Sans mentionner Khashoggi, le roi saoudien fait des Palestiniens une « priorité »
Dans son premier discours public depuis le meurtre du journaliste saoudien, le roi Salmane a soutenu le prince héritier et n'a pas évoqué les accusations portées contre lui
Le monarque saoudien Salmane a mis en exergue lundi sa préoccupation sur les Palestiniens dans un discours télévisé lundi soir. Il n’a pas évoqué le meurtre d’un journaliste dissident saoudien, qui a fait basculer le pays dans l’une de ses plus graves crises diplomatiques.
Pour sa première allocution publique depuis que Jamal Khashoggi a été tué par des agents saoudiens le mois dernier, le roi a manifesté son soutien à l’égard de son fils, le prince héritier, qui a été accusé d’avoir commandité le meurtre au consulat du royaume à Istanbul.
Au lieu de cela, le discours annuel du roi au Conseil de la Choura – qui met en avant les priorités du royaume pour l’année à venir – a porté sur la guerre au Yémen, la sécurité des Palestiniens, la stabilité du marché pétrolier et la rivalité avec l’Iran.
Le roi a déclaré que la question palestinienne resterait une « priorité pour le royaume » jusqu’à ce qu’ils « obtiennent leurs droits », selon l’agence de presse saoudienne.
Le prince héritier Mohammed Ben Salmane serait un acteur clé dans le plan de paix israélo-palestinien concocté par l’administration américaine, mais le scandale de l’affaire Khashoggi a jeté une ombre sur ces efforts.
Salmane a accusé l’Iran de financer le terrorisme dans la région, et a appelé la communauté internationale à contrer les ambitions nucléaires et balistiques de l’Iran.
« Le régime iranien s’est constamment mêlé des affaires des autres pays et a financé le terrorisme, semé le chaos et la destruction dans de nombreux pays », a-t-il dit selon les médias.
Salmane a également appelé à une solution politique au Yémén qui permettrait de « résoudre la crise, expulser les groupes terroristes et mettre fin à l’ingérence étrangère ».
Le monarque de 82 ans n’a pas mentionné directement le meurtre de Jamal Khashoggi, critique du pouvoir saoudien, qui collaborait avec le Washington Post.
« Nous ferons en sorte que ce pays ne s’éloignera pas de l’application, sans discrimination, de la loi de dieu », a ajouté le monarque saoudien devant les plus hauts dignitaires du royaume, dont le prince Mohammed.
« Le royaume a été fondé sur les principes islamiques de justice et d’égalité, et nous sommes fiers des efforts du pouvoir judiciaire et du ministère public dans l’accomplissement de la tâche qui leur a été confiée », a déclaré lundi le roi dans son discours annuel.
Le procureur saoudien a admis jeudi dernier que le journaliste avait été drogué et son corps démembré au consulat.
Sur un total de 21 suspects, il a inculpé 11 personnes qui seront déférées devant la justice. Il a requis la peine capitale pour cinq d’entre elles.
La semaine dernière, le procureur général saoudien a disculpé le puissant prince Mohammed ben Salmane, l’un des fils du roi, du meurtre de Khashoggi qui a eu lieu le 2 octobre au consulat saoudien d’Istanbul.
Mais la CIA a conclu qu’il était derrière ce meurtre, selon le Washington Post.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé quant à lui que l’ordre de tuer est venu du « plus haut niveau » du gouvernement saoudien. Sans mettre en cause le roi, il a promis qu’aucune dissimulation du crime ne sera autorisée.
Le président américain Donald Trump s’est abstenu de blâmer le prince Mohammed malgré les conclusions de la CIA.
L’Arabie saoudite a, à maintes reprises, changé sa version sur ce qui était arrivé à Jamal Khashoggi.
Allié historique de Ryad, Washington s’est empressé d’annoncer des sanctions contre 17 responsables saoudiens pour leur « responsabilité ou leur complicité » dans le meurtre de Khashoggi.
Lundi, l’Allemagne a décidé d’imposer des sanctions, notamment d’interdire l’accès à l’espace européen Schengen, à 18 Saoudiens soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre du journaliste.
L’AFP a contribué à cet article.
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