Suite aux critiques de Musk sur Soros, Chikli trouve le CEO de Twitter « exemplaire »
Le ministre de la Diaspora dit que la "majorité" des Israéliens admirent le milliardaire, même si selon les Affaires étrangères et l'ADL, ses propos attisent l'antisémitisme
Le ministre des Affaires de la Diaspora, Amichai Chikli, a défendu jeudi Elon Musk après l’attaque du patron de Twitter et milliardaire de la tech contre le mécène juif George Soros, s’attirant les foudres du ministère des Affaires étrangères et de l’Anti-Defamation League (ADL).
Musk a écrit lundi sur Twitter que Soros « hait le genre humain » et a comparé le philanthrope à un vilain de bande dessinée. Le ministère des Affaires étrangères, l’ADL et d’autres organisations juives ont dit que ces déclarations attisaient l’antisémitisme, même si le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a par la suite renié la déclaration de son bureau.
Chikli a rejoint le débat jeudi en prenant la défense de Musk, et en déclarant qu’en « tant que ministre israélien chargé de la lutte contre l’antisémitisme, je tiens à préciser que le gouvernement israélien et la grande majorité des citoyens israéliens considèrent Elon Musk comme un entrepreneur extraordinaire et un exemple à suivre ».
« Critiquer Soros – qui finance les organisations les plus hostiles au peuple juif et à l’État d’Israël – est tout sauf de l’antisémitisme, bien au contraire ! » a écrit Chikli sur Twitter.
Soros est un milliardaire et un survivant de la Shoah qui soutient des causes progressistes et est une cible courante des théories du complot antisémites.
Chikli est membre du Likud, le parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
As Israel’s minister who's entrusted on combating anti-Semitism, I would like to clarify that the Israeli government and the vast majority of Israeli citizens see Elon Musk as an amazing entrepreneur and a role model. Criticism of Soros – who finances the most hostile…
— עמיחי שיקלי – Amichai Chikli (@AmichaiChikli) May 18, 2023
Musk a déclenché la controverse, lundi, en publiant que Soros « me rappelle Magneto », un méchant de bande dessinée qui figure dans la série X-Men de Marvel. Le personnage, comme Soros, est un survivant de la Shoah.
Dans un deuxième message, Musk a déclaré : « Il veut éroder le tissu même de la civilisation. Soros déteste le genre humain ».
Si Musk s’est insurgé contre les politiques progressistes, le motif de son attaque contre Soros n’est pas clair. Le jour même où les tweets ont été publiés, le bureau d’investissement de la famille Soros a liquidé son investissement dans Tesla, la société de voitures électriques de Musk.
Le ministère des Affaires étrangères a associé les propos de Musk à de l’antisémitisme.
« L’expression ‘The Jews’ est montée en flèche aujourd’hui dans la liste des sujets tendance sur Twitter à la suite d’un tweet à connotation antisémite de nul autre que le propriétaire et PDG du réseau social, Elon Musk », a tweeté le ministère des Affaires étrangères sur son compte officiel.
Le ministère a déclaré que le tweet de Musk « a immédiatement donné lieu à des théories du complot antisémites sur Twitter ».
Séparément, le directeur de la diplomatie numérique du ministère, David Saranga, a tweeté une capture d’écran des chiffres de tendance de Twitter montrant que, mardi matin, il y avait 27 900 tweets récents utilisant l’expression « Les Juifs ».
Les tweets étaient « remplis de conspirations antisémites et de discours de haine visant les Juifs du monde entier », a écrit David Saranga. « Malheureusement, Twitter ne fait rien pour résoudre ce problème.
Cohen a par la suite a par la suite renié ces publications
« Il n’y aura plus de tweets de ce genre », a déclaré Cohen, selon la presse israélienne, dans un rare cas où un ministre réfute une déclaration de son propre ministère.
Le directeur général de la Ligue anti-diffamation (ADL), Jonathan Greenblatt, a qualifié les propos publiés par Musk de « dangereux » et d’encourageant pour les extrémistes antijuifs.
« Soros est souvent présenté par l’extrême droite, en utilisant des tropes antisémites, comme la source des problèmes du monde », a tweeté Greenblatt. « Voir Elon Musk, quelle que soit son intention, alimenter ces discours – en le comparant à un super-vilain juif, en affirmant que Soros ‘déteste le genre humain’ – n’est pas seulement affligeant, c’est dangereux : cela va encourager les extrémistes qui élaborent déjà des conspirations anti-juives et ont essayé d’attaquer Soros et les communautés juives en conséquence. »
Musk a répliqué en déclarant que « l’ADL devrait simplement laisser tomber le ‘A' », sous-entendant que le groupe, qui est l’organisme de surveillance de l’antisémitisme le plus important aux États-Unis, devrait plutôt s’appeler la « Ligue de la diffamation ».
Ces échanges ont eu lieu alors que Twitter a été critiqué pour sa politique laxiste en matière de discours haineux depuis que Musk, l’une des personnes les plus riches du monde, a racheté la plateforme l’année dernière.
Soros, 92 ans, est depuis longtemps la cible des conservateurs qui soutiennent des causes et des hommes politiques progressistes aux États-Unis et dans le monde entier. Depuis une dizaine d’années, certaines des attaques ont fait écho à des théories du complot antisémites, dépeignant Soros comme satanique, l’accusant de chercher à contrôler le monde et l’accusant à tort d’avoir aidé à perpétrer la Shoah plutôt que d’y avoir survécu dans son enfance.
Ces théories du complot ont été amplifiées après l’élection de Donald Trump en 2016, qui a fait de Soros le centre de sa dernière campagne cette année-là, campagne au cours de laquelle Soros a été dépeint comme un méchant alors qu’il se présentait aux élections de 2024.
Musk, qui se définit comme un absolutiste de la liberté d’expression, a rétabli les comptes Twitter d’extrémistes de droite qui avaient été interdits par le passé, une décision qui a alarmé les groupes juifs de lutte contre la discrimination, mais a été contraint d’en re-suspendre certains après qu’ils aient recommencé à publier des tweets haineux.
En décembre, Musk a dissous un groupe consultatif axé sur la « confiance et la sécurité » sur Twitter. En mars, une étude réalisée par le groupe de réflexion Institute for Strategic Dialogue a révélé que l’antisémitisme avait plus que doublé sur la plateforme au cours des mois qui ont suivi la prise en main de celle-ci par Musk.