Londres renonce à contester la demande de mandat d’arrêt contre Netanyahu à la CPI
L'initiative de Starmer "est contraire à la justice et à la vérité et viole le droit de toutes les démocraties à lutter contre le terrorisme", dit un haut responsable israélien
Le nouveau gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a abandonné le projet initié sous les conservateurs de contester la demande de mandat d’arrêt international contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant la Cour pénale internationale, a annoncé vendredi Downing Street.
« Il s’agissait d’une proposition du précédent gouvernement qui n’a pas été soumise avant l’élection, que je peux confirmer que le gouvernement ne reprendra pas, en ligne avec notre position de longue date qu’il revient à la justice de décider », a déclaré une porte-parole de Downing Street.
La porte-parole a souligné l’importance que le gouvernement, en place depuis la victoire des travaillistes aux élections du 4 juillet, accorde à la séparation des pouvoirs et à l’Etat de droit.
Jeudi, le New York Times avait annoncé l’intention du nouveau Premier ministre britannique de lever l’objection de son pays à l’encontre des mandats d’arrêt potentiels.
Dans la foulée, un haut responsable israélien avait critiqué jeudi l’annonce de la décision du Royaume-Uni d’abandonner son projet de contester la demande de mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant.
« Israël est profondément déçu par cette décision fondamentalement erronée », a déclaré le haut responsable lors d’un point de presse à Washington, où Netanyahu et ses principaux collaborateurs sont en visite officielle.
« Cette décision est contraire à la justice et à la vérité et viole le droit de toutes les démocraties à lutter contre le terrorisme », a ajouté le haut responsable.
En mai, le procureur de la CPI, Karim Khan, a introduit une demande de mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant, ainsi que contre trois dirigeants du groupe terroriste palestinien du Hamas : Ismail Haniyeh, Yahya Sinwar et Muhammad Deif.
Dans une interview au Sunday Times fin mai, le procureur s’était défendu de les mettre sur le même plan. « Israël a tout à fait le droit de protéger sa population et de récupérer les otages », avait affirmé Karim Khan. « Mais personne n’a le droit de commettre des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité. »
Israël et le Hamas sont en guerre depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes dirigés par le groupe ont déferlé sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, assassinant près de 1 200 personnes et prenant 251 otages, pour les emmener dans la bande de Gaza.
Israël a répondu par une offensive dans la bande de Gaza avec pour objectif l’anéantissement du Hamas, le retour des otages et pour empêcher toute menace future pour la sécurité de l’enclave.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 39 000 personnes auraient été tuées ou seraient présumées mortes jusqu’à présent, mais il est impossible de vérifier ce bilan, qui ne distingue pas entre les civils et les terroristes. Israël affirme avoir tué quelque 15 000 terroristes dans les combats et environ 1 000 terroristes à l’intérieur d’Israël lors du pogrom le 7 octobre.
Khan a accusé le Premier ministre et le ministre de la Défense d’Israël « d’exterminer et d’affamer délibérément des civils comme méthode de guerre, notamment en refusant d’acheminer l’aide humanitaire, et de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile dans le cadre du conflit ».
Israël a déclaré que de nombreux civils étaient morts parce que le groupe terroriste les utilisait comme boucliers humains. L’État hébreu a souligné ses efforts pour étendre l’aide humanitaire acheminée à Gaza et a attribué la crise humanitaire aux agences d’aide qui ne distribuent pas correctement les fournitures et au pillage des camions d’aide par les groupes terroristes et les gangs.
Le retrait par le gouvernement travailliste de son opposition aux mandats marque la dernière rupture du Royaume-Uni avec les États-Unis sur la question du soutien à Israël dans la guerre en cours.
La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, David Lammy, avait annoncé le rétablissement du financement britannique de l’UNRWA, l’Office des Nations unies pour les réfugiés de Palestine et leurs descendants, qu’Israël accuse d’aider et de soutenir le Hamas.
En outre, le nouveau procureur général du gouvernement travailliste a exprimé son opposition à l’interdiction par le gouvernement précédent des initiatives locales de boycott d’Israël.
Les États-Unis, qui s’opposent aux demandes de mandats, n’ont pas renouvelé leur soutien financier à l’UNRWA et ont adopté une législation interdisant le boycott d’Israël.
Starmer, dont la femme et les enfants sont Juifs, s’est déclaré sioniste par le passé. Il a par ailleurs chassé des membres du parti travailliste accusés d’antisémitisme, y compris son prédécesseur à la tête du parti, Jeremy Corbyn.