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Syrie : l’alliance rebelle nie les accusations d’attaque au « gaz toxique »

Le drame a provoqué une centaine de cas de suffocation et entraîné des raids de représailles dimanche de l'allié russe

Une femme syrienne soignée à l'hôpital d'Alep après une attaque à l'arme chimique que les autorités ont imputé aux rebelles, le 24 novembre 2018. (Crédit : George OURFALIAN / AFP)
Une femme syrienne soignée à l'hôpital d'Alep après une attaque à l'arme chimique que les autorités ont imputé aux rebelles, le 24 novembre 2018. (Crédit : George OURFALIAN / AFP)

Une importante coalition rebelle a démenti toute implication dans l’attaque samedi soir contre cette métropole du nord aux mains du régime, les autorités syriennes et leur allié russe évoquant un possible recours au « chlore ».

Dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 360 000 morts, c’est le pouvoir de Bachar al-Assad qui a été le plus souvent accusé d’avoir utilisé l’arme chimique lors d’attaques souvent meurtrières.

Mais samedi, les autorités syriennes ont accusé des « groupes terroristes » d’avoir visé Alep, leur terminologie habituelle qui ne fait pas de distinction entre jihadistes et rebelles.

Selon un photographe de l’AFP, des dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, ont afflué la nuit vers un hôpital d’Alep, certains allongés sur les brancards du Croissant-Rouge, ou alors portés par des proches.

Un enfant syrien soigné à l’hôpital d’Alep après une attaque à l’arme chimique que les autorités imputent aux rebelles, le 24 novembre 2018. (Crédit : George OURFALIAN / AFP)

Les blessés semblaient pris de vertige et avaient du mal à respirer, et ont été soignés à l’aide de masques à oxygène, qu’ils ont gardé pendant une quinzaine de minutes.

L’agence officielle Sana a fait état de « 107 cas de suffocation ».

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a fait état de 94 cas de suffocation, dont la majorité ont quitté l’hôpital.

Le chef de la police d’Alep, cité par Sana, a accusé « les groupes terroristes » d’avoir utilisé « des roquettes contenant des gaz toxiques ». A Moscou, le ministère de la Défense russe a évoqué des « explosifs contenant apparemment du chlore ».

« Allégations mensongères »

En représailles, « des frappes ont été menées par des avions de l’armée russe » contre des positions de « terroristes », selon le ministère de la Défense russe. « Toutes les cibles ont été détruites ».

Ces raids, les premiers en plus de deux mois, ont visé des territoires contrôlés par les jihadistes et les rebelles près de la ville d’Alep, selon l’OSDH.

Ils interviennent malgré un accord dévoilé en septembre par la Russie et la Turquie, parrain traditionnel des rebelles, visant à mettre en place une trêve et à créer une « zone démilitarisée » qui doit séparer les territoires insurgés des régions gouvernementales dans les provinces voisines d’Alep et d’Idleb (nord-ouest).

Depuis fin 2016, Alep est sous contrôle du régime. Mais des secteurs à la périphérie ouest de la ville sont tenus par des groupes rebelles et jihadistes.

Des immeubles détruits, au nord-ouest d’Alep, le 20 novembre 2018. (Crédit : Aaref WATAD / AFP)

Rebelles et jihadistes contrôlent en grandes partie la province d’Idleb, ultime grand bastion insurgé et jihadiste de Syrie.

Le Front national de libération, l’alliance rebelle la plus importante présente dans les provinces d’Alep et d’Idleb, a démenti toute implication dans l’attaque.

« Nous démentons les allégations mensongères du régime sur une attaque contre Alep qui aurait été menée par les révolutionnaires (…) à l’aide de projectiles contenant du gaz de chlore », a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la coalition Naji Moustapha.

« Seul le régime criminel et son gang possèdent (ces armes) et les utilisent en Syrie », selon lui.

Toutefois, les groupes jihadistes présents dans le secteur, dont l’organisation Hayat Tahrir al-Cham et le groupuscule Houras al-Din, liés à Al-Qaïda, n’ont pas réagi.

« Prétexte »

Tout au long du conflit, le régime a été accusé par l’ONU et les capitales occidentales de faire usage d’armes chimiques, ce qu’il a toujours démenti.

En avril, le pouvoir avait été pointé du doigt pour une attaque chimique dans la Ghouta orientale, ex-bastion insurgé aux portes de Damas, qui a fait 40 morts civils selon les secouristes en zones rebelles. Les Occidentaux avaient mené des frappes de représailles.

Une femme et des enfants syriens courent se réfugier parmi les décombres de bâtiments après l’attentat à la bombe perpétré par le gouvernement dans la ville rebelle de Hamouria, dans la région assiégée de Ghouta Est, à la périphérie de la capitale Damas, le 19 février 2018. (AFP/Abdulmonam Eassa)

En 2016, une commission d’enquête de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques affirmait que des hélicoptères militaires syriens avaient répandu du gaz de chlore sur au moins deux localités d’Idleb, à Talmenes en 2014 et Sarmine 2015.

Cette commission avait aussi accusé des jihadistes -le groupe Etat islamique- d’avoir utilisé en 2015 du gaz moutarde à Marea dans la province d’Alep.

Sur l’attaque de samedi à Alep, le négociateur en chef de l’opposition syrienne en exil, Nasr al-Hariri, a accusé le régime Assad de fabriquer « un prétexte afin de lancer une opération militaire dans le nord syrien ».

Car Idleb a échappé de justesse à une offensive du régime, grâce à l’accord pour une « zone démilitarisée ».

Cette zone démilitarisée devait être mise en place en octobre après un retrait du secteur des jihadistes qui au final sont restés sur place. Des escarmouches y opposent régulièrement armée aux rebelles et jihadistes.

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