Sara Netanyahu accuse Baharav-Miara de « terroriser la démocratie israélienne »
L'avocat de l’épouse du Premier ministre a écrit une lettre aux procureurs pour s'insurger contre leur décision d'ordonner une enquête sur des accusations de subornation de témoins
L’épouse du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Sara, a accusé la procureure générale et le procureur de l’État de mener une enquête « politique » visant à nuire à son mari démocratiquement élu, après que les deux procureurs ont ordonné à la police d’ouvrir une enquête sur ses tentatives présumées d’intimidation d’un témoin dans le cadre du procès pour corruption du Premier ministre.
« Il est clair qu’il y a un désir réel d’inventer des délits, avec l’intention manifeste de nuire à un Premier ministre en exercice par des moyens inappropriés dans le but de terroriser la démocratie israélienne », a écrit l’avocat de Sara Netanyahu, Me Uriel Hor Nizri, dans une lettre adressée à Gali Baharav-Miara et à Amit Aisman, un courrier qui a été divulgué par les médias samedi.
Baharav-Miara et Aisman avaient ordonné, jeudi, à la police d’enquêter sur Sara Netanyahu, après la diffusion d’un reportage d’investigation qui avait été diffusé la semaine précédente – il indiquait qu’elle avait demandé à Hanni Bleiweiss, l’ancienne assistante de son mari, d’organiser des manifestations et une campagne en ligne contre Hadas Klein.
Klein est l’ancienne secrétaire d’Arnon Milchan, le bienfaiteur des Netanyahu, et un témoin clé dans une affaire portant sur des cadeaux à hauteur de centaines de milliers de dollars – cigares, champagne et bijoux – qui auraient été offerts de façon illicite au Premier ministre, dont une grande partie à la demande de Sara Netanyahu.
Dans la lettre adressée à la procureure générale et au procureur de l’État, l’avocat de Sara Netanyahu a accusé le binôme de s’être engagé dans une « expédition de chasse dans le cadre d’une vilaine campagne » visant à influencer le procès en cours contre le Premier ministre.
Me Nizri a déclaré que les principaux procureurs de l’État étaient passés d’une simple « application sélective » de la loi à une situation dans laquelle ce qui n’était pas criminel devenait criminel, et ce qui l’était vraiment ne faisait pas l’objet d’une enquête.
Pour étayer son argumentation, l’avocat de Sara Netanyahu a souligné le refus des procureurs de l’État d’ouvrir des enquêtes similaires sur les menaces proférées par des réservistes de premier plan, au sein de l’armée, qui avaient dit qu’ils ne se présenteraient pas au service si le gouvernement Netanyahu continuait à mettre en œuvre son plan controversé visant à réformer radicalement le système judiciaire israélien, l’année dernière.
Les réservistes ont fait valoir qu’ils agissaient dans le cadre de leurs droits démocratiques et qu’ils n’avaient pas hésité à s’engager après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023, dans le sud d’Israël.
Pour sa part, Me Nizri a soutenu que Baharav-Miara et Aisman avaient pris la décision d’ordonner une enquête sur Sara Netanyahu uniquement sur la base du reportage d’enquête « Uvda ».
Klein fait partie des dizaines de personnes qui ont déposé des plaintes auprès de la police contre Sara Netanyahu à la suite de la diffusion du reportage.
Sara Netanyahu aurait écrit à Bleiweiss que la « crapule » Klein « nous a dénigrés pendant des années, a menti, a calomnié ». Un langage similaire à celui de Netanyahu avait été utilisé peu de temps après dans des messages sur les réseaux sociaux contre Klein, selon « Uvda ».
Le reportage télévisé s’est appuyé sur des communications entre Netanyahu et Bleiweiss. Cette dernière est décédée d’un cancer en 2023, et l’émission d’investigation a eu accès à son téléphone.
La chaîne N12 a rapporté jeudi que l’enquête prévue sur Sara Netanyahu serait traitée par Lahav 433, l’unité anti-corruption de la police. Une source policière citée par Haaretz a déclaré que les forces de l’ordre chercheraient à accéder au téléphone de Bleiweiss, et peut-être aussi à celui de Sara Netanyahu. La source a été citée en disant que Netanyahu serait probablement interrogé, mais pas dans un proche avenir.
Dans une brève déclaration qui n’a pas mentionné le nom de Sara Netanyahu, Baharav-Miara et Aisman ont déclaré qu’elle devrait faire l’objet d’une enquête pour des soupçons de subornation de témoin et d’obstruction à la justice.
L’annonce, que les alliés de Netanyahu ont rapidement condamnée, est intervenue quelques heures après que le Premier ministre lui-même a publié une vidéo de quatre minutes contre les médias pour avoir répandu une « diffamation sanguinaire » au sujet de son épouse.
Selon Haaretz, Aisman et Baharav-Miara avaient tous deux discuté de la possibilité d’enquêter sur Sara Netanyahu en raison de sa notoriété, et tous deux étaient favorables à cette initiative. Le journal a également déclaré qu’un policier chargé d’examiner le reportage « Uvda » était également favorable à l’ouverture d’une enquête.
Les appels de la coalition Netanyahu à démettre Baharav-Miara de ses fonctions se sont multipliés ces dernières semaines en raison du rôle supposé de la procureure générale dans les difficultés, pour le gouvernement, à mettre en œuvre ses politiques.