Trump démantèle le ministère de l’Éducation, supprimant l’instance chargée de traiter les plaintes pour antisémitisme
Le cabinet a ouvert des dizaines d'enquêtes sur les droits civils liés à Israël depuis le 7 octobre, offrant un recours aux étudiants juifs et pro-israéliens sur les campus américains

JTA – Répondant à des décennies d’ambitions républicaines, l’administration Trump a réduit considérablement le ministère fédéral de l’Éducation, y compris son cabinet des droits civils — qui est passé à la vitesse supérieure pour traiter les accusations d’antisémitisme dans les facultés et les écoles publiques.
Le personnel du Cabinet des Droits civils, qui traite les plaintes déposées en vertu du titre VI de la loi sur les droits civils, compte parmi les victimes des licenciements massifs de l’administration.
Selon le site d’information sur l’éducation Chalkbeat, la moitié des 12 cabinets régionaux des droits civils sont en train d’être supprimés. Le New York Times rapporte qu’il ne reste qu’une « équipe réduite » dans les principaux cabinets de New York, Boston et San Francisco.
Le Cabinet des Droits civils traite les plaintes pour discrimination contre les écoles et a été une source centrale de recours pour les étudiants juifs et pro-israéliens qui estimaient que leurs droits étaient violés par les manifestations pro-palestiniennes sur les campus après le 7 octobre 2023.
Le Cabinet a ouvert des dizaines d’enquêtes sur les droits civils liés à Israël depuis lors, dont plusieurs depuis l’investiture du président Donald Trump, dans le contexte des promesses des administrations Biden et Trump de protéger les étudiants juifs sur les campus.
Pas plus tard que cette semaine, le Cabinet a envoyé des lettres à 60 facultés et universités pour les avertir qu’elles pourraient subir des conséquences si elles ne s’acquittaient pas de leur responsabilité de protéger les étudiants juifs.

Les critiques du cabinet des droits civils ont accusé ses enquêtes de prendre trop de temps et d’aboutir à des changements inadéquats. Alors que Trump se préparait à prendre ses fonctions à la Maison Blanche, les organismes de surveillance ont déclaré qu’ils s’attendaient à ce que le ministère de la Justice devienne le nouveau siège des questions relatives aux droits civils sur les campus, y compris le titre VI, si le ministère de l’Éducation venait à se réduire ou à fermer ses portes.
La procureure générale de Trump, Pam Bondi, s’est engagée à adopter une ligne dure à l’égard des manifestants pro-palestiniens sur les campus.
L’annonce du remaniement par le ministère de l’Éducation a précisé qu’il « continuerait à fournir tous les programmes statutaires qui relèvent de la compétence de l’agence », mais n’a pas mentionné le Cabinet des Droits civils.
Le ministère gère les fonds fédéraux destinés aux écoles accueillant des élèves issus de familles à faibles revenus et des élèves ayant des besoins particuliers. Il gère également les prêts fédéraux accordés aux étudiants.
Les Républicains affirment depuis longtemps que ce département, élevé au rang de cabinet par le Congrès en 1980, représente une affirmation inappropriée du pouvoir fédéral dans un domaine relevant de l’autorité locale.
Alors que les guerres culturelles se sont intensifiées au cours des décennies qui ont suivi, les conservateurs ont cloué au pilori le ministère, qui ne décide pas de ce qui est enseigné au niveau local, au motif qu’il fait avancer les idées progressistes dans les écoles.
Le New York Times a rapporté la semaine dernière qu’un projet de décret visant à démanteler complètement le ministère circulait à Washington.
Selon le journal, la seule instruction claire donnée à la secrétaire à l’Éducation, Linda McMahon, a été de « mettre fin à tous les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion restants ».
Le président américain, qui s’est lancé dans une vaste entreprise de réduction des effectifs de l’Etat fédéral, n’a jamais fait mystère de sa volonté de supprimer cet organisme, accusé de promouvoir des idées progressistes.
Le ministère a précisé dans un communiqué que ses effectifs passeront d’un peu plus de 4.100 à environ 2.200.
Interrogée sur Fox News pour savoir si ces licenciements représentaient une première étape avant un démantèlement complet, McMahon a répondu « oui ».
« Il est clair que nous ne supprimons pas l’éducation », a-t-elle toutefois insisté, expliquant que le président souhaitait seulement « supprimer la bureaucratie de l’éducation ».
Près de 600 employés avaient accepté selon le ministère de partir ces dernières semaines dans le cadre d’un plan de réduction des effectifs de l’Etat fédéral, piloté par le milliardaire Elon Musk, allié de Donald Trump.
1.300 autres seront placés en congé administratif à compter du 21 mars, a-t-il précisé dans un communiqué.
« Toutes les divisions du ministère sont touchées par cette réduction, certaines nécessitant une réorganisation importante pour mieux servir les étudiants, les parents, les éducateurs et les contribuables », a-t-il ajouté, affirmant toutefois que les programmes supervisés par le ministère, notamment les prêts étudiants, ne seraient pas affectés.
Mme McMahon a affirmé dans un autre entretien à la chaîne Newsmax que la restructuration du ministère permettrait d’économiser 500 millions de dollars par an.
« Le président a dit très clairement qu’il pensait que le ministère de l’Education devait disparaître », a déclaré Linda McMahon à Newsmax.
« Et il a dit que la réussite de mon travail consisterait à me mettre moi-même au chômage », a-t-elle ajouté.
Créé en 1979 sous la présidence de Jimmy Carter, le ministère de l’Education ne peut pas être complètement démantelé sans l’adoption d’une loi nécessitant 60 votes au Sénat, où les républicains disposent actuellement de 53 sièges.
L’Etat fédéral joue un rôle limité dans le financement et l’organisation de l’éducation aux Etats-Unis.
Mais les subventions fédérales sont inestimables pour les écoles situées dans des zones défavorisées sur le plan économique et social, ainsi que pour les élèves ayant des troubles de l’apprentissage.
La suppression potentielle du ministère de l’Education suscite la colère d’élus démocrates, de syndicats d’enseignants ainsi que de nombreux parents qui y voient une attaque inédite contre l’enseignement public, doublée d’une entreprise de promotion des idées conservatrices.
« La fermeture d’un ministère qui fournit des aides financières aux familles, finance des programmes d’activités périscolaires et veille à l’application des lois de notre nation sur les droits civils n’aide pas nos élèves à apprendre et ne rend pas notre pays meilleur », a fustigé dans un communiqué la sénatrice démocrate de l’aile gauche Elizabeth Warren.