Royaume-Uni : Jeremy Corbyn, évincé pour antisémitisme du Labour, va fonder un nouveau parti
Jeremy Corbyn a déclaré que le gouvernement de Starmer a "refusé d'apporter le changement", la députée qui avait soutenu les violences palestiniennes a dit qu'elle le rejoindra dans sa nouvelle faction de gauche

LONDRES – Jeremy Corbyn, ancien chef du Labour britannique, a annoncé dans la journée de vendredi qu’il était actuellement en pourparlers concernant la création d’un nouveau parti politique, estimant que le gouvernement du Premier ministre Keir Starmer a « refusé d’apporter le changement » qui était pourtant attendu par les électeurs au cours de sa première année au pouvoir.
Le parti Travailliste avait suspendu Corbyn en 2020 avant de l’exclure officiellement de la formation suite à la diffusion d’un rapport critique à son égard qui fustigeait sa prise en charge de la problématique de l’antisémitisme qui gangrénait alors la formation.
Il a toujours rejeté les conclusions de ce rapport.
« La fondation démocratique d’un nouveau type de parti politique prendra bientôt forme », a écrit Corbyn sur le réseau social X. « Les discussions sont actuellement en cours – et je suis impatient de travailler aux côtés de toutes les communautés de manière à lutter pour l’avenir que méritent les Britanniques. »
Cette annonce, qui a laissé entendre que le parti Travailliste pourrait rapidement devoir relever un nouveau défi émanant d’une formation de gauche, a été faite après une semaine meurtrière pour le gouvernement, qui a été contraint d’abandonner des éléments déterminants de son projet de réforme de la protection sociale, faisant exploser ses plans budgétaires.
Depuis qu’il a remporté les élections, l’année dernière, Starmer a vu sa popularité personnelle s’effondrer, et le Labour est désormais systématiquement à la traîne du parti d’extrême-droite Reform UK, qui est placé sous la houlette de Nigel Farage, un militant pro-Brexit.
Corbyn, qui a été élu député indépendant l’année dernière, a dit que le « gouvernement Travailliste a refusé d’apporter le changement que les Britanniques attendaient et qu’ils méritaient ».

« La pauvreté, les inégalités et la guerre ne sont pas inévitables », a-t-il affirmé. « Notre pays doit changer de direction et il doit le faire maintenant ».
Jeudi dans la soirée, la députée Zarah Sultana a fait savoir qu’elle quittait le Labour et qu’elle prévoyait de lancer le nouveau parti aux côtés de Corbyn.
Dans des messages datant de 2015, qui ont été supprimés depuis, Zarah Sultana avait expliqué qu’elle fêterait la mort de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, de l’ancien président américain George W. Bush et du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Elle avait également écrit qu’elle soutenait la « résistance violente » des Palestiniens et que le sionisme était une idéologie raciste.
Un rapport historique qui avait été rendu public au mois d’octobre 2020 par la Commission britannique pour l’égalité et les droits de l’homme avait statué que le parti Travailliste de Corbyn avait enfreint la loi dans sa gestion « inexcusable » des plaintes pour antisémitisme qui avaient été déposées au sein de la formation.
Au cours de cette période, les membres et les députés juifs avaient quitté le parti en masse, les critiques à l’encontre d’Israël et du sionisme ayant viré à l’expression d’un antisémitisme toxique de la part des partisans de Corbyn.
Le parti avait suspendu Corbyn en 2020 après qu’il a affirmé que ses adversaires avaient « spectaculairement exagéré » l’ampleur de l’antisémitisme au sein du parti pour des « raisons politiques ». Il représentait le Labour au parlement depuis 1983 où il siège désormais en tant qu’indépendant.