Tsahal dit avoir alerté Netanyahu 4 fois des risques sécuritaires induits par les troubles civils de 2023
Le Premier ministre nie que l'armée ait indiqué que le Hamas pourrait attaquer alors que le gouvernement tentait de réformer le système judiciaire et assure que le groupe terroriste n'avait aucun intérêt à attaquer depuis Gaza
L’armée israélienne a révélé jeudi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a reçu de multiples communiqués de la Direction du renseignement militaire au printemps et à l’été 2023 l’avertissant de la façon dont les ennemis du pays percevaient les bouleversements de la société israélienne à l’époque.
En réponse à une demande déposée par l’association à but non lucratif Hatzlacha à ce sujet, l’unité du porte-parole de Tsahal a déclaré que « pendant l’année 2023, entre mars et juillet, quatre lettres d’avertissement différentes ont été transmises par la direction du renseignement, qui ont montré comment les ennemis d’Israël… percevaient l’atteinte à la cohésion de l’État d’Israël et de Tsahal en particulier. »
Hatzlacha, qui se décrit comme une organisation visant à promouvoir une société équitable en Israël, a déclaré qu’il y a sept mois, immédiatement après l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, elle avait déposé une demande d’informations concernant les avertissements donnés à Netanyahu avant cette attaque sans précédent.
L’armée israélienne n’a toutefois pas divulgué le contenu des lettres envoyées à Netanyahu, car étant émises par la direction du renseignement militaire, elles ne tombaient pas sous le coup de la loi sur la liberté d’information.
Le massacre du 7 octobre, perpétré par le Hamas, est intervenu après des mois de bouleversements sociaux en Israël, alors que le gouvernement de droite dure de Netanyahu tentait de faire passer sa loi controversée sur la refonte du système judiciaire du pays. Cet effort a déclenché un mouvement de protestation de masse sans précédent, et des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue chaque semaine.
Au cours des nombreuses manifestations, plus de 10 000 réservistes de l’armée israélienne et de l’armée de l’air israélienne avaient annoncé leur intention de geler leur service en signe de protestation contre la législation, qui, selon eux, porterait gravement atteinte à la démocratie israélienne et, par conséquent, à sa sécurité.
Les responsables de la défense avaient prévenu à plusieurs reprises que les capacités de défense du pays pourraient être affectées par ce plan drastique et, quelques jours avant le 7 octobre, le commandant de l’armée de l’air, le général de division Tomer Bar, aurait ordonné à tous les pilotes de reprendre leur service avant le 17 octobre, faute de quoi ils pourraient être licenciés.
À la suite de l’attaque terroriste du 7 octobre, au cours de laquelle des milliers de terroristes, sur ordre du Hamas, ont massacré quelque 1 200 personnes – pour la plupart des civils – et pris 252 otages, certains ont cherché à établir un lien entre la fracture sociale provoquée par la refonte du système judiciaire et l’attaque sans précédent perpétrée dans le sud d’Israël.
Netanyahu a rejeté l’affirmation de l’armée israélienne selon laquelle il avait été averti des dommages potentiels qui pourraient être infligés à Israël dans le cadre de ce bouleversement.
« Non seulement aucun des documents ne contient d’avertissement sur les intentions du Hamas d’attaquer Israël depuis Gaza, mais ils donnent au contraire une évaluation complètement opposée », a déclaré le bureau de Netanyahu dans un communiqué.
L’objectif principal des missives de l’armée israélienne n’était pas le Hamas, a allégué Netanyahu, affirmant que le groupe terroriste palestinien n’était mentionné que deux fois dans les quatre documents, la première fois le 19 mars et la seconde le 31 mai 2023.
Selon le bureau du Premier ministre, la première fois que le Hamas a été mentionné, il s’agissait d’une évaluation selon laquelle le groupe terroriste était davantage intéressé à nuire à Israël « dans d’autres domaines » qu’à lancer des attaques à partir de Gaza. Dans le second cas, deux mois plus tard, le bureau de Netanyahu a affirmé que l’armée israélienne recommandait à Israël de se joindre à la « tendance régionale à la désescalade » et de s’efforcer de résoudre les problèmes avec le Hamas en ce qui concerne la bande de Gaza.
« L’évaluation contenue dans les documents selon laquelle le Hamas n’était pas intéressé par une escalade et était intéressé par une résolution avec Israël a été constamment partagée par tous les organes de sécurité, qui sont allés jusqu’à affirmer que le Hamas avait été dissuadé », poursuit la déclaration.
Le communiqué du cabinet du Premier ministre ajoute que Netanyahu a lui-même mis en garde contre l’impact des troubles internes sur les ennemis d’Israël à plusieurs reprises, lorsque les réservistes de l’armée de l’air et d’autres militaires ont annoncé leur intention de suspendre leur service en signe de protestation contre les mesures de réforme judiciaire prises par le gouvernement lors des vastes manifestations de 2023.
Le Premier ministre avait averti que ce débat interne « érodait notre capacité à dissuader nos ennemis qui peuvent facilement être tentés de nous attaquer », poursuit le communiqué.
Netanyahu a toujours refusé d’assumer la responsabilité de l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, que son gouvernement n’a pas su prévoir ou empêcher, bien qu’il ait fait allusion à des « échecs » lors d’une récente interview lors d’une émission avec le Docteur Phil, psychologue et animateur de télévision.
De hauts responsables de la défense, y compris le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, se sont exprimés à la suite du massacre et ont déclaré qu’ils assumaient la responsabilité de ce qui s’était passé. Le chef du renseignement militaire israélien est le plus haut responsable à démissionner le mois dernier, une décision qui devrait être suivie par d’autres responsables de la sécurité à un moment ou à un autre.
Mais Netanyahu a insisté sur le fait qu’il fallait attendre qu’une commission d’enquête d’État se prononce sur la culpabilité du gouvernement, ce qui, selon lui, ne peut avoir lieu tant que la guerre à Gaza est en cours.