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Smotrich critiqué après avoir attribué la mort d’Yitzhak Rabin au Shin Bet

Avi Dichter qualifie son discours de "déséquilibré" ; l'agence de sécurité a fait part de son "choc" dans une déclaration non signée

Le ministre de la Défense Benny Gantz prend la parole lors d'une session plénière spéciale pour marquer les 27 ans de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, à la Knesset, le 6 novembre 2022. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)
Le ministre de la Défense Benny Gantz prend la parole lors d'une session plénière spéciale pour marquer les 27 ans de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, à la Knesset, le 6 novembre 2022. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Le chef du parti HaTzionout HaDatit Bezalel Smotrich a fait l’objet de vives critiques dimanche après avoir accusé l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet d’être responsable de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, l’accusant de répandre des théories du complot et de nuire à la réputation de l’agence.

Les critiques émanaient à la fois de membres du gouvernement sortant et d’au moins un député allié à la future coalition du leader du Likud Benjamin Netanyahu, qui devrait inclure Smotrich et d’autres législateurs d’extrême droite.

Avi Dichter, un député du Likud qui a dirigé le Shin Bet de 2000 à 2005, a déclaré qu’il condamnait pleinement les remarques de Smotrich, les qualifiant de « déconnectées de la réalité ». « Des commentaires comme ceux-ci nuisent à la bonne réputation de l’organisation et de son personnel, qui travaillent nuit et jour afin de protéger les citoyens d’Israël », a-t-il écrit dans un tweet.

S’exprimant lors d’une session spéciale de la Knesset en mémoire de Rabin, qui a été assassiné par un extrémiste de droite, Yigal Amir, le 4 novembre 1995, Smotrich a affirmé que la rhétorique de droite contre Rabin à l’époque était justifiée et n’a joué qu’un rôle minime dans l’incitation à son meurtre. Il a affirmé que le Shin Bet, qui est chargé de protéger les hommes politiques, était responsable.

« Ceux qui n’ont pas réussi à protéger le Premier ministre Yitzhak Rabin », a déclaré Smotrich sous les huées, « ce ne sont pas les gens de droite, les sionistes religieux et les résidents d’implantations qui ont, à juste titre, décrié la politique de son gouvernement – ce sont les services de sécurité, qui non seulement n’ont pas réussi à le protéger, mais qui ont également eu recours à des manipulations irresponsables, qui n’ont pas été entièrement dévoilées à ce jour, pour encourager le meurtrier à mettre son plan à exécution ».

Le chef du parti HaTzionout HaDatit Bezalel Smotrich prend la parole à la Knesset lors d’une cérémonie commémorative marquant les 27 ans de l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, à Jérusalem, le 6 novembre 2022. (Crédit : Noam Revkin Fenton/ Flash90)

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, a déclaré sur Twitter qu’Amir était le tueur et que les « dirigeants » de l’époque étaient responsables de la « création d’une atmosphère d’incitation », une référence possible à Netanyahu, qui était chef de l’opposition à l’époque et qui a été largement impliqué dans l’attisement de la colère de la droite contre Rabin en raison de ses efforts pour parvenir à la paix avec les Palestiniens en échange de concessions territoriales.

« Le Shin Bet est celui qui a essayé de protéger Rabin, qui a appris ses leçons et qui s’acquitte de son rôle de gardien des fonctionnaires publics de manière dévouée et professionnelle », a écrit Gantz. « Les accusations contre le Shin Bet sont des théories du complot qui devraient être effacées du discours public et ne pas être évoquées par les dirigeants et les futurs ministres de premier plan. »

Une déclaration distribuée aux journalistes et attribuée à des « sources anonymes du Shin Bet » a exprimé leur « choc » suite aux commentaires de Smotrich.

« Aujourd’hui, plus que n’importe quel autre jour, un élu a choisi d’encourager les théories du complot et de calomnier une organisation dont le seul but est de contrecarrer toute forme de terreur et de défendre la sécurité de l’État », indique le communiqué. « De telles remarques, qui encouragent le discours extrémiste, doivent être condamnées. »

Des Israéliens visitent un mémorial sur la place Rabin à Tel Aviv, le 4 novembre 2022, en tenant des pancartes sur lesquelles on peut lire « Nous ne pardonnerons pas ». (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Dans son discours au plénum, Smotrich n’a pas développé l’accusation portée contre le Shin Bet, qui tourne autour de l’agent provocateur du Shin Bet, Avishai Raviv, nom de code « Champagne », qui a rejoint les rangs des extrémistes de droite avant le meurtre de Rabin et a été inculpé – puis acquitté – pour avoir prétendument été au courant de l’intention d’Amir de tuer Rabin et ne pas avoir empêché cela.

Mais Smotrich s’est penché sur l’accusation dans une déclaration en réponse à la protestation non signée du Shin Bet, écrivant qu’il était regrettable que l’agence « fuit la responsabilité de ses manquements dans l’assassinat de Rabin et la conclusion sans équivoque de la Commission Shamgar sur sa responsabilité dans la gestion de l’agent ‘Champagne’ qui a commis des provocations et a contribué – par son action et son inaction négligente – à ce terrible assassinat ».

Plus de 100 000 Israéliens rassemblés sur la place du Roi d’Israël de Tel Aviv le 4 novembre 1995 en soutien aux efforts de paix du gouvernement. (Crédit : AP PHOTO/Nati Harnik)

Smotrich a ajouté que le Shin Bet « aggravait les choses en attaquant un élu » sur cette affaire.

« L’incapacité d’un organisme d’État à accepter des critiques acerbes et à apporter des correctifs devrait inquiéter chaque citoyen israélien », a-t-il déclaré.

Une section confidentielle du rapport de 1996 de la Commission Shamgar, l’enquête officielle de l’État sur l’assassinat de Rabin, comprenait des détails sur le Shin Bet et Raviv en relation avec le meurtre.

Raviv a affirmé que, bien qu’il ait entendu Amir déclarer que Rabin méritait d’être tué en invoquant le principe talmudique de din rodef, il ne pensait pas qu’il s’agissait d’une intention sérieuse.

Il a également déclaré avoir informé ses opérateurs des projets d’Amir de tuer des Arabes et que d’autres agents étaient au courant du complot d’Amir d’assassiner le Premier ministre, mais que rien n’a été fait. Il a fait valoir que sa mission n’était pas de collecter des renseignements sur les plans des militants de droite visant à nuire à des personnalités publiques.

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