Tsahal enquête à nouveau sur la mort en détention d’un officier du renseignement
L’enquête dirigée par un ex-général ne se penchera pas sur les causes de sa mort, mais sur le « contexte global » des événements, afin de définir son statut au moment de la mort
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

L’armée israélienne a annoncé, mardi, l’ouverture d’une nouvelle enquête externe sur les circonstances de la mort d’un officier de renseignement militaire, l’an dernier, lors de sa détention pour motifs de sécurité.
L’officier – connu sous le nom d’officier principal « Tav », première lettre de son nom hébreu et de son grade (l’équivalent de Capitaine), avait en effet été emprisonné, accusé de graves atteintes à la sécurité nationale.
Il a été retrouvé mort dans sa cellule en mai 2021, sans preuve claire des causes de sa mort.
Ni l’autopsie, pratiquée en Israël, ni les tests sanguins, effectués par un laboratoire médico-légal spécialisé aux États-Unis, n’avaient permis d’apporter de réponse sur les causes de sa mort.
Un long examen par la police des conclusions de la première enquête militaire a établi, en juin, qu’il n’avait manifestement pas été tué « de manière délibérée » par une tierce personne.
Cette nouvelle enquête, dirigée par le major-général Nitzan Alon, ancien chef des opérations de Tsahal, « examinera les faits selon une approche systématique et une vision globale », a fait savoir l’armée.
L’armée a ajouté que l’équipe chargée de l’enquête étudierait le processus de sélection des agents de renseignement et d’autres aspects de la carrière de Tav jusqu’à son arrestation, jusqu’aux « dispositifs de surveillance » au sein de son unité.
Elle examinera également la manière dont l’armée a mis en œuvre les leçons tirées de l’incident et déterminera le statut de l’officier au moment de sa mort, mais elle n’enquêtera pas sur les causes de la mort de Tav.
Une seconde enquête militaire sur les circonstances exactes du décès est en cours, dont les conclusions (a priori à nouveau infructueuses) devraient être présentées au parquet militaire sous peu, a déclaré Tsahal.

La famille a demandé à l’armée de reconnaître à l’officier Tav le statut de soldat mort au combat.
Tav n’a pas reçu les honneurs militaires lors de ses obsèques, car il n’était plus en fonctions au moment de sa détention.
Selon le site d’information Ynet, l’armée serait disposée à lui accorder le statut de soldat au moment de sa mort, conformément à la demande de la famille.
La famille et l’avocat de l’officier ont été informés de cette nouvelle enquête, a fait savoir Tsahal.

L’officier, qui travaillait dans une unité technologique du renseignement militaire, était inculpé d’une vingtaine de chefs d’accusation, passible d’une peine de prison minimale de 10 ans.
Le chef d’état-major de Tsahal, Aviv Kohavi, a expliqué qu’il s’en était fallu de peu pour que l’officier cause un grave préjudice à la sécurité de l’Etat, en lien aves des informations secrètes, mais que les dommages avaient pu être évités en toute dernière minute, suite à son arrestation.
Il avait été placé en détention le temps que ses avocats et les procureurs militaires s’accordent sur les termes d’un accord de plaider-coupable.
Dans la nuit du 16 mai 2021, il a été retrouvé dans sa cellule dans un état de santé grave et a été emmené à l’hôpital, où il a été déclaré mort quelques heures plus tard.
Bien qu’aucune cause officielle de décès n’ait été déterminée, selon Tsahal, les responsables militaires semblent opter pour la thèse du suicide.
La censure militaire impose un embargo absolu sur la diffusion du nom et de la photo de Tav.