L’armée restera dans la zone-tampon de la Syrie et sur le mont Hermon aussi longtemps qu’il le faut – Tsahal
Israël affirme que la prise du territoire est défensive et devrait être temporaire ; l'armée tiendra ses nouvelles positions jusqu'à ce que la situation s'améliore après la chute d'Assad
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Après avoir pris dimanche le versant syrien du mont Hermon, une montagne stratégique ainsi qu’une zone-tampon entre les deux pays depuis les années 1970, l’armée israélienne a souligné qu’il s’agissait d’un mouvement temporaire, tout en reconnaissant que les troupes resteraient probablement à l’intérieur du territoire syrien dans un avenir prévisible.
Israël se prépare à un chaos potentiel à la suite de la chute précipitée du dictateur syrien Bashar el-Assad.
Lundi matin, le ministre de la Défense Israel Katz a déclaré qu’il avait ordonné à Tsahal d’achever la prise de contrôle de la zone-tampon séparant Israël et la Syrie du côté syrien de la frontière sur le plateau du Golan, au lendemain du début du déploiement de l’armée dans cette zone.
La zone-tampon démilitarisée de 235 kilomètres carrés a été établie dans l’accord de désengagement de 1974 entre Israël et la Syrie, qui a mis un terme la Guerre du Kippour, et elle est surveillée depuis des décennies par la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (ou FNUOD). Toutefois, Israël a déclaré dimanche qu’avec la chute du régime Assad, il considérait l’accord comme nul et non avenu jusqu’à ce que l’ordre soit rétabli en Syrie.
La 210e division régionale « Bashan » de Tsahal, qui est chargée de la région du Golan, a commencé dimanche à déployer des troupes dans la zone-tampon à l’intérieur du territoire syrien, y compris sur le versant syrien du mont Hermon, où les troupes n’avaient pas posé le pied depuis plus de 50 ans.
L’armée israélienne a déclaré que son déploiement dans la zone-tampon était une mesure défensive et temporaire dans le contexte de la situation en Syrie, ajoutant toutefois qu’elle pourrait rester sur place pendant un certain temps, en fonction de l’évolution de la situation dans le pays.
Des parachutistes déployés dans la zone-tampon entre Israël et la Syrie, sur des images diffusées le 9 décembre 2024. (Crédit : Armée israélienne)
Selon Tsahal, les troupes mènent des opérations défensives « pour prévenir toute menace ».
Le déploiement de dimanche a marqué la première fois, depuis l’accord de 1974, que les troupes israéliennes se positionnaient dans la zone-tampon, à l’intérieur du territoire syrien. Par le passé, Tsahal était brièvement entré dans cette zone à diverses reprises.
« Notre priorité est de protéger notre frontière », a déclaré dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu depuis la frontière.
« Cette région est contrôlée depuis près de 50 ans par une zone-tampon convenue en 1974, l’accord de séparation des forces. Cet accord a volé en éclats. Les soldats syriens ont abandonné leurs positions. »
« Nous avons ordonné à l’armée israélienne de reprendre ces positions afin de nous assurer qu’aucune force hostile ne s’installe à proximité de la frontière d’Israël. Il s’agit d’une position défensive temporaire jusqu’à ce qu’un arrangement adéquat soit trouvé », a ajouté Netanyahu.
L’armée a indiqué qu’elle n’envisageait d’opérer sur le terrain qu’à l’intérieur de la zone-tampon, et non au-delà.
Selon l’armée, des troupes, dont la brigade des parachutistes, ont été déployées dans des positions stratégiques spécifiques dans la zone tampon afin d’empêcher toute présence d’hommes armés dans la région. Tsahal craint qu’après la chute du régime Assad, avec le grand nombre d’armes présentes dans la région, des forces hostiles puissent attaquer Israël.
L’armée a indiqué que le déploiement avait été effectué en coordination avec la FNUOD, qui est responsable de la zone-tampon. Les membres de la FNUOD sont restés à leur poste.
Israël a également envoyé des avertissements aux forces rebelles islamistes dans le sud de la Syrie pour qu’elles ne s’approchent pas de la zone tampon. Samedi, Tsahal est intervenu avec des tirs d’artillerie pour repousser des hommes armés non identifiés qui tentaient d’attaquer un poste de l’ONU près de la ville de Hader, à la frontière syrienne.
Parmi les positions stratégiques capturées par l’armée israélienne figure le versant syrien du mont Hermon, situé à plus de 10 kilomètres de la frontière israélienne, ce qui correspond au point le plus éloigné de la zone-tampon.
La montagne avait été contrôlée pour la dernière fois par Tsahal lors de la Guerre du Kippour en 1973. Un an plus tard, Israël s’était retiré de la région – conformément à l’accord de désengagement.
Des soldats de l’unité d’élite Shaldag de l’armée de l’air israélienne ont pénétré dimanche sur la montagne, qui culmine à 2 814 mètres au-dessus du niveau de la mer, sans rencontrer de résistance.
L’altitude de la montagne en fait une position stratégique qui permet à Tsahal de mieux surveiller la zone frontalière et de prévenir toute attaque.
L’armée a déclaré que la prise de la zone tampon et du mont Hermon visait uniquement à empêcher toute attaque contre Israël, et qu’elle resterait sur place jusqu’à ce que la situation en Syrie soit clarifiée. Tsahal a également renforcé les défenses du côté israélien de la frontière.