Storebrand se désengage de Palantir dû à l’utilisation de son logiciel par Tsahal
La société norvégienne retire son investissement du fournisseur américain de plateforme de données d'IA déployée par Israël pour la surveillance et la sécurité en Cisjordanie et à Gaza
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
L’investisseur norvégien Storebrand Asset Management s’est désengagé de sa participation dans Palantir Technologies, craignant que l’implication de la firme de données d’intelligence artificielle (IA) dans la fourniture de services à l’armée et aux forces de sécurité israéliennes ne viole le droit international humanitaire et les droits de l’homme.
Dans une mise à jour la semaine dernière, Storebrand, qui gère 1,2 trillion de couronnes (109 milliards de dollars) d’actifs, a déclaré avoir retiré son investissement de Palentir « en raison [de] ses ventes de produits et de services à Israël pour une utilisation dans les Territoires palestiniens occupés ». Le gestionnaire d’actifs détenait auparavant environ 262 millions de couronnes (24 millions de dollars) dans Palentir, a déclaré un porte-parole à Reuters.
Le géant américain de l’analyse de données développe des logiciels utilisant l’IA pour analyser de vastes quantités de faits et de chiffres, qui sont déployés par l’administration civile gouvernementale, l’armée et les agences de renseignement. Les plateformes logicielles de données d’IA sont utilisées par les agences de renseignement pour aider au profilage des informations afin d’identifier des cibles telles que les terroristes, ainsi qu’à la prise de décision opérationnelle pour les plans de bataille.
Ses outils d’IA aident les enquêteurs à démasquer les réseaux de traite des êtres humains, à retrouver les enfants exploités et, dans le monde des affaires, à repérer les délits financiers complexes et les délits d’initiés.
La société d’exploration de données basée à Denver, dont la valeur boursière s’élève à 100 milliards de dollars, est active en Israël depuis une dizaine d’années et dispose d’un bureau à Tel Aviv dirigé par de nombreux anciens responsables du gouvernement israélien. En janvier, le co-fondateur et PDG de Palantir, Alex Karp, a organisé la première réunion du conseil d’administration de l’entreprise de l’année à Tel Aviv pour montrer sa solidarité avec Israël pendant la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.
Storebrand a déclaré que sa décision de mettre fin à son investissement dans Palantir intervient après que le gouvernement norvégien a averti les entreprises norvégiennes dans une déclaration officielle début mars que
« s’engager dans toute activité économique ou financière dans les implantations israéliennes illégales pourrait leur faire courir le risque de contribuer aux violations du droit humanitaire international et des droits de l’homme. »
L’investisseur norvégien a également fait référence à un avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice (CIJ) en juillet, qui affirmait que la présence d’Israël à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza (malgré le retrait unilatéral de Gaza en 2005) était illégale. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et de nombreux ministres, ainsi que des dirigeants pro-implantations, ont vivement dénoncé cette décision non contraignante.
Storebrand a révélé que selon son analyse, Palantir fournit « des systèmes de police prédictive basés sur l’IA, aux forces militaires et de sécurité israéliennes pour soutenir la surveillance des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza dans les Territoires palestiniens occupés ».
« Ce système est censé identifier les individus susceptibles de lancer des attaques terroristes de type ‘loup solitaire’, facilitant ainsi leur arrestation de manière préventive avant les frappes qu’il est prévu qu’ils mènent », a affirmé Storebrand.
L’investisseur norvégien a indiqué que Palantir n’avait répondu à aucune de ses demandes d’informations répétées depuis qu’il avait été contacté pour la première fois en avril.
La Norvège est le dernier d’une série de pays européens à réévaluer ses relations commerciales avec Israël depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
Tout au long de la guerre, la Norvège a critiqué le comportement d’Israël. Fin mai, la Norvège, tout comme l’Espagne et l’Irlande, a officiellement reconnu un « État palestinien ».
Au début du mois, la Norvège a relevé son niveau de menace terroriste par crainte d’un risque accru d’attentats contre des cibles juives et israéliennes en raison de l’escalade du conflit au Moyen-Orient. Le niveau d’alerte a été relevé après que la police du Danemark voisin a inculpé deux individus soupçonnés d’avoir fait exploser des grenades à main près de l’ambassade d’Israël à Copenhague.