Rivlin : les liens israélo-américains ne dépendent pas d’un seul parti
Le président israélien s'est entretenu avec Nancy Pelosi pour apaiser les tensions après que le président a qualifié le vote juif démocrate de "déloyal" ; Netanyahu reste mutique
Le président Reuven Rivlin a été le seul politicien israélien haut-placé à avoir réagi aux propos de son homologue américain Donald Trump, qui accusait les Juifs qui votent pour le parti démocrate de faire preuve d’une « grande déloyauté« .
Dans un entretien téléphonique passé avec la présidente de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi, Rivlin a déclaré que les liens israélo-américains « ne dépendent pas d’un seul parti ».
L’initiative de l’entretien avec Mme Pelosi est née d’un « souhait commun », ont indiqué ses services à l’AFP.
Rivlin a parlé à Pelosi pour tenter de préserver les liens entre Israël et le parti démocrate, quelques jours après qu’un fossé s’est créé dans la politique américaine, menaçant de mettre fin à des décennies de soutien bipartite.
Le communiqué du président Rivlin précisait qu’il s’exprimait « compte tenu des récents évènements » indiquant aux élus démocrates que « la relation entre l’Etat d’Israël et les Etats-Unis est un lien entre des peuples, qui se base sur des liens historiques, une amitié profonde et solide et des valeurs partagées qui ne dépendent pas d’un parti en particulier ».
Si Rivlin n’a pas spécifiquement mentionné Trump, son message survient au lendemain d’une déclaration du président américain stipulant que les Juifs américains qui voteraient démocrate aux élections en 2020 feraient « montre soit d’un manque total de connaissances, soit d’une grande déloyauté« .
Ces propos ont été vivement condamnés par des groupes juifs, qui ont accusé Trump de recourir à un vieux cliché antisémite sur la soi-disante double-loyauté des Juifs.
Cependant, en Israël, à part Rivlin, seul le chef d’un parti politique arabe israélien a condamné Trump pour ses propos.
« Je ne sais pas ce qui est le plus répugnant : les commentaires antisémites du président Donald Trump ou le silence hypocrite du Premier ministre Benjamin Netanyahu », a déclaré le président de la Liste arabe unie Ayman Odeh au site Zman Israël, la version en hébreu du Times of Israël, dans une interview téléphonique.
Le bureau de Netanyahu et les chefs des autres partis politiques ont refusé de commenter la déclaration de Trump, et le Premier ministre ne s’est exprimé ni mardi ni mercredi.
Selon l’agence de presse Reuters, le ministre de l’Energie a été questionné sur les déclarations de Trump, et a dit à la radio israélienne que nous « n’avons pas à intervenir dans les différends politiques aux Etats-Unis. Nous entretenons de bonnes relations avec les démocrates et les républicains, et nous devons continuer dans cette direction ».
Au cours de l’entretien téléphonique, Rivlin a remercié Pelosi pour son « engagement indescriptible envers les relations israélo-américaines et pour sa véritable amitié », et a également repris les propos de l’ancien président américain John Kennedy, indiquant que « l’amitié avec Israël n’est pas une question de parti. C’est un engagement national ».
Il a exhorté la présidente de la Chambre à maintenir l’aide à Israël « malgré les désaccords politiques et à tout mettre en oeuvre pour que le soutien à Israël ne devienne pas une question politique ».
« Les élections que nous organisons donnent une voix aux désirs de nos citoyens. Nous sommes d’accord avec certaines opinions, nous nous élevons contre d’autres opinions, mais nous respectons les souhaits de chacun de nos peuples », a-t-il dit.
Trump a semblé revenir sur ses propos mercredi sur la « déloyauté » du vote juif démocrate. Interrogé sur ces propos avant de s’envoler pour le Kentucky mercredi, il a répété que les juifs votant pour le parti démocrate sont « déloyaux envers le peuple juif et très déloyaux envers Israël ».
Trump a régulièrement évoqué sa frustration sur sa faible cote de popularité auprès des Juifs américains, et ce, en dépit de son fervent soutien à Israël et de sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et du transfert de son ambassade.