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Fin des sondages d’uranium: Israël estime que l’AIEA a cédé aux pressions iraniennes

Selon le ministère des Affaires étrangères, la crédibilité de l'AIEA est « gravement entachée » par l'explication « irréaliste » donnée à la présence d'uranium sur un site suspect

Le le directeur général de l'Organisation internationale de l’énergie atomique, AIEA, Rafael Mariano Grossi, au centre, et le chef de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran Mohammad Eslami arrivent à une conférence de presse conjointe à Téhéran, le samedi 4 mars 2023. (Crédit : AP/Vahid Salemi)
Le le directeur général de l'Organisation internationale de l’énergie atomique, AIEA, Rafael Mariano Grossi, au centre, et le chef de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran Mohammad Eslami arrivent à une conférence de presse conjointe à Téhéran, le samedi 4 mars 2023. (Crédit : AP/Vahid Salemi)

Hier jeudi, les autorités israéliennes se sont émues de la décision de l’organisme de surveillance atomique de l’ONU de mettre un terme à l’enquête diligentée sur un site iranien suspecté de mener des activités nucléaires secrètes. Elles ont reproché à l’AIEA d’avoir cédé aux pressions de Téhéran.

La décision de l’Agence internationale de l’énergie atomique de clore l’enquête sur les traces d’uranium artificiel trouvées à Marivan, à quelque 525 kilomètres au sud-est de Téhéran, « pourrait avoir des conséquences extrêmement dangereuses », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lior Haiat.

« Les explications données par l’Iran sur la présence de matières nucléaires sur le site ne sont ni fiables ni techniquement réalistes », a déclaré Haiat.

« L’Iran continue de mentir à l’AIEA et de tromper la communauté internationale. »

Mercredi, l’Associated Press a fait savoir que l’AIEA avait déclaré que l’Iran avait répondu aux questions concernant de possibles activités nucléaires secrètes à Marivan ainsi que dans l’installation souterraine de Fordo.

Le rapport trimestriel confidentiel de l’organisme viennois qui a été remis aux États membres explique que les inspecteurs ont cessé de se poser des questions à propos de Marivan après avoir établi qu’un « État membre » avait exploité une mine dans la région dans les années 1960 et 1970.

L’Iran avait fait valoir que les traces d’uranium pouvaient fort bien provenir « d’instruments et d’équipements de laboratoire » utilisés par les mineurs à l’époque. L’AIEA a qualifié cette réponse « d’explication possible ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu révèle ce qu’il dit être un site de développement d’armes nucléaires à Abadeh, en Iran, au siège des services du Premier ministre, le 9 septembre 2019. (Capture d’écran : YouTube)

Les analystes sont nombreux à penser que Marivan est lié au programme nucléaire militaire secret de l’Iran et à accuser l’Iran d’y avoir effectué des essais de grande ampleur au début des années 2000.

En 2019, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait révélé l’existence de ce site, affirmant qu’il s’agissait d’une installation nucléaire secrète.

Haiat a accusé le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, d’avoir « cédé » aux pressions politiques iraniennes, ce qu’il a jugé « très décevant ». Il a indiqué que l’organisme de surveillance avait « gravement entaché » sa crédibilité.

« Les informations contenues dans le dossier indiquent implicitement… des violations flagrantes par l’Iran des accords d’inspection », a-t-il ajouté.

Une autre enquête concernant des particules d’uranium enrichies à 83,7 % – très proche du seuil militaire – dans l’installation souterraine iranienne de Fordo a également été clôturée par l’AIEA, qui a accepté l’explication de Téhéran selon laquelle les fluctuations étaient causées par un sous-produit d’enrichissement.

Le directeur général de l’Organisation internationale de l’énergie atomique, AIEA, Rafael Mariano Grossi, au centre, arrive pour une réunion avec le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Eslami, alors qu’il est accueilli par le porte-parole de l’agence atomique iranienne Behrouz Kamalvandi, deuxième à gauche, à Téhéran, le 4 mars 2023. (Crédit : AP Photo/Vahid Salemi)

Le ministère des Affaires étrangères n’a pas commenté la clôture de l’enquête sur Fordo.

Les tensions entre l’Iran et l’Occident se sont accrues sur la question de son programme nucléaire et Téhéran a récemment fait face à des manifestations de masse ainsi qu’à la colère des pays occidentaux pour avoir armé la Russie avec des drones porteurs de bombes utilisés en Ukraine.

La clôture des enquêtes desserre légèrement la contrainte sur Téhéran, qui a repris son programme nucléaire en 2018, lorsque les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l’accord historique limitant l’enrichissement en l’échange d’un allègement des sanctions.

Les pourparlers de relance de l’accord ont échoué l’an dernier, mais de récentes informations laissent entendre que des mesures ont été prises pour reprendre les travaux diplomatiques, au grand dam des autorités israéliennes, effrayées à l’idée qu’un nouvel accord ne légitime les activités nucléaires de l’Iran et ne démobilise les bonnes volontés internationales favorables à une action militaire.

Le 1er novembre 2019, une image satellite fournie par Maxar Technologies donne à voir l’installation nucléaire de Fordo, au nord de la ville sainte de Qom en Iran. La reprise des activités à Fordo accroit le risque d’une confrontation impliquant l’Iran après des mois d’attaques à travers le Moyen-Orient que les États-Unis attribuent à Téhéran. (Crédit : Image satellite ©2019 Maxar Technologies via AP)

Israël a repris ses mises en garde, jeudi, par la voix de Netanyahu et du ministre de la Défense, Yoav Gallant, ce qui ajoute à l’animosité déjà bien réelle entre les deux pays.

« J’ai entendu ces informations sur l’Iran et j’ai quelque chose de très simple à dire à l’Iran et à la communauté internationale : Israël fera ce qu’il faut pour empêcher l’Iran d’obtenir la bombe nucléaire », a déclaré Netanyahu dans un court message vidéo.

S’exprimant à l’occasion d’une cérémonie de promotion d’officiers de l’armée israélienne, Gallant s’est exprimé sur ce que son cabinet a qualifié de « récents développements concernant la question nucléaire iranienne ».

« Les dangers auxquels l’État d’Israël fait face montent d’un cran et nous pourrions devoir prendre les mesures qui s’imposent pour protéger l’intégrité d’Israël et surtout, l’avenir du peuple juif », a déclaré Gallant.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant s’exprimant lors d’une cérémonie au quartier général de Tsahal, à Tel Aviv, le 1er juin 2023. (Crédit : Nicole Laskavi/Ministère de la Défense)

« C’est une lourde tâche et un grand défi. Les circonstances actuelles sont complexes », a-t-il ajouté.

Un deuxième rapport de l’AIEA a révélé, mercredi, que l’Iran avait considérablement augmenté son stock d’uranium enrichi ces derniers mois, pour atteindre plus de 23 fois la limite fixée dans l’accord de 2015 entre Téhéran et les autres signataires.

Cet accord limitait le stock d’uranium de Téhéran à 300 kilogrammes et l’enrichissement à 3,67 %, ce qui suffit pour alimenter une centrale nucléaire. Dans les faits, l’Iran a produit de l’uranium enrichi à 60 %, niveau dont les experts de la non-prolifération affirment qu’il ne correspond à aucune utilisation civile par Téhéran.

Le rapport de l’AIEA estime qu’au 13 mai, le stock total d’uranium enrichi de l’Iran était de 4 744,5 kilogrammes, dont 114,1 kilogrammes enrichis jusqu’à 60%.

Des niveaux d’enrichissement de 90 % sont nécessaires pour une arme nucléaire, ce qui ne saurait tarder compte tenu des niveaux actuels.

Le chef de l’AIEA, Grossi, a fait savoir que l’Iran disposait désormais de suffisamment d’uranium pour produire « plusieurs » bombes, mais qu’il lui faudrait des mois pour les construire et les miniaturiser pour les installer sur des missiles. La communauté du renseignement américain estime toujours que l’Iran ne cherche pas à fabriquer une bombe atomique.

L’Iran a toujours nié toute intention de développer des armes nucléaires, assurant que ses activités étaient totalement pacifiques.

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