S’il prend le pouvoir, le parti travailliste australien reconnaîtra la Palestine
La sénatrice aux Affaires étrangère Penny Wong a déclaré qu'elle est amie d'Israël et des Palestiniens et qualifie la reconnaissance de Jérusalem de "risqué, et qui n'apporte rien"
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Le parti travailliste australien a déclaré mardi qu’il reconnaîtrait un État palestinien s’il prenait le pouvoir à Canberra, quelques jours après que le Premier ministre du pays a reconnu une partie de Jérusalem comme capitale d’Israël.
Le parti a adopté cette motion lors de sa conférence nationale à Adélaïde.
Il appelle le « prochain gouvernement travailliste à reconnaître la Palestine comme un État » à titre « prioritaire ».
La décision finale sera prise par le prochain cabinet. L’Australie prévoit des élections fédérales le 18 mai 2019, mais le Premier ministre Scott Morrison a été contraint de gouverner avec un gouvernement minoritaire après que son parti libéral n’est pas parvenu à obtenir la majorité lors d’élections partielles en octobre à Sydney.
Samedi, Morrison a annoncé que son gouvernement reconnaissait Jérusalem-Ouest – c’est-à-dire les zones de la ville qu’Israël détenait avant juin 1967 – comme capitale, mais qu’un transfert de l’ambassade n’était pas prévu avant la signature d’un accord de paix.

Israël a réagi avec prudence à cette annonce. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que la décision de Canberra d’ouvrir un bureau commercial et de défense à Jérusalem était « un pas dans la bonne direction », sans commenter la reconnaissance elle-même.
Un haut-responsable israélien a indiqué aux médias israéliens – sous couvert d’anonymat – que l’Etat juif était déçu de la décision australienne de se limiter à Jérusalem-Ouest dans sa reconnaissance.
Les responsables palestiniens se sont montrés excédés par cette annonce.
Durant la conférence de mardi, la sénatrice travailliste Penny Wong, qui deviendrait cheffe de la diplomatie en cas de gouvernement travailliste, a souligné que la reconnaissance d’un état palestinien serait bénéfique pour les deux peuples.
« Le parti travailliste est un ami des Israéliens », a déclaré Wong selon un article du site news.com.au. « Je suis amie des Israéliens. Le parti travailliste est un ami des Palestiniens. Je suis amie des Palestiniens. »
« Ceux qui entrent dans ce débat le font dans l’espoir de contribuer à la paix et à une résolution juste et durable », a-t-elle ajouté. « Nous reconnaissons qu’une solution à deux États juste nécessite la reconnaissance du droit des Palestiniens et du peuple israélien à vivre en paix. »
En 2017, le parti travailliste de New South Wales en Australie a voté la reconnaissance d’un État palestinien, après l’adoption de résolutions similaire dans des état de l’Ouest et du Sud, soit la moitié des régions fédérées du pays. Le chef du parti travailliste fédéral Bill Shorten a subi des pressions pour confirmer sa position sur la question.
Morrison a déclaré dimanche que la décision sur Jérusalem Ouest respecte à la fois l’engagement envers la solution à deux États et le respect des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Il s’est également engagé à reconnaître les aspirations d’un futur État de Palestine avec Jérusalem quand le statut de la ville sera déterminé dans le cadre d’un accord de paix.
Morrison avait initialement déclaré que l’Australie ne reconnaîtrait pas Jérusalem à quelques jours de l’élection partielle de Wentworth. Il aurait tenté, en vain, de séduire l’électorat juive en faveur du candidat libéral Dave Sharma, un ancien ambassadeur Israël qui a encouragé cette démarche.
Cependant, certains détracteurs estimaient que cette reconnaissance mettrait en danger les relations commerciales avec l’Indonésie et la Malaisie.
Wong a déclaré que la décision de Jérusalem était « risquée et n’apportait rien », ajoutant que l’Australie se retrouve marginalisée face à la communauté internationale.
Israéliens et Palestiniens revendiquent Jérusalem comme capitale. Israël a capturé Jérusalem Est en 1967 à l’issue de la guerre des Six Jours et l’a ensuite annexée, une démarche jamais reconnue par la communauté internationale. Israël considère l’ensemble de la ville comme capitale.
Pendant des décennies, la communauté internationale a maintenu que le statut de la ville devait être négocié entre Israël et Palestiniens. Certains estiment que proclamer Jérusalem comme capitale ne fait qu’attiser les tensions et porte atteinte aux négociations de paix. Rompant avec des décennies de politique américaine, Washington a déplacé son ambassade à Jérusalem en mai, ce qui a excédé l’Autorité palestinienne, qui s’est empressée de boycotter les relations avec l’administration Trump.