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Russie : le musée berlinois de la capitulation allemande en plein dilemme

L'exposition inclut certes « une perspective russe » sur l'histoire, mais pas celle de la Russie actuelle

Un drapeau ukrainien flotte le 17 avril 2025 devant le musée de Berlin-Karlshorst, le site où, dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, les commandants suprêmes de la Wehrmacht ont signé la capitulation sans condition devant les représentants de l'Union soviétique, des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. Alors que l'Allemagne célèbre les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, un site historique de Berlin s'interroge sur la manière de commémorer le rôle des Soviétiques dans la défaite du nazisme, dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. À Karlshorst, un quartier verdoyant de l'ancien Berlin-Est, se dresse l'imposant bâtiment où, dans la nuit du 8 mai 1945, les nazis ont officiellement capitulé devant les Alliés victorieux, y compris l'Armée rouge.  (Crédit : Tobias Schwarz / AFP)
Un drapeau ukrainien flotte le 17 avril 2025 devant le musée de Berlin-Karlshorst, le site où, dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, les commandants suprêmes de la Wehrmacht ont signé la capitulation sans condition devant les représentants de l'Union soviétique, des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. Alors que l'Allemagne célèbre les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, un site historique de Berlin s'interroge sur la manière de commémorer le rôle des Soviétiques dans la défaite du nazisme, dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. À Karlshorst, un quartier verdoyant de l'ancien Berlin-Est, se dresse l'imposant bâtiment où, dans la nuit du 8 mai 1945, les nazis ont officiellement capitulé devant les Alliés victorieux, y compris l'Armée rouge. (Crédit : Tobias Schwarz / AFP)

Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le musée historique de Karlshorst, à Berlin, est plus que jamais tiraillé sur la façon d’honorer le rôle de l’Armée rouge dans la défaite du nazisme, en pleine invasion russe de l’Ukraine.

Dans ce quartier verdoyant de l’ancien Berlin-Est se dresse l’imposant bâtiment gris où, dans la nuit du 8 mai 1945, les nazis ont officiellement capitulé face aux Alliés – parmi eux l’Union soviétique de Staline.

L’édifice abrite l’impressionnante salle avec son parquet massif où l’acte fut signé, ainsi qu’une vaste exposition permanente, mise à jour en 2013, sur la guerre du front oriental.

À l’extérieur, un char de l’époque porte le slogan « Pour la mère patrie ! » écrit en russe, utilisé aujourd’hui encore par Vladimir Poutine, mais pour justifier l’invasion de l’Ukraine. Une guerre qui a provoqué des dizaines de milliers de morts dont de nombreux civils ukrainiens et semé la destruction dans ce pays depuis plus de trois ans.

Le directeur du musée, Jörg Morré, se dit bien conscient des dangers de « l’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques » pratiquée par le maître du Kremlin.

L’exposition inclut certes « une perspective russe » sur l’histoire, mais pas celle de la Russie actuelle, assure-t-il.

« Nous voulons plutôt donner la parole à des universitaires qui peuvent s’exprimer librement » car le plus souvent en exil.

Drapeau ukrainien

Dès les premières heures de l’invasion, le 24 février 2022, le drapeau russe qui flottait sur un mât devant l’austère bâtiment a été pour un moment remplacé par celui de l’Ukraine, en signe de « solidarité ».

« Très tôt, lorsqu’il est devenu évident que la Russie attaquait toute l’Ukraine […], nous avons décidé en équipe qu’il n’était tout simplement pas correct de hisser le drapeau russe », se souvient Morré.

L’historien allemand Jörg Morré, directeur du musée germano-russe de Berlin-Karlshorst, se tient dans la salle de capitulation où la capitulation inconditionnelle de l’Allemagne nazie a été signée par les commandants suprêmes de la Wehrmacht devant les représentants de l’Union soviétique, des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, le 8 mai 1945, au musée de Berlin-Karlshorst, le 17 avril 2025. Alors que l’Allemagne célèbre les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, un site historique de Berlin s’interroge sur la manière de commémorer le rôle des Soviétiques dans la défaite du nazisme, avec en toile de fond l’invasion de l’Ukraine par la Russie. (Crédit : Tobias Schwarz / AFP)

Et le musée a pris ses distances vis-à-vis de la Russie de Poutine en se rebaptisant « Musée Berlin-Karlshorst », au lieu de « Musée germano-russe », dit-il.

Construit à l’origine pour l’armée nazie en 1938, le bâtiment est devenu après la guerre le quartier général de l’armée soviétique d’occupation.

Celle-ci y a installé un musée en l’honneur de l’Armée rouge, qui était composée d’un cinquième d’Ukrainiens selon les estimations des historiens, dont beaucoup s’étaient enrôlés après l’invasion de leur pays par le Troisième Reich.

Les troupes soviétiques furent les premières à atteindre la capitale allemande, brisant la résistance nazie lors de la meurtrière bataille de Berlin, après avoir souvent fait régner la terreur sur leur chemin parmi les populations de l’est du pays.

L’exposition montre les célèbres photos de ses soldats prenant d’assaut le bâtiment du parlement, le Reichstag.

« Pompe soviétique »

Après l’effondrement de l’URSS et de son satellite allemand, la RDA, le musée fut géré dans le cadre d’un projet commun entre la Russie et l’Allemagne réunifiée.

Plus tard, des représentants de l’Ukraine et du Belarus ont également participé à sa gestion afin de refléter le fait qu’une grande partie des combats s’était déroulée sur leur territoire.

Le site conserve une certaine « pompe soviétique », estime Marcel Krüger, un écrivain, rencontré par l’AFP lors d’une visite du musée. « En tant qu’Allemand, je trouve très, très important que cela reste ici », dit-il.

L’exposition retrace sans concession les crimes commis par les nazis dans l’Europe de l’Est occupée, tout en évoquant, mais plus succinctement, les exactions commises par les troupes soviétiques à l’encontre des civils allemands.

Dans le contexte de l’après-Guerre froide, on espérait que le musée favoriserait « la compréhension entre les peuples et la réconciliation », souligne le directeur du musée.

Malgré les tensions accrues entre Kiev et Moscou depuis 2014, après la prise de la Crimée et les affrontements dans l’est de l’Ukraine, le musée avait cherché à maintenir un dialogue avec toutes les parties.

Mais le 24 février 2022 a marqué « une rupture définitive », dit-il, ajoutant n’avoir « pratiquement plus aucun contact avec la partie russe » et des contacts « très limités » avec le Belarus.

Visiblement impressionnée, Maria, une visiteuse du musée, confie à l’AFP trouver l’exposition « très émouvante et très douloureuse ».

« Je me demande quelles leçons nous avons tiré de la Seconde Guerre mondiale », ajoute-t-elle, en évoquant la guerre en Ukraine.

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