Smotrich appelle au renforcement des implantations et au départ des Gazaouis
Des alliés du Premier ministre insistent sur une souveraineté israélienne s'étendant du fleuve jusqu'à la mer ; un ministre suggère d'amener les Palestiniens désireux d'avoir leur État à partir à l'étranger
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a appelé Israël, dimanche, à annexer la Cisjordanie et la bande de Gaza, prônant l’établissement de nouvelles implantations dans les profondeurs des territoires palestiniens et le départ des Arabes qui nourrissent des aspirations nationalistes.
Ces propos tenus par le leader de la faction Hatzionout HaDatit d’extrême-droite sont le dernier exemple d’alliés politiques du Premier ministre Benjamin Netanyahu exhortant l’État juif à réimplanter une présence israélienne dans la bande de Gaza – revenant ainsi sur le retrait israélien de l’enclave côtière qui avait été décidé de manière unilatérale par Jérusalem en 2005.
Prenant la parole lors du Sommet Moyen-Orient, une conférence qui a été organisée à Jérusalem par Israel 365, un média israélien qui s’adresse aux évangélistes américains, Smotrich a indiqué que les tentatives répétées qui ont visé à résoudre le conflit par le biais de la solution à deux États sont allés dans la mauvaise direction. Il a vivement recommandé de remplacer ces efforts par « une déclaration sans ambiguïté de la part d’Israël, faite aux Arabes et au monde entier : celle qu’un État palestinien ne sera jamais établi ».
Cette déclaration symbolique, a-t-il affirmé, se fera « par le biais de l’établissement de nouvelles villes et de nouvelles implantations dans les profondeurs de la Cisjordanie », avec des logements qui seront prêts à accueillir des centaines de milliers de Juifs israéliens.
A Gaza, où Israël est en guerre depuis un an suite au pogrom commis par les hommes armés du Hamas, le 7 octobre 2023 – une guerre dont l’objectif est notamment de renverser le groupe terroriste au pouvoir, l’État juif n’ayant par ailleurs pas déterminé un type de gouvernance alternative – Smotrich a également appelé à élargir la souveraineté israélienne, disant que les gains enregistrés dans le cadre de la guerre seront perdus si des soldats et des civils n’y sont pas implantés de manière permanente.
« Là où il n’y a pas de présence civile, il n’y a pas de présence militaire à long-terme… Il n’y a pas de sécurité et il y aura une menace existentielle qui ne cessera de planer sur l’État d’Israël et sur ses citoyens, et nous ne devons pas permettre cela », a-t-il noté.
Il a déclaré que le massacre qui avait été perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre dernier, aurait pu être évité si des soldats et des implantations israéliennes avaient été présentes dans les profondeurs de la bande.
Dans ses propos, Smotrich a laissé entendre qu’une gouvernance locale autonome et limitée pouvait être confiée aux Palestiniens si elle était « exempte de toute aspiration nationaliste ». Il a expliqué que les Palestiniens qui continuaient à apporter leur soutien à l’idée d’un État bien à eux ne seraient pas les bienvenus dans ce contexte.
« Ceux qui ne veulent pas – ou qui ne sont pas capables – de laisser de côté leurs ambitions nationalistes recevront une aide de notre part pour émigrer dans l’un des nombreux pays arabes où les Arabes peuvent réaliser ce type d’ambition, ou pour émigrer dans n’importe quel autre pays du monde », a-t-il dit.
Smotrich avait été l’un des ministres dont la présence avait été remarquée lors d’un événement, la semaine dernière, qui était consacré au rétablissement des implantations juives à Gaza. Pendant cette conférence, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir avait fait savoir « qu’encourager l’émigration » des résidents palestiniens du territoire était la meilleure solution au conflit – et « la plus éthique », avait-il précisé.
D’autres politiciens qui ont pris la parole lors de l’événement organisé par Israel 365 se sont aussi opposés à l’idée d’un État palestinien. Gideon Saar, qui a récemment rejoint la coalition en tant que ministre sans portefeuille et qui est largement considéré comme étant le prochain candidat au poste de ministre de la Défense, a indiqué aux personnes présentes qu’Israël devait abandonner toutes les politiques basées sur les concessions et mettre en place « un rideau de fer politique » pour contrer les initiatives prises à l’international en faveur de la solution à deux États.
« Il… n’y aura jamais aucun substitut au contrôle militaire opérationnel total, par Israël, des territoires qui s’étendent de la mer jusqu’au fleuve Jourdain », a insisté le leader du parti Tikva Hadasha.
« Nous devons reconnaître qu’il ne peut y avoir qu’une souveraineté juive entre le fleuve Jourdain et la mer Méditerranée », a convenu Ohad Tal, élu au parlement sous l’étiquette du parti Hatzionout HaDatit, l’un des organisateurs de la conférence.
« Certains diront que ce n’est pas réaliste – ce à quoi nous répondrons que le scénario à deux États a lui-même prouvé qu’il était une illusion dangereuse. D’autres diront que le monde ne l’autorisera pas et nous répondrons qu’une fois que le peuple juif sera convaincu que c’est la bonne voie à suivre, aucun obstacle ne pourra plus être considéré comme insurmontable », a-t-il ajouté.
Même s’ils ont fait allusion à des initiatives qui approfondiraient probablement l’isolement d’Israël à l’international, Smotrich et Saar ont dit que Jérusalem était en mesure d’élargir ses partenariats régionaux. Ils ont tous les deux évoqué l’Arabie saoudite, qui a insisté sur le fait qu’une éventuelle normalisation de ses relations avec l’État juif devrait impérativement être accompagnée d’efforts livrés en vue de l’établissement d’un état palestinien.
Smotrich a affirmé que les gains acquis dans le cadre de la guerre allaient séduire Ryad – et que ce serait le cas tant que Jérusalem et l’Occident s’uniraient pour renverser le régime iranien.
Saar a laissé entendre que les alliances régionales pouvaient changer, notant que la Turquie et l’Iran étaient des alliés d’Israël, dans le passé, alors que l’Égypte et la Jordanie étaient des adversaires du pays. Mais il a aussi lancé une mise en garde, expliquant que les États sunnites qui soutiennent aujourd’hui Israël pouvaient abandonner l’État juif.
« Nos attentes, dans les relations que nous entretenons avec eux, doivent être réalistes et ancrées dans la réalité », a-t-il dit.
Selon Saar, Israël – en tant que minorité nationale et religieuse dans la région – devrait œuvrer à renforcer ses liens avec certains groupes, notamment avec les Kurdes et avec les Druzes.
Avec une population d’environ 40 millions de personnes réparties en Turquie, en Iran, en Irak et en Syrie, les Kurdes « sont l’une des plus importantes nations du monde à ne pas jouir de leur propre État » mais la coopération entre les Kurdes et Israël reste limitée, a-t-il affirmé, ajoutant que l’État juif avait tout intérêt à approfondir les liens sécuritaires et politiques avec eux.
De plus, a-t-il ajouté, la minorité druze, au Liban et en Syrie, est menacée à la fois par l’Iran et par les groupes affiliés à l’État islamique, ce qui crée des opportunités pour Jérusalem.
En ce qui concerne la Syrie, Saar a indiqué qu’il ne fallait pas permettre au pays d’être utilisé comme un itinéraire d’acheminement des armes iraniennes destinées au Hezbollah. Il a continué en disant que « Israël doit établir très clairement aux yeux d’Assad que s’il choisit de porter atteinte à la sécurité d’Israël… Il met son régime en danger ».