perdrait sa majorité.

« Otzma Yehudit soutient la normalisation – sur cette question, Netanyahu a notre soutien plein et entier », a-t-il continué. « Mais nous n’accepterons aucune concession faite aux Palestiniens. J’ai dit au Premier ministre de ne pas nous oublier », a dit Ben Gvir.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, chef de Hatzionout HaDatit, a aussi salué la performance de Netanyahu aux Nations unies mais il a subtilement indiqué ce qu’il souhaiterait offrir en échange de la normalisation avec l’Arabie saoudite. « Ensemble, avec l’aide de Dieu, nous apporterons la paix pour la paix. Nous continuerons à garantir la sécurité d’Israël, à nous implanter dans toutes ses régions, à nous développer aux côtés de tout le Moyen-Orient et du monde entier », a-t-il écrit sur X.

Smotrich, responsable du nombre record d’approbations, par le gouvernement, de nouvelles constructions dans les implantations israéliennes en Cisjordanie, avait d’ores et déjà fait savoir, le mois dernier, qu’il n’accepterait aucune concession faite aux Palestiniens.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’adressant à la 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 22 septembre 2023. (Crédit : Bryan R. Smith / AFP)

Le terme « paix pour la paix » avait été utilisé par Netanyahu pour décrire les Accords d’Abraham, en 2020 – des accords qui avaient permis d’incarner au mieux son idée, qui était de voir Israël normaliser ses liens avec les États arabes avant de trouver un accord de paix avec les Palestiniens et non après.

Toutefois, dans le cadre de ces accords, Netanyahu avait été dans l’obligation de faire des concessions pour mener à bien les efforts de normalisation, acceptant notamment de mettre en suspens son plan d’annexion de larges pans de la Cisjordanie dans le cadre de l’établissement de relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis.

Plusieurs autres députés de la coalition ont utilisé la même formule de « la paix pour la paix » lorsqu’ils ont salué le discours prononcé vendredi par le Premier ministre à la tribune des Nations unies. Cela a notamment été le cas du ministre de la Justice, Yariv Levin, élu du Likud.

« Nous avançons la paix pour la paix. Nous réactualisons la vision de la paix entre Israël et le monde arabe », a écrit Levin sur Facebook.

Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a pour sa part rendu hommage à « un discours puissant du Premier ministre Netanyahu. Avec lui, nous allons faire avancer la paix avec force et sur la base de la vérité. Un nouveau Moyen-Orient de Paix pour la paix ».

Une diplomate saoudienne écoute le discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’Assemblée générale de l’ONU, le 23 septembre 2023. (Capture d’écran : Nations unies)

Le député du Likud Danny Danon, ancien envoyé israélien à l’ONU, a semblé être le seul député de la coalition désireux de reconnaître qu’un accord avec l’Arabie saoudite nécessitera des gestes à l’égard des Palestiniens.

Toutefois, Danon a insisté lors d’un entretien accordé à la chaîne publique Kan qu’il s’agirait de mesures purement économiques. « La question saoudienne ne doit pas être subordonnée à la question palestinienne », a-t-il affirmé.

L’ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan, a été interrogé pendant une interview avec un journaliste de la chaîne Kan – journaliste qui lui a demandé dans quelle mesure le gouvernement de la ligne dure actuel serait capable de faire des concessions à l’égard des Palestiniens.

Erdan a alors rappelé qu’en 2020, Netanyahu avait convenu de retarder son plan d’annexion de la Cisjordanie – jusqu’en 2024 – en échange de la normalisation avec les Émirats.

« Le même genre de concession est d’autant plus possible quand on parle d’un accord de paix susceptible de mettre un terme au conflit entre Israël et les pays arabes, à l’exception des Palestiniens. Cela isolera les Palestiniens, ils seront seuls. Dans ces circonstances, je sais que les ministres du gouvernement sauront prendre en considération ce qui mérite de l’être », a ajouté Erdan.

Orit Farkash Hacohen, députée de HaMahane HaMamlahti, a noté que son parti d’opposition de centre-droit souhaitera soutenir un accord de coalition avec l’Arabie saoudite depuis l’extérieur du gouvernement, mais elle a répété que sa faction n’était pas désireuse de rejoindre la coalition.

Des manifestants anti-refonte judiciaire devant le sièges des Nations Unies pendant un discours de Benjamin Netanyahu, le 22 septembre 2023. (Crédit : Luke Tress / Times of Issrael.

Un soutien qui pourrait s’avérer néanmoins insuffisant, si Ben Gvir et Smotrich devaient renverser le gouvernement pour empêcher Netanyahu de faire des concessions à l’égard des Palestiniens.

Farkash-Hacohen a aussi vivement recommandé à Netanyahu de permettre à l’establishment de la sécurité d’informer les députés sur les ramifications de l’accord, l’inquiétude étant croissante en Israël face aux demandes soumises par l’Arabie saoudite qui souhaite établir un programme nucléaire civil et avoir accès à des armes avancées – ce à quoi Jérusalem s’oppose depuis longtemps par crainte de perdre sa supériorité qualitative dans la région et par peur, aussi, d’une course à l’arme nucléaire qui aurait lieu au Moyen-Orient.

Le leader de l’opposition, Yair Lapid, a critiqué Netanyahu pour ne pas avoir évoqué cette demande de programme nucléaire civil dans son discours des Nations unies, allocution où le Premier ministre a salué avec emphase l’accord potentiel de normalisation.

Lapid a aussi dit que Netanyahu avait ignoré la requête soumise par les États-Unis de stopper le plan de refonte radicale du système judiciaire israélien avancé par son gouvernement et qu’il avait ignoré « le fait que l’État d’Israël est déchiré à cause de ce gouvernement ».

« Il ne tente même pas de guérir les fractures et d’unir le peuple. C’est triste », a écrit le chef de l’opposition sur X.

Le président Isaac Herzog, qui a tenté de négocier un compromis sur le plan de refonte du système judiciaire, a évité d’aborder le sujet dans sa réponse au discours de Netanyahu.

« La vision de la paix régionale – avec l’Arabie saoudite en son centre – est l’alternative historique à la menace terroriste que fait planer l’Iran au Moyen-Orient… C’est un message important du discours prononcé par le Premier ministre à l’Assemblée générale et je le salue », a-t-il dit.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’adressant à la 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 22 septembre 2023. (Crédit : Bryan R. Smith / AFP)

Évoquant la question palestinienne dans son allocution, Netanyahu a indiqué que « les Palestiniens pourraient tirer de grands bénéfices d’une paix plus large. Ils doivent être intégrés dans ce processus mais ils ne doivent pas pouvoir avoir un droit de veto dans ce cadre. »

« Et je crois aussi que faire la paix avec un plus grand nombre d’États arabes renforcera finalement les perspectives de paix entre Israël et les Palestiniens », a-t-il ajouté.

Le prince saoudien héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane – MBS – avait lui aussi assuré mercredi, dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine Fox News, que la monarchie sunnite et l’Etat hébreu se « rapprochaient tous les jours », tout en établissant clairement que la problématique palestinienne était une composante « très importante » qui entrerait en compte dans un accord.

« Nous devons voir où nous allons. Nous espérons parvenir à un accord qui facilitera la vie des Palestiniens et qui permettra à Israël de jouer un rôle au Moyen-Orient », a continué Ben Salmane, exprimant son désir d’améliorer la vie des Palestiniens – sans garantir pour autant l’établissement d’un État palestinien.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’adressant à la 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 22 septembre 2023. (Crédit : Michael M. Santiago / Getty Images via AFP)

Un État palestinien était pourtant, depuis longtemps, un objectif officiel de l’Arabie saoudite, qui avait lancé en 2002 l’initiative de paix arabe, qui proposait à Israël de normaliser ses relations avec l’ensemble du monde arabe uniquement après avoir négocié avec les Palestiniens une solution fondée sur la coexistence de deux États.

L’Autorité palestinienne (AP) a, de son côté, cherché à s’engager auprès de l’Arabie saoudite dans le cadre des efforts de normalisation des liens du royaume avec Israël et ce, malgré l’abandon possible par Ryad de la formule de l’initiative de paix arabe.

Plutôt que de boycotter les pourparlers – ce que les Palestiniens avaient choisi de faire pendant les Accords d’Arabaham – Ramallah espère pouvoir obtenir plus de concessions des parties impliquées en prenant part au processus.

L’AP a aussi révisé ses demandes à la baisse et lors de ses discussions avec des responsables saoudiens et américains, elle a fait part de son désir d’obtenir le soutien des États-Unis pour la reconnaissance du statut d’État palestinien à l’ONU, la réouverture par les États-Unis de leur consulat à Jérusalem qui a toujours servi les Palestiniens, l’abandon de la législation du Congrès qualifiant l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) d’organisation terroriste, le transfert par Israël de territoires de Cisjordanie sous contrôle palestinien et la destruction des avant-postes illégaux en Cisjordanie, selon des responsables familiers de la question.

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