Israël en guerre - Jour 593

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Reportage

Il ne reste presque plus rien du parc Canada, près de Jérusalem, ravagé par les flammes

70 % de la réserve a brûlé lors des incendies de la semaine passée, mais selon le garde-forestier Nitai Zakharia, il renaîtra de ses cendres, mais cela prendra du temps

  • Un camion de pompiers calciné par les violents incendies de forêt qui ont frappé le centre d'Israël, le 30 avril 2025, sur une photo prise le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)
    Un camion de pompiers calciné par les violents incendies de forêt qui ont frappé le centre d'Israël, le 30 avril 2025, sur une photo prise le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)
  • Le Parc Canada, parc national du KKL-JNF situé dans les contreforts de la Judée, une semaine après les violents incendies qui l'ont frappé le 30 avril 2025, sur une photo prise le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)
    Le Parc Canada, parc national du KKL-JNF situé dans les contreforts de la Judée, une semaine après les violents incendies qui l'ont frappé le 30 avril 2025, sur une photo prise le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)
  • Nitai Zakharia, garde-forestier en chef du parc Canada, montre un grenadier endommagé dans la réserve naturelle, le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)
    Nitai Zakharia, garde-forestier en chef du parc Canada, montre un grenadier endommagé dans la réserve naturelle, le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)
  • L'entrée principale du parc Canada, également connu sous le nom de parc Ayalon-Canada, parc national géré par le KKL, le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)
    L'entrée principale du parc Canada, également connu sous le nom de parc Ayalon-Canada, parc national géré par le KKL, le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)
  • Vue aérienne des dommages causés à la forêt du parc Canada, ravagée par de violents incendies, non loin des collines de Jérusalem, il y a de cela quelques jours, sur une photo prise le 3 mai 2025. (Crédit : Edi Israël/Flash90)
    Vue aérienne des dommages causés à la forêt du parc Canada, ravagée par de violents incendies, non loin des collines de Jérusalem, il y a de cela quelques jours, sur une photo prise le 3 mai 2025. (Crédit : Edi Israël/Flash90)

L’odeur âcre du bois calciné continue de saturer l’air alors même que les dernières flammes ont été éteintes quelques jours plus tôt. Des squelettes d’arbres dressent leur silhouette au sommet de la colline blanchie par les cendres ; certains laissent encore s’échapper des volutes de fumée.

Le parc Canada, autrefois paradis des randonneurs et des cyclistes, est vide et désolé en ce début d’après-midi de dimanche, suite aux feux de forêt qui ont ravagé le centre d’Israël la semaine dernière.

Il faudra à la partie boisée du parc, l’une des plus touchées par les incendies qui ont réduit en cendres les collines à l’ouest de Jérusalem mercredi et jeudi derniers, des dizaines d’années pour s’en remettre, eplique le garde-forestier en chef du Fonds national juif KKL-JNF.

« C’était un véritable bijou. C’est le paradis sur terre qui a brûlé », déplore Nitai Zakharia, le garde-forestier en chef du parc.

En charge du parc depuis sept ans en sa qualité de directeur de terrain du KKL, Zakharia semble découragé en examinant ce qu’il reste de la forêt, à bord de sa camionnette, passant devant de vastes étendues de sol recouvertes de cendres, à l’endroit-même où s’élevaient autrefois des buissons et des arbres.

Le parc Canada, également connu sous le nom de parc Ayalon-Canada, s’étend sur près de 1 214 hectares dans les contreforts de Judée. Situé en Cisjordanie, au-delà de la Ligne verte, le parc attirait 2 à 3 millions de visiteurs chaque année. Jusqu’au jour de ces fameux incendies.

Selon les estimations de Zakharia, l’incendie aurait détruit pas moins de 70 % de la flore du parc, sur près de 809 hectares.

Le Parc Canada, parc national du KKL-JNF situé dans les contreforts de la Judée, une semaine après les violents incendies qui l’ont frappé le 30 avril 2025, sur une photo prise le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

Les estimations officielles parlent de plus de 2 000 hectares de forêts partis en fumée dans le secteur des collines de Jérusalem, avec des pertes matérielles minimes et quelques blessés légers.

Les pompiers sont dans l’ensemble parvenus à maîtriser les flammes jeudi dernier, mais nombre d’entre eux bataillaient encore dimanche pour lutter contre la résurgence de flammèches prêtes à relancer le brasier.

Tout en conduisant, Zakharia écoute son talkie-walkie qui fait état de la reprise de petits incendies. Les flammes repartent de plus belle dans la forêt de Kula, près d’Elad, qui relève également de sa compétence.

Dans le parc Canada, plusieurs troncs d’arbres continuent de brûler en ce dimanche après-midi, produisant de petites flammes et des volutes de fumée trois jours après que les pompiers ont circonscrit le brasier.

Tout en nous montrant des feuilles rougies et teintées d’une note orangée, Zakharia explique avec tristesse que nombre d’arbres ayant réchappé aux flammes ont tout de même subi des dégâts irréparables à cause de la chaleur et qu’ils mourront sans doute dans les prochaines semaines.

« Adieu au parc »

Ces dernières années, le Parc Canada avait connu de petits feux de broussaille sur des surfaces de 0,2 à 0,3 hectare, mais qui avaient été rapidement circonscrits par la division de lutte contre les incendies du KKL.

« Nous ne nous faisions pas d’illusions », commente Zakharia. « Il était clair que le parc risquait de brûler, mais nous ne nous attendions pas à un incendie comme celui-ci. »

Nitai Zakharia, garde-forestier en chef du parc Canada, montre un grenadier endommagé dans la réserve naturelle, le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

À 9h30 mercredi matin, jour de Yom HaZikaron, l’incendie s’est déclaré dans la forêt d’Eshtaol, au sud du parc Canada, de l’autre côté de la Route 1, la principale autoroute entre Tel Aviv et Jérusalem. Les flammes ont atteint le nord grâce aux vents secs d’une vitesse de près de 80 kilomètres/heure qui soufflaient ce jour-là, et il n’a pas fallu longtemps pour que les étincelles n’embrasent le reste du parc Canada.

L’équipe locale de Zakharia s’était rendue près d’Elad et d’Eshtaol ce matin-là, pour lutter pied à pied contre les incendies qui s’y étaient déclarés, laissant le parc Canada sans défense ou presque. En chemin pour le parc, sur les coups de midi, Zakharia a appelé un de ses collègues responsable d’Eshtaol.

« Je lui ai dit : ‘Écoute, Yaakov, assure-toi d’avoir des renforts en nombre pour que le feu ne franchisse pas la Route 1 et qu’il ne vienne pas dans notre direction.’ Il m’a dit qu’ils avaient 10 camions de pompiers prêts à éteindre l’incendie », rappelle-t-il.

A son arrivée au parc Canada, les flammes avaient déjà commencé à engloutir des arbres.

Vue du violent incendie qui s’est déclaré près de Moshav Eshtaol, le 23 avril 2025. (Chaim Goldberg/Flash90)

« J’ai tout de suite su que personne ne pourrait arrêter l’incendie à temps », se souvient Zakharia. « J’ai fait mes adieux au parc. »

A un moment, le garde-forestier a vu des pompiers quitter les lieux pour aller sécuriser les communautés voisines menacées par les flammes.

« Je suis allé voir un groupe qui partait et je leur ai demandé comment ils pouvaient partir à un pareil moment. Ils m’ont expliqué qu’ils avaient failli être encerclés par le feu et que leur camion avait brûlé », ajoute-t-il.

Quelques jours après l’incendie, on a retrouvé le châssis calciné d’un camion de pompiers en bordure de forêt, près de l’autoroute, avec à son bord, encore chauds, les restes noircis d’extincteurs et de buses ainsi que du métal fondu.

Un camion de pompiers calciné par les violents incendies de forêt qui ont frappé le centre d’Israël, le 30 avril 2025, sur une photo prise le 4 mai 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

Les enquêteurs ignorent les causes exactes des incendies, mais il pourrait s’agir d’un accident, malgré les rumeurs d’incendie criminel déclenché par des Palestiniens.

Zakharia ne croit pas à la piste humaine, et penche davantage en faveur des circonstances météorologiques – la chaleur et la sècheresse de la journée, sans oublier les fortes rafales de vent et la topographie des lieux.

« Un violent feu de forêt est presque toujours la conséquence des conditions météorologiques. Il est rarissime de se trouver en présence d’un pareil incendie sans des conditions météorologiques difficiles », explique-t-il.

Le fait que le feu ait pénétré dans le parc depuis le bas d’une pente n’a fait qu’aggraver la situation, ajoute-t-il, car « comme on le sait bien, le feu progresse en hauteur ».

« Rien n’a joué en notre faveur », conclut-il.

« Des difficultés à faire face à tout »

Au moment où Zakharia montre au Times of Israel ce qu’il reste du parc Canada, la ministre de la Protection de l’environnement, Idit Silman, arrive à l’improviste avec deux assistants. Elle abaisse la vitre arrière de son Audi noire de fonctions et lui demande comment il va.

« Nous aurions vraiment besoin de l’aide des autorités. Nous avons vraiment du mal à faire face », lui dit-il.

Vue de l’énorme feu de forêt qui a fait rage près de Mevo Horon, le 30 avril 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La semaine dernière, au moment même où les incendies mettaient à rude épreuve les ressources humaines et donnaient lieu à des appels à l’aide envers l’étranger, des voix se sont élevées pour rappeler que le gouvernement avait réduit le budget de l’Autorité des incendies et des secours de 217 millions de shekels au titre du budget national adopté quelques semaines plus tôt.

Silman lui promet une action de la part du gouvernement, sans plus de détails, prend le numéro de téléphone de Zakharia et poursuit son chemin.

Plus loin, Zakharia explique que l’aide publique la plus efficace consisterait, selon lui, à mettre en place des zones tampons de façon à contenir les incendies et sécuriser les zones habitées, pour ralentir la propagation des feux.

De telles mesures donneraient un peu de répit au modeste service chargé de la lutte contre les incendies en Israël et lui permettrait de déployer des forces dans les forêts au lieu de se consacrer uniquement aux villes et villages.

« Si une ville n’est pas bien entretenue, il faudra une centaine d’équipes, mais si elle est bien entretenue, une vingtaine suffira pour lutter contre l’incendie et les autres pourront ainsi aller sauver la forêt », explique-t-il.

Un pompier tente d’éteindre l’énorme feu de forêt qui a ravagé le parc Canada, à l’ouest de Jérusalem, le 30 avril 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Selon l’Autorité des incendies et des secours, ses effectifs sont très en deçà du ratio idéal « pompier/habitant » de l’OCDE, qui formule des recommandations politiques pour les pays développés. La norme mondiale est en effet d’un pompier de métier pour 1 000 habitants là où Israël déploie un pompier pour 4 500 habitants.

« C’est extrêmement tendu d’un bout à l’autre de la chaîne », expliquait en janvier, au Times of Israel, la porte-parole de l’Autorité des incendies et des secours, Tal Volvovitch.

Mais rien de ce que feront les autorités ne pourra accélérer le temps – les dizaines d’années nécessaires à la renaissance du Parc Canada.

« Pour que cet endroit soit à nouveau considéré comme une forêt, il faudra 20 ans au moins, et seulement s’il n’est pas une nouvelle fois la proie des flammes », ajoute Zakharia en montrant des chênes centenaires plantés dans les années 1970, lors de la création du parc. Même les jeunes arbres ne refleuriront pas avant trois ans.

Des passionnés d’histoire participent à la reconstitution du pèlerinage des 1187 Chevaliers à Jérusalem, dans le parc Canada, le 14 décembre 2018. (Crédit : Yaniv Nadav/Flash90)

Nombre d’écologistes estiment que les incendies de forêt sont un processus naturel et essentiel au maintien d’écosystèmes boisés sains, au nettoyage des matières organiques mortes et au soutien de la diversité des espèces, par l’apport de nutriments au niveau du sol et l’ouverture de nouveaux espaces pour une meilleure croissance.

Dans les années à venir, Zakharia espère faire de cette catastrophe une occasion de renouveau pour le parc Canada, en reboisant selon une approche prenant en compte le risque d’incendie.

Avec son équipe, il a ainsi l’intention de replanter des arbres en les éloignant davantage les uns des autres le long des principales allées du parc et de créer davantage de zones tampons dénuées de végétation sur l’ensemble du site.

« Quelques minutes après avoir vu ce que faisait l’incendie, j’ai commencé à penser à l’après », conclut-il. « C’est ce qui nous permet de continuer à avancer. »

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