Israël en guerre - Jour 373

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Suite au tollé, le Washington Post retire une caricature sur l’utilisation de boucliers humains par le Hamas

Le rédacteur en chef explique que la caricature - le porte-parole du groupe terroriste portant des civils en guise de gilet pare-balles - est considérée comme « raciste »

Des gens passant devant le One Franklin Square Building, siège du journal The Washington Post, dans le centre-ville de Washington, le 21 février 2019. (Crédit : Pablo Martinez Monsivais/AP)
Des gens passant devant le One Franklin Square Building, siège du journal The Washington Post, dans le centre-ville de Washington, le 21 février 2019. (Crédit : Pablo Martinez Monsivais/AP)

Suite aux réactions négatives d’une partie de sa rédaction et des lecteurs, parmi lesquelles des accusations de « racisme », le Washington Post a retiré de son site Internet une caricature dénonçant l’utilisation de boucliers humains par le Hamas, a fait savoir le journal.

La caricature, intitulée « Boucliers humains », représente un porte-parole du Hamas en train de dire « Comment Israël ose-t-il s’en prendre aux civils ? », avec une femme effrayée portant un hijab et quatre jeunes enfants attachés par une corde à sa ceinture.

La caricature avait été publiée dans l’édition imprimée de mardi avant d’être retirée du site d’information le lendemain.

Israël combat les groupes terroristes dans la bande de Gaza suite à l’attaque dévastatrice du 7 octobre dernier, au cours de laquelle les terroristes ont tué plus de 1 200 personnes et fait environ 240 otages. Israël, qui s’est promis d’en finir avec le Hamas et de l’écarter du pouvoir à Gaza, assure faire son possible pour limiter le nombre de victimes civiles, mais accuse le Hamas d’utiliser les Gazaouis comme boucliers humains en cachant ses armes et ressources militaires au cœur des quartiers peuplés de civils. Il a d’ailleurs apporté la preuve de tirs de roquettes effectués depuis des secteurs peuplés de civils et l’existence de tunnels du Hamas sous des immeubles de logements. Selon lui toujours, le groupe terroriste dispose d’un important centre de commandement situé sous le plus grand hôpital de Gaza, l’hôpital Shifa.

Le président américain Joe Biden a également déclaré que le Hamas utilisait des civils comme boucliers humains.

Le rédacteur en chef de la partie éditoriale du Post, David Shipley, a expliqué les motifs de retrait de la caricature.

« En ma qualité de rédacteur en chef de la partie éditoriale, je suis responsable de ce qui apparaît dans les pages et sur les écrans du journal. L’appréciation du contenu dépend de mon jugement. Il se trouve que la caricature publiée par Michael Ramirez sur la guerre à Gaza, dont j’ai approuvé la publication, a été perçue par de nombreux lecteurs comme raciste. Ce n’était pas mon intention. Pour moi, ce dessin caricature un individu en particulier, le porte-parole du Hamas, qui s’est réjoui des attaques contre des civils non armés en Israël », a écrit Shipley.

« Toutefois, les réactions suscitées par cette image m’ont convaincu que je n’avais pas vu quelque chose de profondément clivant, ce que je regrette. L’ambition de la partie éditoriale est de trouver des points communs, comprendre les liens qui nous unissent, même dans les moments les plus sombres. C’est dans cet esprit que nous avons retiré le dessin. Nous publions également une sélection de réactions à cette caricature. »

La rédactrice en chef du Washington Post, Sally Buzbee, a envoyé un courriel aux membres de la rédaction dans la journée, pour appeler l’attention sur les propos de Shipley, qui avaient déjà fait l’objet d’une note adressée aux membres de la rédaction.

« Compte tenu des nombreuses préoccupations et débats de fond qui agitent aujourd’hui notre salle de rédaction, je souhaite m’assurer que tout le monde a vu les notes envoyées ce soir par le rédacteur en chef de la partie éditoriale du Post, David Shipley, aux lecteurs du Post et à son équipe », a écrit Buzbee.

L’information concernant le courriel de Buzbee à la rédaction a été rapportée par le Washington Free Beacon, puis par Fox News, vendredi.

Le compte officiel X (anciennement Twitter) de l’État d’Israël a réagit en disant : « La vérité peut faire mal, mais c’est toujours la vérité. »

Le Post a publié les réactions de certains de ses lecteurs à la caricature.

L’un d’entre eux a écrit que « mettre la mort de civils palestiniens sur le compte du Hamas, et non sur le compte de ceux qui les tuent réellement, est une déformation grossière de la situation ».

Un autre a déclaré : « Il n’y a pas de sujet plus délicat que la bande de Gaza en termes de choix de mots. Pourquoi le Post ne soumet-il pas ses caricatures au même examen minutieux ?

Un troisième a décrit le dessin comme « profondément malveillant et injurieux », pétri de « stéréotypes raciaux ».

« Représenter les Arabes sous des traits exagérés et cantonner les femmes à un rôle inférieur et tout aussi stéréotypé ne fait que perpétuer le racisme et les préjugés sexistes, ce qui est absolument inacceptable », a écrit le lecteur.

Un autre a déclaré qu’il s’agissait « d’une tentative d’excuser les crimes de guerre israéliens ».

Un homme est assis sur les décombres des bâtiments ciblés par des frappes aériennes israéliennes, dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, le 1er novembre 2023. (Crédit : AP Photo/Abed Khaled)

Un lecteur a apporté son soutien à la caricature : « Enfin, une caricature éditoriale qui a capté l’essence du terrorisme du Hamas. S’il vous plaît, continuez. »

Le poète américain d’origine palestinienne Remi Kanazi a écrit sur les réseaux sociaux : « Voilà donc ce qu’est le Washington Post. Voilà le genre de racisme anti-palestinien qui est acceptable pour lui. »

Ramirez a auparavant travaillé pour le Las Vegas Review-Journal, où il a remporté par deux fois un prix Pulitzer. Il a commencé à travailler pour le Post en mai de cette année.

Le 2 novembre dernier, Ramirez avait réagi au mouvement Black Lives Matter, qui avait publié des déclarations pro-palestiniennes suite à l’attaque du Hamas. Dans une caricature publiée par le Las Vegas Review-Journal, il a représenté un militant du mouvement Black Lives Matter en train de brandir une banderole sur laquelle on pouvait lire « Terrorist Lives Matter ».

ALIRE : Aux Etats-Unis, Black Lives Matter rejoint encore plus la cause palestinienne

Le Washington Post a rapporté les affirmations d’Israël selon lesquelles le Hamas utilisait les hôpitaux de Gaza comme centres de commandement. Il a également fait état d’un incident, survenu le 13 octobre dernier, au cours duquel des Palestiniens évacuant le nord de la bande de Gaza auraient été touchés par une frappe aérienne.

L’armée israélienne avait alors déclaré ne « pas être au courant d’un tel événement à cet endroit. Nous n’avons pas tiré. Nous ne prêtons pas le flanc aux manipulations du Hamas », selon le Post.

Les décombres de bâtiments détruits par des frappes aériennes israéliennes dans le cadre de la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 octobre 2023. (Crédit : Mahmud Hams/AFP)

Par le passé, le journal s’est régulièrement attiré les foudres des organisations pro-israéliennes pour ses caricatures du conflit israélo-palestinien.

Lors de précédents combats entre Israël et la bande de Gaza sous contrôle du Hamas, le Post avait ainsi publié une caricature du Premier ministre Benjamin Netanyahu en train de frapper un bébé palestinien, sous le regard de la silhouette d’un combattant de Gaza.

À l’époque, le Centre Simon Wiesenthal s’était fendu d’un communiqué pour dénoncer une caricature « répugnante ». Le doyen du centre, le rabbin Abraham Cooper, avait dit que cette représentation était « profondément éloignée de la vérité ».

« La direction du Hamas utilise ouvertement les habitants de Gaza comme boucliers humains pour protéger leurs armes de destruction massive », avait-il déclaré.

L’intense offensive aérienne et terrestre d’Israël contre les infrastructures du Hamas aurait d’ores et déjà tué plus de 11 000 personnes, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas à Gaza. Ce chiffre, qui ne peut pas être vérifié de manière indépendante, pourrait comprendre des membres de groupes terroristes ainsi que des civils tués par des roquettes palestiniennes égarées. Le Hamas est soupçonné de gonfler à dessein le nombre de victimes.

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