Shoah : Morawiecki accuse « l’Allemagne hitlérienne », pas les nazis
Le Premier ministre polonais a dit que la Shoah "a été perpétrée non par les nazis, mais par l'Allemagne hitlérienne"
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré que la Shoah « a été perpétrée nullement par les nazis, mais par l’Allemagne hitlérienne », lors des cérémonies dimanche du 74e anniversaire de la libération d’Auschwitz, dans le sud du pays.
« L’Allemagne hitlérienne s’est nourrie de l’idéologie fasciste. (…) Mais tout le mal est venu de cet Etat et il ne faut pas l’oublier, car sinon on relativise le mal », a déclaré M. Morawiecki, applaudi par l’assistance.
« L’Etat polonais est gardien de la vérité, qui ne saurait être relativisée de quelque manière que ce soit. Je veux faire ici la promesse de (préserver) la vérité complète sur cette époque-là », a encore affirmé le Premier ministre conservateur.
La question de la vérité sur la Shoah a fait l’objet l’année dernière d’importantes tensions entre la Pologne – dirigée par d’une part, Israël et les Etats-Unis d’autre part, à propos d’une loi mémorielle polonaise qui prévoyait des peines de prison pour quiconque accuserait la nation polonaise d’être responsable de crimes de guerre des nazis allemands.
Israéliens et Américains y avaient vu une possibilité de poursuites contre les survivants de la Shoah si leurs témoignages évoquaient l’implication de Polonais dans le meurtre des Juifs. La Pologne a finalement amendé cette loi de manière à répondre à ces inquiétudes.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 1,1 million de personnes, dont près d’un million de Juifs, ont été tuées dans le camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, installé dans le sud de la Pologne occupée, entre 1940 à 1945. Les autres victimes y furent surtout des Polonais non-juifs, des Tziganes et des prisonniers soviétiques.
Un groupuscule d’une trentaine de nationalistes polonais d’extrême droite a déposé des fleurs dimanche à Auschwitz, hors du cadre des cérémonies officielles. A cette occasion, son leader Piotr Rybak (condamné en 2016 à dix mois de prison pour avoir brûlé en public un mannequin de Juif) a accusé « la nation juive de vouloir déformer l’histoire du camp » en minimisant le sort des victimes polonaises du camp de la mort, a constaté un photographe de l’AFP.