Israël en guerre - Jour 338

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Smotrich semble assimiler le mariage gay à l’inceste

Liberman, quant à lui, s’y oppose après les allégations d’une femme d’affaires critiquant les législateurs arabes qui ont refusé de soutenir toute loi pour les droits des LGBT

Bezalel Smotrich, alors ministre des Transports, s'exprime lors d'une cérémonie de remise de prix en l'honneur du rabbin d'extrême droite Yitzhak Ginsburg à Givat Shmuel, le 8 août 2019. (Tomer Neuberg/Flash90)
Bezalel Smotrich, alors ministre des Transports, s'exprime lors d'une cérémonie de remise de prix en l'honneur du rabbin d'extrême droite Yitzhak Ginsburg à Givat Shmuel, le 8 août 2019. (Tomer Neuberg/Flash90)

Le chef du Parti sioniste religieux, Bezalel Smotrich, a déclaré jeudi qu’il avait « un problème avec la culture LGBT »  et a comparé le mariage gay à l’inceste.

Ce n’est pas la première fois que les déclarations de Smotrich font scandale. Eldad Rabinovich candidat n°11 du parti d’extrême droite, faisant allusion au ministre de la Sécurité publique ouvertement gay Amir Ohana (Likud), avait déclaré que le Parti sioniste religieux s’engagerait pour « restaurer la nature » au sein de la société israélienne.

Lors d’une interview à la radio de l’armée, Smotrich a refusé à plusieurs reprises de répondre. Il a seulement dit qu’il respectait Ohana en tant qu’être humain et le considérait même comme un ami. Mais qu’il existait de profondes dissensions avec lui et la communauté LGBT portant sur des notions de « valeurs ».

L’un des intervieweurs de la radio militaire a alors qualifié Smotrich et son parti de « racistes » puisqu’il refuse des droits égaux à la communauté LGBT.

« Les droits individuels sont importants », mais il ne faut pas négliger les valeurs et l’intérêt public. Il faut que les questions sociales puissent être débattues » a-t-il rétorqué en ajoutant : « Vous et vos amis êtes mille fois plus radicaux que moi. Vous êtes incapable de faire preuve de tolérance vis-à-vis de mes opinions. »

Des Israéliens et des touristes brandissent des drapeaux à la Gay Pride de Tel Aviv, le 8 juin 2018. (Crédit : AP/Sebastian Scheiner)

Puis Smotrich a demandé si l’État d’Israël approuverait un mariage entre un frère et une sœur ou entre une mère et son fils, comparant ainsi le mariage homosexuel à l’inceste.

Et lorsque les deux journalistes ont répondu « non », Smotrich a répliqué qu’ils étaient donc eux aussi  « racistes ».

Smotrich, qui siège à la Knesset depuis 2015, s’était déjà fait remarquer il y a dix ans lorsqu’il avait organisé une « Parade des bêtes » pour protester contre la fierté LGBT. Il avait ensuite présenté ses excuses.

Il avait soutenu la participation du parti kahaniste Otzma Yehudit et de la faction anti-LGBT Noam dans la liste de son parti afin, selon ses termes, de faire preuve de « responsabilité » devant les blocs de droite et ne perdre aucune voix. De récents sondages montrent que son parti parviendrait à remporter les quatre sièges requis pour se hisser au-dessus du seuil électoral.

Yoav Kisch, député du parti de Netanyahu a condamné jeudi les propos de Smotrich qui « ne sont pas à l’ordre du jour du Likud ».

Anti-Netanyahu, mais pas anti anti-LGBT

Les questions des droits LGBT déchirent aussi les partis anti-Netanyahu.

En effet, Avigdor Liberman, chef du parti laïc Yisrael Beytenu, a dû se justifier sur la Douzième chaîne mercredi après que la femme d’affaires Nicol Raidman l’a accusé de ne pas vouloir s’asseoir dans la même pièce que des amis homosexuels.

Le président du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, visite l’hôpital Assuta à Ashdod, le 23 février 2021. (Flash90)

Liberman ne s’est pas appesanti et a dit qu’il « y avait des choses plus sérieuses [à discuter] et que cette question serait abordée après les élections.

Merav Michaeli, tête de file du parti travailliste a déclaré jeudi à la radio militaire : « Tous les gens de gauche qui votent pour Liberman parce qu’il est contre les Haredim devraient prendre en compte le fait qu’il n’est pas un libéral. »

Liberman a alors tweeté : « Yisrael Beytenu est en faveur d’une égalité totale pour la communauté LGBT, comme le montrent les deux lois que nous avons soumises à la Knesset sortante concernant le mariage civil et le divorce. »

Mercredi, le président de la liste commune, Ayman Odeh, a également été confronté à la pression des militants LGBT. Lors de la campagne électorale à Tel-Aviv, on lui a demandé ce que son parti ferait pour protéger les droits d’un groupe si souvent marginalisé dans la communauté arabe.

Des Israéliens, dont des participants brandissant un drapeau palestinien, participent à un rassemblement pour les droits LGBT à Tel Aviv, le 28 juin 2020. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Odeh a souligné son opposition à toute violence anti-LGBT. Il a aussi dit que sa faction Hadash au sein de la Liste commune avait voté en faveur d’une législation concernant la soi-disante thérapie de réorientation sexuelle, ce qui a suscité de vives critiques de la part de l’opinion arabe.

« Nos valeurs incluent la lutte contre toute forme de discrimination. Je n’ai pas été élu à la Knesset pour interférer dans la vie privée des gens », a-t-il déclaré.

« Il faut cependant comprendre que c’est un sujet très sensible pour les  citoyens arabes. Dans les années 1970, 1980, 1990, le public juif était aussi réticent. Il faut changer la situation de l’intérieur et non pas d’en haut. Nous sommes confrontés à des luttes difficiles comme la violence et le crime et nous devons être unis. Choisissons une voie qui puisse respecter tous les êtres humains », a-t-il ajouté.

Mais sa déclaration n’a en rien apaisé les manifestants qui comptaient des membres de la communauté arabe LGBT et qui ont insulté le chef de la Liste arabe unie pour avoir esquivé la réponse.

Ils ont aussi exprimé leur dégoût face au refus d’Odeh de condamner les propos du n ° 2 de son parti, Ahmad Tibi, qui a déclaré qu’il ne soutiendrait pas une loi en faveur de la communauté LGBT.

Le député Ahmad Tibi assiste à une manifestation de restaurateurs et de travailleurs devant la Knesset à Jérusalem, pour protester contre le confinement lié au coronavirus et le manque de soutien financier du gouvernement, le 4 janvier 2021. (Yonatan Sindel/Flash90)

« Vous réclamez la tolérance des juifs, mais qu’en est-il de moi ? Et mes frères et sœurs qui souffrent de violence ? » a hurlé un manifestant qui a quitté la réunion en signe de protestation.

« Les luttes contre l’occupation et pour les droits de la communauté LGBT doivent être menées de front », a déclaré un autre manifestant.

Odeh craint de perdre des voix au profit de la faction Ra’am qui s’est séparée de la Liste arabe unie il y a plusieurs mois et dont un point fort de la campagne est la lutte contre les droits des LGBT, a déclaré un conseiller de la Liste arabe unie à la Douzième chaîne.

De plus en plus de sondages indiquent que Ra’am parviendra à franchir le seuil électoral avec quatre sièges, tandis que la Liste arabe unie composée des partis Hadash, Ta’al et Balad parviendrait à obtenir sept sièges contre neuf aux dernières élections.

Même au sein du parti Meretz, qui s’est longtemps vanté d’être plus pro-LGBT, le sujet provoque des conflits.

Rinawie Zoabi, n° 4 de la liste de gauche, a déclaré la semaine dernière à la station Kul al-Arab qu’elle s’abstiendrait lors d’un vote interdisant la thérapie de réorientation sexuelle « par respect » pour le public arabe dont elle était issue.

Plus tard dans la journée, le parti a publié une vidéo de Zoabi assurant aux électeurs qu’elle soutiendrait en fait une telle loi et soutiendrait tous les efforts en faveur de l’égalité des LGBT.

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