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Tel Aviv : La municipalité interrompt une prière de protestation non-autorisée

Des employés municipaux ont démantelé une mehitza que les fidèles avaient placée entre les hommes et les femmes sur le Kikar Dizengoff, en réponse aux heurts de Yom Kippour

Un manifestant s'attaquant au rabbin Leo Dee alors qu'il prie sur le Kikar Dizengoff à Tel Aviv, en Israël, le 5 octobre 2023. (Crédit : Capture d'écran vidéo ; utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)
Un manifestant s'attaquant au rabbin Leo Dee alors qu'il prie sur le Kikar Dizengoff à Tel Aviv, en Israël, le 5 octobre 2023. (Crédit : Capture d'écran vidéo ; utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)

Des employés de la municipalité de Tel Aviv ont démantelé jeudi une cloison que des fidèles avaient placée sur le Kikar Dizengoff, défiant ainsi les règles de la ville, avant une prière de protestation qui avait été annoncée pour Souccot.

L’incident fait suite à des semaines de tension au sujet des prières publiques séparées par sexe à Tel Aviv, qui ont donné lieu à de vives confrontations le jour de Yom Kippour entre laïcs et fidèles et qui ont mis en évidence le fossé sociétal qui polarise la société israélienne.

Pendant la prière, un homme non identifié a été filmé en train de heurter intentionnellement un fidèle, Leo Dee, dont la femme Lucy, 48 ans, et les filles Maia, 20 ans, et Rina, 15 ans, avaient été assassinées par des terroristes palestiniens au début de l’année.

Les opposants à la prière séparée dans l’espace public affirment qu’il s’agit d’un acte politique destiné à défendre une vision conservatrice du monde qui, selon eux, opprime les femmes. Ils font remarquer que les personnes souhaitant prier dans un espace réservé aux hommes et aux femmes ont à leur disposition des dizaines de synagogues.

Plusieurs manifestants ont assisté à la prière avec des haut-parleurs et ont scandé des slogans contre la coercition religieuse. Vers la fin de l’événement, les femmes qui priaient là avaient choisi de tenir à la main une sorte de cloison de manière à ce qu’elle ne touche pas le sol, de peur qu’elle ne soit considérée comme une mehitza – ou barrière utilisée pendant les prières pour séparer les hommes des femmes, conformément à la loi juive orthodoxe – halakha.

Dee, qui a prié sur le Kikar Dizengoff avec quelques dizaines de fidèles, a écrit dans une tribune publiée dans Maariv mercredi qu’il prierait sur la place pour protester contre l’interruption, le jour de Kippour, d’une prière qui comportait une mehitza, comme l’exige la halakha.

Des militants laïcs enlevant une cloison séparant les hommes et les femmes, faite de drapeaux israéliens, installée par le groupe Rosh Yehudi au mépris d’une ordonnance de la Haute Cour, lors d’une prière publique sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, le jour de Yom Kippour, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

La municipalité avait interdit au groupe organisateur de cette prière de Yom Kippour, Rosh Yehudi, de placer une quelconque barrière entre les hommes et les femmes, comme il l’avait fait lors des précédentes prières organisées par ses soins à cet endroit depuis 2020. La municipalité avait autorisé l’événement de Rosh Yehudi, mais avait stipulé pour la première fois qu’il ne devait pas comporter de mehitza, car cela serait discriminatoire.

Rosh Yehudi a affirmé ne pas avoir été partie prenante, d’aucune façon, avec l’office de jeudi.

A Kippour, les organisateurs avaient installé une structure en bambou avec des drapeaux israéliens suspendus en guise de séparation pour contourner l’interdiction. La police avait approuvé la séparation, estimant qu’il ne s’agissait pas d’une barrière puisqu’elle était franchissable. Mais les manifestants laïcs l’avaient démonté au cours d’une confrontation animée. Le lendemain, les laïcs avaient perturbé une deuxième prière publique de Kippour, bien qu’aucune cloison n’eut été érigée.

La mairie avait déclaré que Rosh Yehudi avait violé les conditions du permis accordé pour l’office de Kippour et avait révoqué les permis accordés à Rosh Yehudi pour organiser des événements à l’occasion de Souccot et de Simhat Torah, cette semaine. Le tribunal de Tel Aviv a depuis rejeté le recours déposé par Rosh Yehudi visant à annuler l’interdiction. Rosh Yehudi a annoncé qu’il ferait appel auprès de la Cour suprême qui, le jour de Yom Kippour, avait rejeté son recours déposé contre l’ordonnance de la ville.

« Ma famille et moi-même avons fait les plus grands sacrifices pour vivre dans le seul pays juif libre au monde, où l’on peut exercer sa foi juive ouvertement et sans crainte », a écrit Dee, qui a immigré en Israël depuis le Royaume-Uni, dans son article. « Mais aujourd’hui, dans les rues de Tel Aviv, les Juifs sont confrontés à une culture de l’intimidation et de la coercition. »

Le rabbin Leo Dee faisant l’éloge de ses deux filles Maia et Rina, qui ont été tuées dans un attentat terroriste le 7 avril 2023, lors de leurs funérailles le 9 avril 2023. (Crédit : Noam Revkin Fenton/FLASH90)

« Il est temps de nous confronter à ceux qui disent avoir le droit de ne pas voir d’autres personnes prier en public, conformément à la tradition juive. Car ce n’est que la partie émergée de l’iceberg et le judaïsme n’est, comme d’habitude, que la première cible », a-t-il ajouté.

Sur les réseaux sociaux, la prise de position de Dee a suscité des éloges mais aussi des critiques.

« Le fait qu’il soit un père endeuillé ne lui donne pas le droit de pointer un doigt dans l’œil des laïcs sur le Kikar Dizengoff. Doss pourri », a écrit une femme, Zehavit Orlev, sur X, en utilisant une injure contre les Juifs religieux, abréviation de dossim en hébreu – ou « orthodoxes ».

Comme beaucoup d’opposants à la prière séparée par sexe sur le Kikar Dizengoff, Orlev participe aux manifestations hebdomadaires contre le gouvernement radical du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui repose sur une coalition entre son parti, le Likud, et cinq partis religieux. Le plan de refonte du système judiciaire de la coalition, qui vise à transférer certains pouvoirs de la branche judiciaire et de la bureaucratie aux représentants élus, a déclenché une réaction brutale et un conflit sociétal dans lequel le rôle de la religion est un thème de premier plan.

Une femme discutant avec des activistes de Rosh Yehudi lors d’une prière de rue collective pour Yom Kippour sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)

De nombreux détracteurs du gouvernement estiment que ce dernier fait avancer un projet qui profitera aux Juifs religieux, imposant ainsi leurs valeurs aux laïcs et aux non-Juifs. Les politiques ou plans législatifs du gouvernement, qui prévoient notamment l’habilitation des tribunaux rabbiniques, sont également préjudiciables au statut des femmes, selon les critiques.

Les manifestants affirment principalement que la refonte portera atteinte à la démocratie en supprimant les contrôles et les contrepoids que les tribunaux exercent sur le gouvernement.

Mais de nombreux Israéliens rejettent ce point de vue, estimant que la refonte judiciaire et les lois qui respectent les traditions juives ne font que renforcer les principes démocratiques en donnant la parole à des millions d’Israéliens religieux qui se sentent réduits au silence par ce qu’ils perçoivent comme étant une élite dirigeante et judiciaire largement laïque.

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