Tsahal publie le nom de l’officier druze tué lors d’un raid à Gaza en 2018
Le lieutenant-colonel Mahmoud Kheir el-Din a été touché par la balle d'un camarade lors d'une action de collecte d'informations qui a mal tourné à Khan Younis en novembre 2018
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Tsahal a publié dimanche le nom d’un officier des forces spéciales israéliennes qui a été tué lors d’une opération nocturne dans la bande de Gaza en novembre 2018.
Le lieutenant-colonel Mahmoud Kheir el-Din, alors âgé de 41 ans, a été tué lors d’une mission de collecte de renseignements qui avait mal tourné dans la ville de Khan Younis, à Gaza, dans la nuit du 11 novembre 2018. Un autre officier qui l’accompagnait a été modérément blessé.
Certains détails du raid sont encore soumis à la censure militaire et ne peuvent donc être publiés, et ce même près de quatre ans après les faits.
Au cours de la mission, les soldats sous couverture traversaient Khan Younis en voiture lorsqu’ils ont été arrêtés et interrogés par des agents du Hamas. Les hommes du Hamas sont devenus de plus en plus suspicieux, le commandant israélien a donc décider d’ouvrir le feu, tuant plusieurs membres du Hamas mais touchant aussi par inadvertance deux de ses camarades, tuant Kheir el-Din sur le coup. L’équipe s’est ensuite échappée au plus vite afin de retourner en Israël.
Jusqu’à dimanche, pour des raisons de sécurité, Kheir el-Din n’était identifié que par son grade et la première lettre hébraïque de son nom, le lieutenant-colonel « Mem ».
En réponse au raid et à la mort de ses hommes dans la fusillade, le Hamas et d’autres groupes terroristes de la bande ont lancé une offensive de trois jours contre Israël, tirant quelque 500 roquettes et obus de mortier sur les villes israéliennes et les villes proches de la frontière de Gaza et conduisant les parties au bord de la guerre.
Le chef d’état-major de Tsahal, Aviv Kohavi, a ensuite décerné trois citations de mérite à des membres de l’équipe. L’une a été remise à titre posthume à Kheir el-Din, une autre à un autre soldat de l’unité des forces spéciales et une dernière à l’officier qui a dirigé l’opération et dont le tir perdu a tué Kheir el-Din. Il est identifié par son grade et sa première initiale : Lt. Col. Aleph.
Kheir el-Din, originaire de la ville druze de Hurfeish, dans le nord du pays, avait laissé derrière lui sa femme Nahed et ses deux fils, a indiqué l’armée. Il avait été enrôlé dans l’armée en octobre 1999, initialement dans la brigade des parachutistes. En 2002, il a commencé à servir dans la division des opérations spéciales du renseignement militaire, jusqu’à son décès en 2018.
Il était titulaire d’une licence en droit du College of Management Academic Studies de Rishon Letzion, et d’une maîtrise en éducation et en gestion des affaires de l’université de Haïfa.
En 2009, il a créé une association à but non lucratif visant à faire progresser la communauté druze en Israël. En 2010, il a rejoint Aharai !, une organisation à but non lucratif qui encourage les jeunes à s’engager dans l’armée israélienne, et a participé à sa mise en place dans sa ville natale.
Commentant les informations publiées, le Premier ministre Naftali Bennett a qualifié Kheir el-Din de « héros israélien ».
« Cela fait trois ans et demi que le lieutenant-colonel Mahmoud Kheir el-Din a été tué au combat lors d’une opération secrète à Khan Yunis. Ce n’est que maintenant que nous sommes autorisés à révéler son nom et à le remercier pour sa contribution et son dévouement à la sécurité d’Israël », a déclaré Bennett.
« J’ai fait son éloge lors de ses funérailles et maintenant la nation a le privilège de le connaître, de connaître son nom et le visage d’un héros israélien », a ajouté le Premier ministre.
Les conclusions d’une enquête de Tsahal sur l’opération et la mission de sauvetage étaient mitigées, identifiant un certain nombre d’erreurs tactiques et une planification dysfonctionnelle qui ont conduit à la fusillade, ainsi que des actions courageuses de la part des membres de l’unité qui ont pris part au raid et qui ont permis d’éviter un plus grand désastre, notamment de la part de l’officier qui a accidentellement tué Kheir el-Din.
Dans l’ensemble, Kohavi a estimé que l’opération avait failli à sa mission. Cette débâcle très publique et embarrassante a entraîné une série de remaniements au sein des services de renseignement militaire, notamment la démission anticipée du chef de la division des opérations spéciales des services de renseignement militaire.
Plusieurs officiers de rang inférieur de la division des opérations spéciales ont également démissionné de leurs fonctions à la suite de cet échec.