Sous la pression du KKL, Israël rase des bâtiments palestiniens près de Bethléem
Une famille palestinienne a perdu une longue bataille juridique pour conserver sa maison et son restaurant
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Lundi, les forces de sécurité israéliennes ont démoli la maison et le restaurant d’une famille à proximité de Bethléem, mettant ainsi un terme à près de 15 ans d’une bataille juridique menée par une branche de l’organisation KKL-JNF Fonds national juif contre des Palestiniens locaux.
La démolition des bâtiments de la famille Cassia a suivi une décision de la Cour suprême du mois dernier qui a rejeté le dernier appel des Palestiniens contre les ordres de démolition.
La propriété, située entre les villages de Battir et Beit Jala dans le sud de Jérusalem sont située dans la zone C de la Cisjordanie, où Israël exerce un contrôle civil et militaire.
La famille Cassia affirme avoir été en possession de la propriété depuis des générations. Pour prouver qu’ils possédaient la propriété, elle a fourni aux autorités israéliennes un document que l’on appelle malia. Ce document devait attester que la famille payait des impôts sur la propriété à l’époque où la Jordanie contrôlait la Cisjordanie.
Pourtant, le ministre de la Défense a rejeté, à plusieurs reprises au cours des vingt dernières années, leur demande pour un permis de construire, déclarant que le malia n’était pas suffisant pour prouver qu’ils détenaient la propriété, selon la loi israélienne.
En 2005, la famille a cependant choisi de construire des bâtiments sur ce qui avait été une terre agricole, bâtissant une grande maison, mais aussi un restaurant et une ferme.
L’Administration civile – l’organisme du ministère de la Défense qui autorise la construction dans la zone C sous contrôle israélien en Cisjordanie, a émis des ordres de démolition et a rasé plusieurs bâtiments au cours des quinze dernières années, mais la maison et le restaurant n’avaient pas été détruits puisque la famille Cassia s’opposait aux ordres de destructions devant les tribunaux.
En 2017, Himanuta, une branche de l’organisation KKL-JNF connue pour acheter des terres en Cisjordanie et à Jérusalem Est, s’est jointe aux procédures juridiques de l’Etat contre les Cassia. L’organisation a présenté des documents montrant qu’elle avait acheté la terre en 1969, et le tribunal a alors jugé que ces documents étaient légitimes.
Le groupe de veille anti-implantations La Paix maintenant a remis en doute l’authenticité de l’achat de Himanuta, citant la famille qui affirme fermement qu’elle n’a vendu la terre à personne.
En outre, l’ONG de gauche a déclaré, dans un communiqué publié dimanche, que la terre située entre Bethléem et Jérusalem n’a pas de cadastre et les rares transactions immobilières qui ont eu lieu au cours des dernières années ont été faites selon des découpages non précis, qui ont souvent conduit à des erreurs pour délimiter les propriétés.
Critiquant le rôle de KKL-JNF dans les démolitions de lundi, La Paix maintenant a déclaré dans le communiqué que « le fait d’exproprier la famille palestinienne qui vit sur place depuis des décennies, et de détruire le restaurant qui lui permet de vivre, n’est pas dans l’intérêt du Fonds national juif et ne reflète pas le désir de milliers de Juifs dans le monde qui donnent de l’argent au groupe ».
זהו. פחות מחמש דקות ואין בית pic.twitter.com/kInpX6X9ci
— Hagit Ofran חגית עופרן (@hagitofran) August 26, 2019
Ce n’est pas la première fois qu’Himanuta dépose un recours pour faire démolir une propriété palestinienne.
En 2017, la branche du KKL-JNF a déposé un recours pour faire démolir l’ensemble du village d’Arab a-Ramadin, qui se trouvait à cheval sur la barrière de sécurité dans le nord de la Cisjordanie. L’organisation a seulement pu prouver la propriété d’une petite partie du village et la Cour suprême a rejeté son recours.
KKL-JNF n’a pas répondu à notre demande de commentaires.
L’ONG pro-implantations Regavim a salué l’exécution de la décision de justice par les forces de sécurité, expliquant que la prise de contrôle de la famille Cassia s’inscrivait dans un effort plus large de l’Autorité palestinienne à contrôler de plus grandes zones de terre en zone C.
« C’est un exemple précis du besoin urgent qu’a Israël de terminer la mise en place d’un cadastre en Judée et Samarie – il s’agit d’une première étape nécessaire pour réduire la prise de contrôle massive de terre par les Palestiniens en Judée et Samarie », a déclaré Regavim dans un communiqué.