Saar : la menace contre la démocratie israélienne n’est pas encore derrière nous
Le procureur général sortant a déclaré que son bureau avait été confronté à des "défis sans précédent" au cours de son mandat

Le ministre de la Justice Gideon Saar a déclaré mardi lors d’une cérémonie d’adieu au procureur général Avichai Mandelblit que le système d’application de la loi a fait face à une « attaque sans précédent », ajoutant que le danger pour la démocratie israélienne n’était « pas encore derrière nous ».
« Vous avez su amortir les attaques sans vous décharger de votre responsabilité et sans en rejeter la faute sur les autres », a déclaré Saar à Mandelblit. « Récemment, vous avez éprouvé de l’inquiétude quant à l’avenir de la démocratie en Israël. Nous nous sommes éloignés de l’abîme, mais le danger n’est pas passé. »
« Vous avez rempli ce rôle de manière responsable, avec sagesse, à la manière d’un homme d’État et avec humanité. Le système d’application de la loi a fait face à une attaque sans précédent – vous avez essuyé la plupart des coups, tout en défendant votre vérité professionnelle », a déclaré Saar.
Mandelblit a fait l’objet de critiques de toutes parts au cours de son mandat de six ans, principalement en ce qui concerne l’enquête et le procès pour corruption de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Depuis que Mandelblit a porté des accusations dans trois affaires dans lesquelles l’ex-Premier ministre est actuellement en procès, il a été confronté à un déluge d’accusations de la part de Netanyahu et de ses partisans de droite, affirmant que les accusations étaient une conspiration de la police, du système judiciaire et des médias de gauche visant à faire tomber le Premier ministre.
Au début de l’enquête, il avait été assailli par des voix de gauche qui l’accusaient de traîner les pieds. Ces dernières semaines, une nouvelle controverse a éclaté à propos de ses tractations inachevées avec Netanyahu pour conclure un accord de négociation de peine.
Mandelblit a déclaré à l’assemblée réunie mardi que son bureau avait été confronté à des « défis sans précédent » au cours de son mandat.
« Nous avons travaillé pour préserver le statut du procureur général. Nous avons été confrontés à des défis sans précédent. Je suis reconnaissant à chacun des membres de ce bureau », a-t-il déclaré.
Mandelblit a également raconté une anecdote sur le leadership, qu’il a dit avoir entendu d’un commandant militaire sous lequel il avait servi.

« Lorsque vous êtes commandant de compagnie, vous regardez en arrière et voyez les commandants de peloton, regardez en avant et voyez le commandant de bataillon. Lorsque vous êtes un commandant de bataillon, vous regardez en arrière et voyez les commandants de compagnie, et regardez en avant et voyez le commandant de brigade », a déclaré Mandelblit. « Et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous atteigniez le poste de chef d’état-major, où vous regardez en arrière et voyez toute l’armée derrière vous, et regardez devant vous et ne voyez personne. Vous êtes seul au front, portant tout le poids de la responsabilité. »
Lors d’une réunion d’adieu du cabinet dimanche, Mandelblit, avait déjà porté un coup à peine voilé à Netanyahu.
« Certains ont essayé de présenter le tort [qu’ils ont cherché à causer] à l’État de droit comme une démarche idéologique, sous le prétexte de la ‘gouvernance’ », a-t-il déclaré. « Mais à maintes reprises, nous avons vu que ce qui se cachait réellement derrière ces démarches était le désir de faire avancer des intérêts personnels, portant gravement atteinte au principe de loyauté à l’égard de la population. »
Mandelblit achève son mandat de six ans en laissant le procureur général Amit Aisman assurer l’intérim jusqu’à l’entrée en fonction d’un remplaçant permanent.
La cérémonie au ministère de la Justice s’est déroulée un jour après que le Premier ministre Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid ont soutenu la recommandation de Saar pour nommer Gali Baharav-Miara au poste de procureur général.