Musk attaque l’ADL qui l’accuse d’alimenter la rhétorique antisémite sur Twitter
Le PDG de Twitter a écrit que "l'ADL devrait laisser tomber le 'A'", insinuant que l'organisme de surveillance de l'antisémitisme, devrait plutôt s'appeler la "Ligue de la diffamation"
JTA – Quelques heures après avoir tweeté que George Soros « hait l’humanité », s’attirant les foudres du ministère israélien des Affaires étrangères et de nombreux autres, le milliardaire américain Elon Musk s’en est pris à l’Anti-Defamation League (ADL), semblant s’attirer les louanges d’une série de comptes suprémacistes blancs sur Twitter, dont il est le propriétaire.
Mardi après-midi, Elon Musk a tweeté : « L’ADL devrait laisser tomber le ‘A' », insinuant que le groupe, qui est l’organisme de surveillance de l’antisémitisme le plus important aux États-Unis, devrait plutôt s’appeler la « Ligue de la diffamation ».
Le tweet de Musk a été publié après que le PDG de l’ADL, Jonathan Greenblatt, a critiqué les remarques de Musk sur Soros, marquant le dernier chapitre de la relation en dents de scie entre l’ADL et le PDG de Twitter. Lorsque Musk était sur le point d’acheter la plateforme de réseaux sociaux, Greenblatt l’avait félicité. Mais dans les mois qui ont suivi cette acquisition, l’ADL s’était montrée de plus en plus critique à l’égard de Musk, l’accusant d’adopter une attitude laxiste à l’égard des discours à caractère haineux.
Lorsqu’on lui a demandé de réagir, l’ADL a renvoyé à la déclaration de Greenblatt faite plus tôt dans la journée, dans laquelle il prenait Musk à partie pour ses remarques sur Soros, notamment un tweet dans lequel Musk comparait le méga-donateur progressiste et survivant de la Shoah à un méchant de bande dessinée.
Greenblatt a tweeté que les commentaires de Musk « enhardiront les extrémistes qui élaborent déjà des conspirations anti-juives et ont essayé d’attaquer Soros et les communautés juives en conséquence ».
Un autre dirigeant d’organisation juive, le PDG de l’American Jewish Commitee Ted Deutch, s’est fait l’écho de cette critique. « Le mensonge selon lequel les Juifs veulent détruire la civilisation a conduit à la persécution du peuple juif pendant des siècles. Musk devrait le savoir », a-t-il écrit sur Twitter. (Le tireur de l’attaque de la synagogue de Pittsburgh en 2018 avait fait référence à une théorie du complot sur Soros).
ADL should just drop the “A”
— Elon Musk (@elonmusk) May 16, 2023
Cette querelle est bien différente de l’attitude de Greenblatt en octobre dernier envers Musk, dont il avait fait l’éloge le qualifiant « d’entrepreneur incroyable et un innovateur extraordinaire », le « Henry Ford de notre époque ». Même s’il a reconnu par la suite que « la référence à Henry Ford était erronée », étant donné que Ford était probablement l’antisémite le plus notoire de l’histoire américaine, Greenblatt avait ajouté : « Nous voulons être prudemment optimistes sur la façon dont Musk dirigera la plateforme parce qu’il a innové avec succès d’autres industries et s’est attaqué à des problèmes incroyablement complexes ».
Depuis, l’ADL a adopté un point de vue plus négatif. Moins d’un mois après l’analogie avec Henry Ford, l’ADL avait appelé à un boycott publicitaire de Twitter en raison d’un pic d’antisémitisme sur le site. Dans les mois qui ont suivi, l’ADL avait critiqué Twitter pour avoir supprimé les garde-fous contre les discours à caractère haineux en dissolvant un organe consultatif axé sur la « confiance et la sécurité » et en permettant aux antisémites qui avaient été bannis de revenir sur la plateforme.
Soros often is held up by the far-right, using antisemitic tropes, as the source of the world’s problems. To see @ElonMusk, regardless of his intent, feed this segment — comparing him to a Jewish supervillain, claiming Soros “hates humanity" — is not just distressing, it's… pic.twitter.com/ECAuYahSga
— Jonathan Greenblatt (@JGreenblattADL) May 16, 2023
La dynamique Musk-ADL est parallèle à la détérioration des relations entre l’ADL et un autre géant des réseaux sociaux, Facebook. Il y a plusieurs années, l’ADL a travaillé avec Facebook pour limiter les discours à caractère haineux, mais elle a ensuite mené un boycott publicitaire très médiatisé de la plateforme lorsqu’elle a jugé que Facebook et son PDG, Mark Zuckerberg, n’étaient pas déterminés à empêcher le sectarisme sur le site.
Musk n’est pas la seule personnalité publique à avoir ciblé l’ADL dans le cadre d’une critique plus large de la gauche. Tucker Carlson, animateur de Fox News récemment licencié, a critiqué à plusieurs reprises le groupe dans son émission après que l’ADL a demandé son éviction lorsqu’il a promu une théorie du complot antisémite dans son émission. En décembre, Carlson avait affirmé que l’ADL, l’une des plus grandes organisations juives du pays, « extorquait » de l’argent à des entreprises. Il avait déclaré que Greenblatt tirait parti de la réputation de l’ADL pour obtenir « une autorité morale et de l’argent liquide » et menacerait : « Envoyez-moi de l’argent ou je vous insulterai ».
Le tweet de Musk sur l’ADL semble avoir entrainé encore plus d’antisémitisme sur Twitter. Dans les heures qui ont suivi la publication du tweet de Musk, il s’est attiré les louanges d’une série de comptes publiant des contenus antisémites, qui ont repartagé son tweet en y ajoutant leurs propres commentaires.
Un compte appelé « White Power Ranger » a tweeté : « L’ADL est un groupe de pression et d’espionnage étranger suprémaciste juif ». Un autre compte avec un avatar de Pepe la grenouille, un dessin animé qui est devenu un symbole de l’alt-right, a tweeté une caricature d’un symbole fasciste traditionnel avec les mots suivants : « Nous sommes de retour ». Un autre a posté un GIF d’Adolf Hitler souriant à côté du message : « Avéré ».