Renseignements US : Le Hezbollah, qui a perdu 50 % de son arsenal, tente de se redresser
Ces efforts auraient commencé avant la conclusion de la trêve ; Tsahal a frappé une rampe de lancement au Liban ; selon Blinken, la trêve "tient" et le comité de veille fonctionne
Le Hezbollah a été considérablement affaibli « militairement » par Israël, perdant plus de la moitié de ses stocks d’armes. Cependant, le groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran tentera probablement de reconstituer son arsenal et ses forces, et d’établir une menace à long-terme pour les États-Unis et leurs alliés régionaux, ont déclaré mercredi à Reuters quatre sources au fait des derniers renseignements américains.
Cette évaluation survient alors qu’Israël continue de frapper les rangs du Hezbollah qui violent le cessez-le-feu entré en vigueur la semaine dernière, tandis que Washington affirme que l’accord qu’il a contribué à négocier tient bon.
Le cessez-le-feu vise à mettre un terme à quatorze mois de combats transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah, qui ont débuté lorsque le groupe terroriste a commencé à tirer sur Israël en solidarité avec son allié, le groupe terroriste palestinien du Hamas, dans le cadre de la guerre à Gaza déclenchée par ce dernier le 7 octobre 2023. La sécurisation de la zone frontalière pour les habitants du nord, dont des dizaines de milliers ont été évacués par les combats, a été l’un des objectifs déclarés d’Israël de ce conflit.
Selon plusieurs sources concordantes, les agences de renseignement américaines estiment que, malgré la campagne militaire israélienne qui a décimé ses dirigeants et ses stocks d’armes, le Hezbollah aurait commencé à recruter de nouveaux éléments et chercherait à se réarmer par le biais de la production nationale et de la contrebande de matériel à travers la Syrie. Cette information a été révélée par un haut fonctionnaire américain, un fonctionnaire israélien et deux législateurs américains au courant de ces développements et ayant requis l’anonymat.
Il n’est pas clair dans quelle mesure ces efforts ont ralenti depuis la semaine dernière, lorsque le Hezbollah et Israël sont parvenus à conclure un cessez-le-feu précaire, ont déclaré deux des sources. L’accord interdit spécifiquement au groupe terroriste de se procurer des armes ou des pièces d’armes, ou de maintenir une présence dans le sud du Liban.
Ces derniers jours, Israël a tenté de réduire la capacité du Hezbollah à reconstituer ses forces armées en frappant plusieurs de ses rampes de lancement de roquettes au Liban, en bombardant les postes-frontières avec la Syrie et en bloquant un avion iranien soupçonné d’acheminer des armes pour le compte du groupe terroriste chiite libanais.
כלי-טיס של חיל-האוויר בהכוונת פיקוד הצפון, תקף משגר שזוהה במרחב מג׳דל זון והיווה איום על מדינת ישראל תוך הפרה של ההבנות בין ישראל ללבנון.
כוחות צה״ל השמידו אמצעי לחימה שאותרו במרחבים אלחיאם, א-צוונה ועיתרון שבדרום לבנון.
צה״ל פרוס במרחב דרום לבנון ופועל נגד כל איום המסכן את… pic.twitter.com/LamSq4ZWms
— Israeli Air Force (@IAFsite) December 4, 2024
Mercredi, l’armée israélienne a déclaré avoir mené une attaque de drone contre une rampe de lancement de roquettes du Hezbollah dans la région de Majdal Zoun, dans le sud du Liban.
Selon Tsahal, ce dispositif « constituait une menace pour l’État d’Israël tout en violant les accords entre Israël et le Liban ».
Les troupes ont également détruit des armes du Hezbollah trouvées mercredi à Khiam, as-Sawana et Aitaroun, dans le sud du Liban, a ajouté l’armée.
« L’armée est déployée dans le sud du Liban et agit contre toute menace qui met en danger l’État d’Israël », a ajouté Tsahal.
Selon les agences de renseignement américaines, le Hezbollah opère avec une puissance de feu limitée. Il a perdu plus de la moitié de ses stocks d’armes et des milliers de terroristes au cours du conflit avec Israël, ce qui, selon les services de renseignement, aurait réduit la capacité militaire globale de Téhéran et de ses mandataires à son niveau le plus bas depuis des décennies.
Mais le Hezbollah n’a pas été anéanti. Il détient encore des milliers de roquettes à courte portée au Liban et tentera de se reconstituer en utilisant des usines d’armement dans les pays voisins disposant de liaisons de transport, ont indiqué les sources.
L’un des législateurs a déclaré que le Hezbollah avait été « affaibli » à court terme et que sa capacité à mener des opérations de commandement et de contrôle avait été réduite. Il a toutefois ajouté que « ce groupe est conçu pour être perturbé ».
Les autorités américaines s’inquiètent de l’accès du Hezbollah à la Syrie, où les rebelles syriens ont récemment lancé une offensive pour reprendre les bastions gouvernementaux d’Alep et de Hama. Depuis bien longtemps, le Hezbollah se sert de la Syrie comme d’un refuge et d’une plate-forme de transport. Il y achemine du matériel militaire et des armes depuis l’Irak jusqu’au Liban en passant par la Syrie et les passages frontaliers escarpés.
Washington tente de faire pression sur le dictateur syrien Bashar el-Assad pour qu’il limite les opérations du Hezbollah, et pour cela, il fait appel à d’autres pays de la région pour l’aider, a déclaré un haut fonctionnaire américain.
Lundi, Reuters rapportait que les États-Unis et les Émirats arabes unis avaient discuté de la possibilité de lever les sanctions contre Assad s’il se distançait de l’Iran et coupait les voies d’acheminement des armes vers le Hezbollah.
Les responsables du Hezbollah ont déclaré que le groupe terroriste continuerait à fonctionner en tant que « résistance » contre Israël. Pourtant, son secrétaire général Naïm Qassem n’a pas évoqué leurs armes dans ses derniers discours, et ce même après la conclusion du cessez-le-feu. Selon des sources libanaises, la priorité du Hezbollah est de reconstruire les maisons de ses éléments, détruites lors des frappes israéliennes qui ont endommagé des pans entiers du sud du Liban et de la banlieue sud de Beyrouth, où le groupe terroriste a installé son quartier général et stocké des armes.
Le Conseil national de sécurité des États-Unis et le Département du Renseignement national ont refusé de commenter la mise à jour des renseignements américains.
Le défi des entraînements
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a assuré la semaine dernière que le Hezbollah n’avait pas été affaibli par l’élimination d’un grand nombre de ses dirigeants par Israël depuis janvier, ni par l’opération terrestre menée contre le groupe terroriste depuis le début du mois d’octobre. Il a ajouté que le Hezbollah avait réussi à se réorganiser et à riposter de façon « efficace ».
Toutefois, d’après les renseignements américains, Israël aurait détruit des milliers de missiles du Hezbollah au Liban, repoussant leurs rangs terroristes loin de la frontière avec Israël.
S’il reste difficile de déterminer le nombre exact d’éléments du Hezbollah, les renseignements indiquent que le groupe terroriste sera probablement confronté à d’importants problèmes en matière d’entraînement dans les années à venir, selon les sources.
Selon des responsables américains, l’effondrement du Hezbollah met en évidence une lacune croissante dans les capacités militaires de l’Iran et soulève des doutes quant à sa capacité à utiliser ses mandataires pour attaquer Israël et ses autres adversaires à court terme. L’Iran soutient également les terroristes palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza et le groupe terroriste des Houthis au Yémen.
Si Israël envisageait auparavant de bombarder l’Iran, il se serait exposé à la possibilité d’une riposte du Hezbollah depuis le Liban, a souligné un deuxième responsable américain. Mais avec l’affaiblissement du groupe terroriste chiite libanais, Israël peut désormais attaquer directement l’Iran sans craindre une riposte au nord de son territoire.
À Gaza, les services de renseignement américains indiquent que le Hamas ne peut plus mener que de petites opérations de guérilla après avoir perdu au moins la moitié de ses effectifs dans la guerre qui a commencé le 7 octobre 2023, lorsque le groupe terroriste palestinien a perpétré un pogrom dans le sud d’Israël, au cours duquel plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées et 251 otages ont été emmenés de force à Gaza.
Le lendemain de cet assaut barbare et sadique, le Hezbollah a commencé à tirer sur la frontière nord d’Israël avec le Liban, affirmant agir en soutien au Hamas. Les Houthis au Yémen, qui affirment également soutenir Gaza, continuent de lancer des missiles et des drones sur les navires dans la mer Rouge, mais les États-Unis sont parvenus à intercepter la plupart de ces projectiles. Les Houthis ont également tiré des drones et des missiles directement sur Israël, qui ont également été interceptés pour la plupart, bien qu’un drone ait tué un homme à Tel Aviv cet été.
L’Iran, le Hamas et le Hezbollah cherchent tous ouvertement à détruire Israël.
La mise à jour des renseignements américains, communiquée ces dernières semaines à des hauts fonctionnaires et à des parlementaires, survient avant l’investiture du président-élu Donald Trump, prévue le 20 janvier. Le mois dernier, les États-Unis ont inculpé un Iranien dans le cadre d’un complot présumé iranien visant à assassiner Trump. Téhéran a rejeté ces accusations.
Au cours de son premier mandat, Trump avait adopté une campagne de « pression maximale » sur l’Iran, imposant des sanctions sévères à Téhéran, à son complexe militaire et à ses secteurs économiques les plus lucratifs. En 2018, il avait retiré les États-Unis d’un accord international de 2015 visant à empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. En 2020, il avait ordonné une frappe en Irak qui avait coûté la vie au commandant militaire iranien Qassem Soleimani.
Les États-Unis affirment que le cessez-le-feu « tient bon »
Par ailleurs, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré mercredi que le cessez-le-feu au Liban « tenait bon » malgré une série d’incidents entre Israël et le Hezbollah.
« Le cessez-le-feu est respecté et nous utilisons le mécanisme qui a été mis en place pour répondre aux préoccupations concernant les violations présumées ou alléguées », a déclaré Blinken aux journalistes en marge d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles.
Outre les violations commises par le Hezbollah, la France a accusé Israël d’avoir violé la trêve en ne coordonnant pas son application des infractions avec un mécanisme international récemment annoncé. Jérusalem a rejeté cette accusation.
« Je pense que fondamentalement, les deux parties, à savoir Israël et le Hezbollah, par l’intermédiaire du gouvernement libanais, voulaient et continuent de vouloir le cessez-le-feu », a déclaré Blinken.
« Mais nous devons veiller à ce qu’elle soit respectée. Et nous sommes déterminés à le faire », a-t-il ajouté.
Un comité présidé par les États-Unis, auquel participent également la France, des observateurs des Nations unies, Israël et le Liban, est chargé de maintenir la communication entre les différentes parties et de veiller à ce que les violations soient identifiées et traitées afin d’éviter toute escalade.
« Le mécanisme que nous avons mis en place avec la France pour veiller à ce que le cessez-le-feu soit effectivement contrôlé et mis en œuvre fonctionne, et nous voulons nous assurer qu’il continue à fonctionner », a déclaré Blinken.
« Si l’une ou l’autre des parties est soupçonnée de violation du cessez-le-feu, nous en sommes informés et nous engageons le dialogue avec elles. C’est exactement ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.
Le ministre libanais de la Santé, Firass Abiad, a déclaré que le bilan des combats entre le Hezbollah et Israël s’élevait à 4 047 morts, la plupart ayant été recensés depuis septembre.
Ce chiffre ne fait toutefois pas de distinction entre les terroristes et les civils. L’armée israélienne estime qu’environ 3 500 terroristes du Hezbollah ont été éliminés au cours du conflit. Une centaine d’éléments d’autres groupes terroristes auraient également été tués au Liban.
Dès le 8 octobre 2023, le Hezbollah a attaqué presque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires situés le long de la frontière, sans provocation. Le groupe terroriste chiite libanais a également étendu ses attaques aux villes du centre et du nord d’Israël en tirant des roquettes.
Quelque 60 000 habitants ont été évacués du nord d’Israël, près de la frontière libanaise, peu après le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre, alors que le Hezbollah risquait de mener une attaque similaire et que ses tirs de roquettes ne cessaient de s’intensifier. En septembre, Israël a étendu ses opérations au Liban afin de permettre aux habitants du nord de rentrer chez eux.
Depuis octobre 2023, les attaques du Hezbollah contre Israël ont fait 45 morts parmi les civils. En outre, 76 soldats et réservistes de l’armée israélienne ont perdu la vie lors des affrontements transfrontaliers, des attaques contre Israël et de l’opération terrestre lancée dans le sud du Liban.
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