Tsahal termine l’exercice majeur simulant une guerre sur plusieurs fronts
Pendant l'entraînement "Main Ferme", qui a duré deux semaines, l'armée de l'air s'est livrée à des simulations de frappe "stratégique" dans les profondeurs du territoire ennemi
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Tsahal a achevé jeudi un exercice de deux semaines axé sur une guerre potentielle sur plusieurs fronts avec l’Iran et ses mandataires terroristes au Moyen-Orient, tels que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
L’entraînement, baptisé « Main ferme« , a impliqué des soldats de l’armée permanente et de l’armée de réserve, issues de presque toutes les unités. Selon Tsahal, les exercices comprenaient des forces terrestres simulant des combats sur la frontière nord d’Israël avec le Liban, l’armée de l’air effectuant des frappes aériennes simulées « au plus profond du territoire ennemi », des opérations de la marine en mer, des unités de renseignement travaillant 24 heures sur 24, et des unités informatiques simulant une cyber-guerre.
L’armée israélienne a indiqué qu’au cours de la première semaine, la 91e division territoriale a effectué des exercices simulant « des scenarii de défense en grand nombre le long du front libanais » et « des scenarii offensifs de grande envergure ».
L’armée de l’air a pratiqué « l’ouverture de combats intenses, des scenarii de défense aérienne complexes comprenant des milliers d’interceptions, des frappes stratégiques dans les profondeurs du territoire ennemi, l’obtention d’une supériorité aérienne dans la région et la frappe de milliers de cibles à l’aide de centaines d’avions ».
Au cours de la deuxième semaine, la 36e division du Corps Blindé Mécanisé et la 91e division territoriale ont effectué un autre exercice simulant de longs combats à la frontière nord d’Israël.
« Au cours de cette semaine, l’armée de l’air s’est concentrée sur l’assistance et la coopération dans les manœuvres et a pratiqué la mobilisation aérienne des forces, en fournissant des moyens logistiques par le biais d’un soutien aérien et d’artillerie dans le but de manœuvrer », a déclaré Tsahal, ajoutant que l’armée de l’air a également « continué à pratiquer des frappes de grande envergure dans plusieurs domaines ».
L’armée israélienne a indiqué que des dizaines de navires de la marine avaient également effectué un exercice, qui comprenait l’utilisation de « capacités offensives et défensives » pour défendre les frontières maritimes d’Israël et sécuriser les voies de navigation.
Au cours des deux semaines, le quartier général de Tsahal s’est exercé à exécuter des plans de guerre. Dimanche soir, le cabinet de sécurité de haut niveau s’est réuni dans le bunker de commandement opérationnel de l’armée à Tel Aviv pour simuler la prise de décision politique au cours de la simulation d’une guerre sur plusieurs fronts.
Le Directorat des Renseignements militaires s’est exercé à collecter des renseignements sur des cibles pour les forces participant aux combats simulés. « Au cours de l’exercice, des centaines de nouvelles cibles réelles ont été définies dans les arènes de combat », a déclaré l’armée israélienne.
Le Directorat des Services informatiques a simulé à la fois la cyber-guerre et les combats dans le spectre électromagnétique, c’est-à-dire les ondes radio. « Dans le domaine de la cyber-défense, des attaques simulant des cyber-menaces pertinentes sur les réseaux et les actifs de Tsahal ont été pratiquées », a déclaré l’armée.
Le Commandement du Front intérieur a effectué divers exercices simulant des attaques sur des zones civiles. Les habitants de Haïfa ont été prévenus mardi par une alerte qui s’est affichée sur les téléphones et qui comprenait un texte avec des instructions simulées pour une situation d’urgence.
Tsahal a déclaré que le Directorat de la Stratégie et du troisième cercle, chargé du dossier iranien de l’armée, « s’est occupé de la planification stratégique de la campagne et de la coordination internationale avec les armées étrangères ».
Le Directorat des Opérations « a géré le calendrier des combats et commandé les processus opérationnels dans le principal quartier général administratif de l’état-major général, dans le cadre de l’amélioration et de la mise en pratique du système opérationnel et de sa préparation à la guerre », a déclaré l’armée israélienne.
Le Commandement du Nord, dans le cadre des deux exercices majeurs, s’est exercé aux efforts de manœuvre, à la collecte de renseignements et à la puissance de feu de diverses unités, a indiqué Tsahal.
Les Commandements du Centre et du Sud ont quant à eux pratiqué « une variété de scenarii opérationnels intensifs et d’activités de contre-terrorisme », a déclaré Tsahal, y compris des attaques par balles et des infiltrations de terroristes.
Le centre d’entraînement des forces terrestres dans le sud d’Israël a également accueilli un bataillon de l’armée américaine pour un exercice conjoint avec la 7e brigade du Corps Blindé Mécanisé de Tsahal, a indiqué l’armée.
« Tout au long de la planification et de la mise en œuvre de l’exercice, un processus d’examen et d’étude a eu lieu dans le but d’améliorer les activités opérationnelles et la préparation de Tsahal », a déclaré l’armée dans un communiqué.
Bien que l’exercice ait été planifié à l’avance, il s’est déroulé dans un contexte d’escalade des tensions liées au programme nucléaire iranien et d’avertissements israéliens selon lesquels un conflit de grande ampleur pourrait éclater à ce sujet.
Téhéran a accéléré son développement nucléaire depuis 2018, lorsque les États-Unis se sont retirés unilatéralement d’un pacte historique (JCPOA) qui avait plafonné les activités d’enrichissement de l’uranium en échange d’un allègement des sanctions.
Les pourparlers visant à relancer l’accord nucléaire ont échoué l’année dernière, mais de récentes informations ont fait état de mesures visant à relancer éventuellement l’initiative diplomatique, suscitant les inquiétudes d’Israël qui craint qu’un nouvel accord ne légitime l’activité nucléaire de l’Iran et n’érode le soutien international à une action militaire potentielle.
Ces dernières semaines, Israël n’a cessé de mettre en garde contre un tel accord, par le biais du Premier ministre Benjamin Netanyahu, du ministre de la Défense Yoav Gallant et du chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi. Ces mises en gardes viennent s’ajouter à l’hostilité qui règne déjà entre les deux pays.
L’année dernière, l’armée israélienne a organisé son plus grand exercice depuis des dizaines d’années. Cet exercice de quatre semaines, baptisé « Chariots de feu », était également axé sur des événements soudains survenant sur plusieurs fronts en même temps, tout en traitant principalement de la lutte contre le Hezbollah, soutenu par l’Iran, au Liban.
Le Hezbollah représente depuis longtemps la menace terroriste la plus importante aux frontières d’Israël, avec un arsenal estimé à près de 150 000 roquettes et missiles pouvant atteindre n’importe quel point du pays.
Au vu de l’absence de progrès concernant une réintégration de l’Iran dans l’accord nucléaire de 2015 qui avait été conclu avec les puissances mondiales, l’armée a néanmoins accru ses efforts, depuis deux ans, visant à mettre en place une menace militaire crédible contre les sites nucléaires de l’Iran.
Pendant l’exercice des « Chariots de feu », l’année dernière, des dizaines d’avions de chasse israéliens avaient fait des manœuvres en mer Méditerranée, simulant des frappes contre les structures nucléaires du régime de Téhéran.