Iran: Gallant met en garde contre les défis à relever en cas de menace de guerre
La visite du ministre de la Défense au Commandement du Front intérieur intervient alors que l'armée israélienne effectue un exercice majeur simulant un conflit sur plusieurs fronts
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a prévenu lundi qu’Israël serait confronté à des défis sans précédent lors d’une potentielle guerre contre l’Iran et contre ses multiples mandataires – notamment le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
« Si, à Dieu ne plaise, une guerre se produit, le front intérieur israélien devrait être confronté à des défis tels que nous n’en avons jamais connus en 75 ans d’existence. Ce qui nécessite que nous soyons prêts à l’avance, avec une préparation optimale », a déclaré Gallant dans des remarques fournies par son bureau.
Gallant s’est exprimé lors d’une visite au quartier général du Commandement du Front intérieur de l’armée israélienne dans la ville de Ramle, au centre du pays, alors que l’armée effectue actuellement un exercice à grande échelle courant sur deux semaines et simulant une guerre sur plusieurs fronts.
« La fonction du Front intérieur, à tous les niveaux, revêt une grande importance et elle joue un rôle décisif. Comme dans tous les domaines, même sur le front intérieur, nous nous engageons à effectuer des préparatifs minutieux en amont, afin d’obtenir des résultats optimaux en cas d’urgence », a déclaré Gallant.
« Nous devons nous préparer aux scenarii les plus graves – des scénarii où nous devrons relever de nombreux défis. Seul le bon fonctionnement du Front intérieur (…) permettra à Tsahal et à l’establishment de la Défense d’accomplir les tâches nécessaires à la frontière », a-t-il ajouté.
Le 29 mai, l’armée israélienne a lancé dans tout le pays un exercice de grande envergure, d’une durée de deux semaines, baptisé « Main ferme » et auquel participent des soldats en exercice et des réservistes issus de presque toutes les unités. Les exercices sont principalement axés sur les frontières nord d’Israël avec le Liban et la Syrie, et ils se focalisent également sur l’Iran.
Tsahal a déclaré qu’au cours de l’exercice, les troupes « s’entraîneraient à relever des défis et à faire face à des événements soudains sur plusieurs fronts simultanément ». L’armée a prévenu qu’il y aurait une augmentation notable des forces de sécurité et des avions dans tout le pays pendant la durée de l’exercice.
Selon une source militaire, l’armée de l’air a effectué des simulations de frappes « stratégiques » en territoire ennemi dans le cadre d’un scénario de guerre totale, et la marine a mené des actions offensives et défensives simulées.
Dimanche soir, le cabinet de sécurité de haut niveau s’est réuni dans le principal bunker de commandement opérationnel de l’armée à Tel Aviv pour simuler la prise de décision par l’échelon politique au cours d’une guerre potentielle sur plusieurs fronts.
Bien que l’exercice et la réunion du cabinet aient été planifiés à l’avance, ils ont eu lieu dans un contexte d’escalade des tensions concernant le programme nucléaire iranien et d’avertissements israéliens selon lesquels un conflit de grande ampleur pourrait éclater à ce sujet.
Téhéran a accéléré son développement nucléaire depuis 2018, lorsque les États-Unis se sont retirés unilatéralement d’un pacte historique qui avait plafonné les activités d’enrichissement de l’uranium en échange d’un allègement des sanctions.
Les pourparlers visant à relancer l’accord nucléaire ont échoué l’année dernière, mais de récentes informations ont fait état de mesures visant à relancer éventuellement l’initiative diplomatique, suscitant les inquiétudes d’Israël qui craint qu’un nouvel accord ne légitime l’activité nucléaire de l’Iran et n’érode le soutien international à une action militaire potentielle.
Ces dernières semaines, Israël n’a cessé de mettre en garde contre un tel accord, par le biais du Premier ministre Benjamin Netanyahu, de Gallant et du chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, venant s’ajouter à l’agitation fébrile qui règne déjà entre les deux pays.
Lors de la réunion de dimanche, Netanyahu a déclaré qu’Israël était « déterminé à agir contre le programme nucléaire iranien, contre les attaques de missiles contre l’État d’Israël et contre la possibilité d’une convergence des arènes, ce que nous appelons une campagne sur plusieurs fronts ».
« Cela nous oblige à envisager, s’il est possible de le faire à l’avance, certaines des décisions clés que le cabinet et le gouvernement d’Israël devront prendre avec l’establishment de la Défense… Tel est l’objectif de l’exercice », a-t-il dit.
« Nous sommes sûrs, nous avons la conviction que nous pourrons faire face à n’importe quelle menace par nos propres moyens, mais aussi en utilisant d’autres moyens », a-t-il ajouté.
L’année dernière, Tsahal avait organisé son plus grand exercice depuis des dizaines d’années. Cet exercice de quatre semaines, baptisé « Chariots de feu », était également axé sur des événements soudains survenant sur de multiples fronts en même temps, tout en traitant principalement de la lutte contre le Hezbollah, soutenu par l’Iran, au Liban.
Compte tenu de l’absence de progrès concernant le retour de l’Iran à l’accord nucléaire conclu en 2015 (JCPOA) avec les puissances mondiales, l’armée israélienne a redoublé d’efforts au cours des deux dernières années pour préparer une menace militaire crédible contre les sites nucléaires de Téhéran.
Lors de l’exercice « Chariots de feu » de l’année dernière, des dizaines d’avions de chasse de l’armée de l’air avaient effectué des manœuvres aériennes au-dessus de la mer Méditerranée, simulant l’attaque d’installations nucléaires iraniennes.