Starmer défend la décision « légale » de geler certaines livraisons d’armes à Israël
"Nous continuerons, bien évidemment, de défendre le droit d'Israël à se défendre, mais il est important que nous soyons un État attaché au droit international", a affirmé le Premier ministre
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a défendu mercredi devant le Parlement la décision « légale » et non politique de son gouvernement de suspendre certaines livraisons d’armes à Israël, après les critiques suscitées par cette annonce.
« Nous continuerons, bien évidemment, de défendre le droit d’Israël à se défendre, mais il est important que nous soyons un État attaché au droit international », a déclaré Starmer, interpellé par le chef de l’opposition et ancien Premier ministre Rishi Sunak lors de la séance hebdomadaire de questions à la chambre des Communes.
« C’est un sujet difficile, je le reconnais, mais c’est une décision légale, pas une décision politique », a-t-il insisté.
« Le cadre légal est clair […] nous devons examiner les licences d’exportation d’armes » et « nous sommes arrivés à une conclusion légale claire », a-t-il encore expliqué pour justifier cette décision, critiquée par le gouvernement israélien et par des voix au sein de la communauté juive britannique et de l’opposition conservatrice.
Londres a annoncé lundi la suspension d’une trentaine de licences d’exportation d’armes à Israël sur un total de 350, évoquant les conclusions d’un examen légal qui a estimé qu’il existe « un risque » qu’elles soient utilisées en violation du droit humanitaire international dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien le 7 octobre.
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant s’est dit « profondément déçu » par cette décision, qui confirme un durcissement de la position du nouveau gouvernement travailliste à l’égard d’Israël, et un léger désalignement vis-à-vis de son allié américain.
Nos alliés « comprennent » notre décision, a assuré Starmer, confirmant avoir informé les États-Unis et Israël en amont.
L’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Robert O’Brien, avait toutefois averti qu’une telle décision aurait « un potentiel pour une sérieuse rupture » avec les États-Unis, quel que soit le président.
Le Royaume-Uni devrait « agir avec beaucoup de prudence », a-t-il déclaré au groupe de réflexion Policy Exchange. « Les conséquences d’un embargo sur les armes à destination d’Israël sont une chose à laquelle le Royaume-Uni doit vraiment réfléchir à l’heure où la Russie et la Chine représentent une menace massive pour l’Occident. »
Une telle décision conduirait presque certainement le Congrès américain à appliquer un contre-embargo qui l’amènerait à cesser de fournir des armes au Royaume-Uni, a averti O’Brien.
En outre, la participation du Royaume-Uni à la production des avions de combat F-35 pourrait être menacée, a-t-il ajouté.
De son côté, le porte-parole du Conseil national de sécurité américain John Kirby a déclaré mardi « qu’au moment où nous parlons, les États-Unis n’ont pas établi qu'[Israël] avait violé le droit international humanitaire ».
Depuis son arrivée au pouvoir début juillet, le gouvernement travailliste a suivi la même ligne que son prédécesseur conservateur sur le conflit, appelant à un cessez-le-feu immédiat, à la libération de tous les otages et à l’accélération de l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.
Mais il a aussi repris le financement du controversé Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), accusé par Israël d’employer « plus de 400 terroristes » à Gaza, et renoncé à contester la demande de mandat d’arrêt international contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant la Cour pénale internationale (CPI).
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 33 otages dont le décès a été confirmé par Tsahal.
En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.
Plus de 40 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël dit avoir tué 17 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.