Smotrich persiste et signe sur la responsabilité du Shin Bet dans la mort de Rabin
Le chef du parti d'extrême-droite, qui a été fustigé pour avoir avoir attribué la mort d’Yitzhak Rabin a l'agence de sécurité intérieure, maintient ses propos
Le leader du parti d’extrême-droite, HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, a refusé de faire marche arrière lundi face à l’indignation suscitée par les remarques qu’il avait faites la veille, accusant l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet d’être responsable de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, qui avait été abattu par un extrémiste juif en 1995.
Smotrich a été accusé par ses détracteurs de promouvoir des théories du complot et de nuire à la réputation de l’agence, dans son discours à la Knesset lors d’une cérémonie marquant les 27 ans de l’assassinat du 4 novembre 1995.
Smotrich a affirmé que la rhétorique de droite contre Rabin à l’époque était justifiée et n’a joué qu’un rôle minime dans l’incitation à son meurtre. Il a affirmé que le Shin Bet, qui est chargé de protéger les hommes politiques, était responsable.
« Ceux qui n’ont pas réussi à protéger le Premier ministre Yitzhak Rabin », a déclaré Smotrich sous les huées, « ce ne sont pas les gens de droite, les sionistes religieux et les résidents d’implantations qui ont, à juste titre, décrié la politique de son gouvernement – ce sont les services de sécurité, qui non seulement n’ont pas réussi à le protéger, mais qui ont également eu recours à des manipulations irresponsables, qui n’ont pas été entièrement dévoilées à ce jour, pour encourager le meurtrier à mettre son plan à exécution ».
« Il n’y a pas de complot », a-t-il tweeté lundi en réponse aux vives critiques. « Oui, il y a eu un échec significatif de la part de la Division juive du Shin Bet, et oui, à ce jour, elle refuse d’en assumer la responsabilité. »
« Les médias, comme d’habitude, sont encore une fois tordus et déformés », a-t-il ajouté, en référence aux reportages qui avaient relayé ses commentaires lors de la cérémonie.
Dvir Kariv, qui a servi en tant qu’agent dans la Division juive du Shin Bet (le département de contre-espionnage et de prévention de la subversion dans le secteur juif) de 1994 à 2012 et qui était un membre majeur au moment de l’assassinat, a déclaré à Radio 103FM qu’il était « choqué » par les remarques de Smotrich, affirmant qu’elles revenaient « à accuser l’agence d’avoir assassiné le Premier ministre ».
« Ces déclarations sont totalement absurdes, elles sont très dangereuses, il n’y a pas une once de vérité », a déclaré Kariv, qui avait également participé à l’enquête sur l’assassinat. « Le fait même qu’il dise que le Shin Bet a incité un assassin à commettre ce meurtre revient à dire que le Shin Bet a assassiné Rabin, que l’État d’Israël s’est assassiné lui-même. »
Smotrich, a-t-il affirmé, propage des « théories du complot délirantes » en suggérant que l’assassinat était « délibéré » et qu’il a été orchestré par l’agence de sécurité intérieure.
« Et cet homme veut être ministre de la Défense ? » Kariv s’est lamenté, faisant référence à l’un des rôles ministériels que le chef du parti HaTzionout HaDatit convoite.
Lior Akerman, le premier agent du Shin Bet à avoir interrogé Amir après l’assassinat, a reconnu l’échec du Shin Bet à protéger Rabin, mais a amèrement contesté l’affirmation de Smotrich selon laquelle l’atmosphère d’incitation n’avait pas été un facteur clé et a rejeté comme totalement fausse l’affirmation de Smotrich selon laquelle l’agence de sécurité intérieure l’aurait encouragée.
« Il y a effectivement eu des manquements dans la collecte d’informations avant l’assassinat », a déclaré Akerman à la radio de l’armée. « Mais le reste des allégations de Smotrich sont totalement déconnectées de la réalité. »
« Tout au long de son enquête », a déclaré Akerman, Amir était heureux et fier de ce qu’il avait fait ; il avait reçu des encouragements « d’une longue lignée de rabbins et d’autres incitateurs contre Rabin ».
Akerman a déploré que les autorités judiciaires n’aient pas poursuivi ces incitateurs – attribuant cela à la « peur des rabbins » et à la faiblesse de l’application de la loi. Il a également exprimé sa colère quant au fait que ni le Premier ministre sortant, Yair Lapid, ni le nouveau Premier ministre, Benjamin Netanyahu, n’ont condamné Smotrich pour ses commentaires.
Gadi Eisenkot, ancien chef d’état-major de Tsahal et désormais membre du parti HaMahane HaMamlahti qui se dirige vers l’opposition à la Knesset, a qualifié les commentaires de Smotrich d' »accusation fausse et déplorable ».
« Le choix de faire ces déclarations extrémistes et conspirationnistes à la Knesset, lors de la journée nationale de commémoration de l’assassinat de Rabin, est révélateur du point de vue de Smotrich », a écrit Eisenkot sur Facebook. « Il n’y a pas de place pour de telles déclarations en Israël, surtout pas de la part d’un élu. J’appelle ses futurs partenaires, au sein du gouvernement, à condamner ses propos. »
La députée Galit Distel Atbaryan, réélue au Likud, a soutenu les commentaires controversés de Smotrich. Hier, le leader du sionisme religieux Bezalel Smotrich a accusé le Shin Bet d’être responsable de l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin.
« Le Shin Bet n’a pas le droit de critiquer un législateur démocratiquement élu pour avoir dit son opinion », a déclaré Distel Atbaryan à la radio de l’armée.
« Le gronder, le discipliner et dire que les faits réels sont des conspirations est une terrible déviation des limites du discours autorisé dans un État démocratique », a ajouté Distel Atbaryan, affirmant que Smotrich « a beaucoup de courage pour dire ces choses dans ce contexte, ce jour-là, devant cette foule. »
Une déclaration distribuée dimanche aux journalistes et attribuée à des « sources anonymes du Shin Bet » a exprimé leur « choc » suite aux commentaires de Smotrich.