Israël en guerre - Jour 587

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Opinion

Son premier mandat a été remarquable vis-à-vis d’Israël, et ce, dès le début. Que fera Trump cette fois-ci ?

Négociations directes avec le Hamas, relations confuses avec l'Iran, vision irréaliste pour Gaza et maintenant un accord avec les Houthis, sans coordination avec Netanyahu. Sans sans mot à dire, Israël ne peut qu'espérer qu'il y a encore beaucoup de choses à venir

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le président américain Donald Trump (à droite) prennent la parole lors d'une conférence de presse conjointe dans la salle Est de la Maison Blanche, le 4 février 2025. (La Maison Blanche, via Wikipédia)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le président américain Donald Trump (à droite) prennent la parole lors d'une conférence de presse conjointe dans la salle Est de la Maison Blanche, le 4 février 2025. (La Maison Blanche, via Wikipédia)

En juin 2009, pour son premier déplacement dans notre voisinage immédiat en qualité de président des États-Unis, Barack Obama s’était rendu au Caire, d’où il avait prononcé un discours tourné vers le monde musulman dans lequel il avait évoqué Israël dans le contexte de la Shoah, sans jamais faire allusion à l’histoire juive en Terre Sainte dans l’Antiquité. Il était rentré chez lui sans faire escale en Israël, pourtant seul et unique allié démocratique et ultra-fiable des États-Unis dans cette partie du monde.

Donald Trump, en revanche, a dès son premier déplacement à l’étranger en qualité de président, passé deux jours en Israël en mai 2017, s’est incliné devant le mur Occidental et a parlé de ce qu’il a qualifié de « privilège », celui de s’adresser au peuple d’Israël dans l’ancienne ville de Jérusalem. « Je vous fais cette promesse », a-t-il déclaré lors de l’événement public final de sa visite, au Musée d’Israël, « mon administration sera toujours aux côtés d’Israël ».

« Les dirigeants iraniens appellent régulièrement à la destruction d’Israël », avait tristement rappelé Trump lors de ce discours, avant de s’écarter du texte préparé sur les téléprompteurs pour prendre cet engagement : « Cela n’arrivera pas avec Donald J Trump, soyez-en certains ! » Le public, à commencer par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’est levé et a applaudi. « Merci », a-t-il dit par trois fois, alors que les applaudissements redoublaient d’intensité. Une fois le calme revenu, il a agité la main et dit, avec un sourire : « Moi aussi, je vous aime ». La pièce s’est emplie d’un murmure à la fois amusé et reconnaissant.

Le président américain Donald Trump prononce un discours au Musée d’Israël à Jérusalem, le 23 mai 2017. (Photo AFP/Menahem Kahana)

Huit ans plus tard, Trump est de retour à la Maison Blanche et s’apprête à effectuer son premier déplacement dans la région depuis sa réélection. Comme en 2017, il se rendra en Arabie saoudite. Contrairement à 2017, il a déclaré mardi soir qu’il ne se rendrait pas en Israël.

Il pourrait encore changer d’avis. La « très, très importante annonce » promise avant son départ pourrait fort bien rebattre les cartes de ce qu’il entend faire là-bas.

Mais pour Israël, de la part d’un président qui a largement fait ses preuves lors de son premier mandat en matière d’actions pro-israéliennes spectaculaires – reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et transfert de l’ambassade américaine, négociation des accords d’Abraham et retrait de l’accord JCPOA de 2015 sur le programme nucléaire iranien voulu par Obama – les paroles et actions de ces 100 premiers jours s’avèrent de plus en plus inquiétantes.

Sans en informer Israël, il a ouvert des pourparlers directs avec le Hamas par l’intermédiaire de l’émissaire Adam Boehler, qui ne pense pas que la raison d’être du Hamas soit d’éliminer Israël, supervisé par son envoyé le plus important sur les questions de politique étrangère, Steve Witkoff, qui pense lui aussi que le Hamas n’est pas « idéologiquement inapprochable ».

En informant Netanyahu un tout petit peu avant le reste du monde, Premier ministre impuissant à ses côtés dans le Bureau ovale, il annonce avoir entamé des négociations avec l’Iran, cette fois encore avec Witkoff dans le rôle principal. Lui-même et ses proches ont passé tout le mois dernier à faire des allers-retours sur la question de savoir si l’accord qui, selon lui, « va se faire », requiert l’arrêt de tout enrichissement d’uranium iranien ou non, entraînera le démantèlement de toutes les installations nucléaires de l’Iran… ou non. Que cela empêchera un régime bien décidé à se doter de l’arme nucléaire d’atteindre cet objectif, avec Israël comme cible principale… Ou non.

Manifestement sans en parler vraiment avec Netanyahu, il avait avant cela dévoilé sa vision étrange pour le contrôle et la destruction de Gaza, et sa transformation en un projet immobilier au Moyen-Orient, changeant à nouveau de manière caractéristique sur la question de savoir si cela impliquerait l’expulsion forcée de tous les Gazaouis, et n’offrant aucun mécanisme crédible pour faire le distinguo entre les « merveilleux » Gazaouis non-Hamas qu’il relogerait on ne sait où et les Gazaouis inhumains du Hamas, qui devraient être éliminés.

Fumée dans la zone de l’aéroport Ben Gurion après le tir d’un missile balistique sur Israël depuis le Yémen le 4 mai 2025 (Capture d’écran des réseaux sociaux utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Et puis, mardi, deux jours après que le groupe terroriste houthi du Yémen a percé les défenses aériennes habituellement efficaces d’Israël et tiré un missile balistique sur l’aéroport Ben Gurion, à quelques centaines de mètres de la principale tour de contrôle – ce qui a incité la quasi-totalité des compagnies aériennes internationales à annuler leur desserte de notre petit pays assiégé – il annonce avoir conclu un accord avec les Houthis en vertu duquel les États-Unis ne cibleront plus leurs actifs.

Étonnamment, une fois encore, il n’a pas prévenu Israël – un pays dont les compagnies aériennes nationales sont désormais les seuls liens fiables avec le reste du monde et qui est directement exposé aux activités malveillantes d’un groupe terroriste qu’il a exonéré de toutes responsabilités.

Si le président a demandé que les Houthis cessent de s’en prendre à Israël dans le cadre de l’accord conclu avec eux, il n’a pas dû insister beaucoup puisque les Houthis ont fait suivre son annonce fracassante de la déclaration qu’ils continueraient effectivement à nous attaquer, ce qu’ils ont fait en tirant un drone dans notre direction mercredi matin.

S’il n’y avait pas ce premier mandat qui a considérablement soutenu Israël – pas seulement par des discours mais par des actions d’une portée incroyablement profonde – on pourrait vous pardonner de vous demander si Trump n’a pas pris toutes ces décisions contre Israël, ou du moins dans une certaine indifférence envers Israël, peut-être sous l’emprise de cette animosité personnelle anti-Netanyahu on ne peut plus évidente lorsqu’il avait déclaré « Va te faire foutre », en janvier 2021, parce que le Premier ministre avait (trop rapidement à son goût) félicité Joe Biden pour sa victoire aux élections présidentielles de 2020.

Cette fois, Trump a pris ses fonctions en s’engageant à faire cesser les guerres et faire passer l’Amérique en premier. Le premier de ces objectifs, s’il est réalisable, est tout à fait louable et en même temps extrêmement bénéfique pour toute l’humanité. Et le dirigeant de chaque nation a l’obligation première de veiller avant tout aux intérêts de son pays. Mais on ne peut pas arrêter partiellement les guerres, ou conclure des accords avec des nations ennemies, uniquement sur la base des intérêts personnels de son pays, surtout quand on est à la tête d’une superpuissance mondiale et que son président est en quelque sorte aussi le leader du monde libre. Cela reviendrait à abandonner ses alliés et arracher une victoire éphémère pour les intérêts de l’Amérique, puisque les ennemis génocidaires auxquels le monde libre est confronté ne peuvent pas être maîtrisés par des accords à court terme ou mal taillés.

Pour l’heure, Israël a de plus en plus de raisons de s’inquiéter d’un président américain dont nos dirigeants et une grande partie du pays pensaient qu’il allait mettre le bien-être d’Israël tout en haut de ses priorités mondiales. Cette « très, très grande annonce » a vraiment intérêt à être un coup de génie.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu signe un livre d’or à la Maison Blanche sous le regard du président américain Donald Trump à Washington DC, le 7 avril 2025 (Avi Ohayon/GPO)

Parti en fumée

Avec les États-Unis dirigés par un dirigeant pour le moins imprévisible, la nécessité pour Israël de s’unir pour sa propre défense n’a jamais été aussi grande.

Israël a toujours défendu sa capacité à se défendre lui-même, tout en dépendant de ses principaux alliés sur le plan militaire, diplomatique ou autres, que ce soit pratique ou psychologique. Depuis le 7 octobre et cette promptitude méprisable à blâmer la victime – Israël s’efforce de déloger le gouvernement cynique et embusqué du Hamas à Gaza et d’obtenir la libération de nos otages – ce soutien international a connu un déclin peut-être sans précédent.

Pourtant, Netanyahu continue d’attiser les divisions internes, en s’emportant contre tous ses opposants politiques ou publics, qu’il qualifie d’outils aux mains de nos ennemis, en s’attaquant à toutes les institutions indépendantes de l’État, en discréditant le pouvoir judiciaire et en soutenant le refus de la communauté ultra-orthodoxe de servir alors même que le fardeau de nos forces de réserve pèse de plus en plus lourd.

Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Eyal Zamir (au centre), dans le quartier de Shejaiya à Gaza, le 15 avril 2025. (Armée israélienne)

Aujourd’hui, il est sur le point de se lancer dans une opération militaire de grande envergure à Gaza – qui risque de mettre en danger les otages, de tuer davantage de soldats, davantage de Gazaouis – dont il assure qu’elle réussira là où 18 mois de guerre ont échoué à remporter une « victoire totale ». Il affirme que le dernier plan de guerre est l’oeuvre du chef d’État-major de Tsahal.

Pourtant, son ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, dont le soutien lui est indispensable, s’est réjoui cette semaine à l’idée que cette opération aboutisse non pas au remplacement du Hamas par une gouvernance locale, régionale et/ou internationale fiable, mais à la « destruction totale » de Gaza, à la réclusion de sa population dans une zone frontalière étroite et à la réoccupation permanente de la bande de Gaza par Israël et les forces israéliennes, ce qui n’est certainement pas l’objectif déclaré de Tsahal.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) dans une vidéo avec le ministre des Finances Bezalel Smotrich après l’adoption du budget pour 2025, le 25 mars 2025. (Capture d’écran/GPO)

La métaphore parfaitement horrible de notre condition a été fournie au début de Yom HaAtsmaout, lorsque la cérémonie officielle d’ouverture en direct a dû être annulée et qu’une répétition générale pré-enregistrée a été diffusée à la place, en raison des vents violents qui ont propagé les pires feux de forêt auxquels nous ayons été confrontés dans les environs de Jérusalem.

Sauf qu’il ne s’agissait pas de la métaphore d’un pays en flammes tentant de célébrer son indépendance. Des parties du pays étaient en train de s’embraser alors que nous essayions de célébrer l’indépendance, avec des programmes pré-enregistrés, face à des feux de forêt en temps réel, avec des services d’incendie et de secours on ne peut plus héroïques – supervisés par le pyromane Itamar Ben Gvir et volontairement privés des budgets nécessaires par un gouvernement dysfonctionnel – tentant vaille que vaille de circonscrire les incendies alors même que Netanyahu accusait à tort des incendiaires arabes et que son malveillant de fils pointait du doigt « la gauche »…

Un incendie fait rage près de chars désarmés à Yad Lashiryon, le site commémoratif et le musée du corps blindé, à côté de Latroun, à l’extérieur de Jérusalem, le 30 avril 2025. (X ; utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

« Israël est un pays extraordinaire depuis sa création. Il fait face aux menaces extérieures avec créativité, résilience et succès, et les États-Unis seront toujours son allié le plus fort. Pourtant, la force d’Israël réside dans son unité », a déclaré un Américain admiratif quelques jours plus tard, lors d’un événement organisé à l’occasion de la fête de l’indépendance à l’ambassade d’Israël à Washington DC.

« Ces 20 derniers mois, les Israéliens sont nombreux à faire des sacrifices. En leur honneur, j’exhorte le peuple israélien à choisir l’unité et non la division, la vision plutôt que le désaccord et l’espoir plutôt que le désespoir. Lorsque vous le ferez, l’avenir d’Israël brillera plus que jamais », a conclu cet orateur.

Bien vu, Steve Witkoff, car il s’agit bien de lui. Et nous avons vraiment, vraiment besoin de soutien, de consultations ouvertes et constructives, et d’un leadership avisé de la part de votre administration.

L’envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s’exprime lors d’un événement organisé par l’ambassade d’Israël à Washington à l’occasion du Jour de l’Indépendance, le 5 mai 2025 (Capture d’écran X ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Peut-être que le président américain va à nouveau changer d’avis et faire la démonstration de sa solidarité envers Israël en trouvant le temps de passer la semaine prochaine. Peut-être joue-t-il un jeu tellement fin que, lorsque tout sera révélé, l’Iran, les Houthis, le Hamas et les autres seront dépassés et impuissants, et nous verrons les nouveaux alliés des accords d’Abraham promis par Trump s’associer à Israël, et notre nation devenir beaucoup plus sûre.

De toute évidence, les dirigeants d’Israël ont du mal à faire preuve d’influence. Il ne nous reste plus qu’à espérer.

« Les liens du peuple juif avec cette Terre Sainte sont anciens et éternels. Ils remontent à des milliers d’années, au règne du roi David, dont l’étoile flotte désormais fièrement sur le drapeau blanc et bleu d’Israël. » Telle fut la déclaration de Donald Trump, président des États-Unis lors de son premier mandat, à Jérusalem, le 23 mai 2017 – en faisant ce que son prédécesseur n’avait pas réussi à faire : faire état de notre lien avec cette terre, lors d’une visite anticipée en Israël que son prédécesseur avait préféré ne pas faire.

« Pour que les enfants du Moyen-Orient aient un avenir, il faut que le monde reconnaisse pleinement le rôle vital de l’État d’Israël », avait poursuivi Trump. « Au nom des États-Unis, nous nous engageons à vous soutenir et à défendre nos valeurs communes afin qu’ensemble, nous puissions vaincre le terrorisme et instaurr la sécurité pour tous les enfants de Dieu. »

Je dis amen à cela.

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