Tsahal ne peut expliquer pourquoi un soldat a pénétré dans la zone risquée d’un char
Le "triangle de la mort" aurait causé la mort du sergent Eitan Fichman lors d'un exercice en août ; d'autres "défaillances" ont été détectées afin de réduire le risque d'accident
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Au terme d’une enquête sur un incident fatal, l’armée israélienne a déclaré vendredi qu’elle était incapable de déterminer les raisons pour lesquelles un soldat a pénétré dans la zone dangereuse d’un char d’assaut lors d’un exercice militaire en août, conduisant à sa mort.
Le 30 août, le sergent Eitan Fichman, 19 ans, chargeur de char du 82e bataillon du corps blindé, a été tué après avoir subi une « blessure grave à la tête » lors d’un exercice de tirs sur le plateau du Golan.
Fichman a été retrouvé touché à la tête dans une zone considérée comme dangereuse entre la tourelle et la coque. Selon les protocoles de Tsahal, les soldats ne doivent en aucun cas placer une partie de leur corps dans cet espace lorsque le système de mouvement de la tourelle est activé.
Le rapport final a largement confirmé les conclusions provisoires publiées par l’armée un jour après l’incident.
Tsahal a déclaré vendredi que « la cause directe du décès » était attribuable au fait que Fichman avait pénétré dans la zone dangereuse. Elle a toutefois ajouté « qu’il est impossible de déterminer avec certitude la cause du décès ».
D’après l’enquête, le commandant a remarqué, alors que le char roulait, que le chargeur ne répondait pas. L’équipe s’est alors arrêtée et a sorti le soldat du char, après quoi l’exercice a été interrompu. Le décès de Fichman a été déclaré par les équipes médicales qui l’ont emmené dans une base voisine pour le soigner.
L’incident a été décrit par Tsahal comme « extrêmement rare ». Un ancien conducteur de char a décrit la zone au Times of Israel comme le « triangle de la mort » du char. Il a expliqué qu’elle se trouve juste derrière l’endroit où se tient le chargeur, et que les soldats sont formés pour ne pas tomber dedans lorsque le char est en marche, en particulier lorsque la tourelle est en mouvement.
Les officiers qui ont inspecté les lieux ont constaté qu’il n’y avait apparemment aucun problème avec le char lui-même, les soldats qui le pilotaient ou les conditions dans lesquelles l’exercice avait eu lieu. Le casque du soldat a été emmené pour examen.
L’enquête initiale a révélé que le soldat aurait pu se cogner la tête pendant que le char roulait ou qu’il se serait effondré en raison d’un problème médical non spécifié, avant de tomber dans la zone dangereuse du char.
Une équipe d’experts dirigée par le colonel Shaul Israeli, commandant de la 205e brigade, « a analysé les différentes possibilités… et sur la base de chacune d’entre elles, a formulé des conclusions, des leçons et des recommandations pour réduire le risque et la probabilité d’incidents similaires à l’avenir », a déclaré Tsahal vendredi.
Les experts ont également examiné d’autres aspects « systémiques » dans plusieurs unités de chars et ont trouvé « des lacunes et des problèmes à corriger, afin de réduire des risques similaires ».
Le chef du Commandement du Nord de Tsahal, le Général de division Ori Gordin, a regretté l’incident et a déploré les normes « culturelles » et professionnelles défectueuses au sein de l’unité de chars ainsi que les « lacunes au niveau systémique » constatées par les experts.
La famille de Fichman a été informée des résultats, a indiqué l’armée.
Une enquête de la police militaire a également été ouverte et ses conclusions seront soumises au Corps des avocats généraux de l’armée pour évaluation.
Tsahal a déclaré que d’éventuelles mesures disciplinaires seraient décidées à la suite de l’enquête de la police militaire.
L’armée avait brièvement interrompu les exercices d’entraînement à la suite de l’incident mortel.