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Turquie : Erdogan s’en prend aux étudiants protestataires et aux LGBT

La police turque a arrêté mardi plus de 170 personnes participant à de nouvelles manifestations qui ne montrent aucun signe d'essoufflement, en dépit de la répression des autorités

Un étudiant brandit un drapeau LGBT lors d'une manifestation organisée à l'université Bogazici d'Istanbul pour dénoncer les propos anti-LGBT du président Erdogan, le 1er février 2021. (Crédit :  Bulent Kilic / AFP)
Un étudiant brandit un drapeau LGBT lors d'une manifestation organisée à l'université Bogazici d'Istanbul pour dénoncer les propos anti-LGBT du président Erdogan, le 1er février 2021. (Crédit : Bulent Kilic / AFP)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a assimilé mercredi les étudiants qui manifestent à travers le pays contre un recteur à des « terroristes » et s’en est de nouveau pris au mouvement LGBT, affirmant qu’il était incompatible avec les valeurs turques.

« Nous ne considérons pas que ces jeunes qui sont des membres d’organisations terroristes ont véritablement les valeurs nationales et morales de notre pays », a affirmé M. Erdogan lors d’un discours, en référence à la vague de contestation étudiante qui secoue depuis un mois la Turquie.

« Êtes-vous des étudiants ou des terroristes tentant d’occuper le bureau du recteur ? », a-t-il ajouté.

Il a affirmé que les autorités ne permettraient pas que la contestation étudiante se transforme en manifestations antigouvernementales comme celles de 2013, connues sous le nom de mouvement de Gezi, qui l’avaient visé à l’époque où il était Premier ministre.

Le chef de l’Etat turc s’en est aussi pris aux personnes LGBT, dont les droits sont devenus une des revendications de la contestation après l’arrestation de quatre étudiants accusés d’avoir insulté l’islam pour avoir organisé une exposition artistique incluant une représentation d’un site sacré de l’islam orné de drapeaux arc-en-ciel.

« LGBT, il n’y a rien de tel. Ce pays est patriotique et moral. Nous avançons vers l’avenir avec ces valeurs », a-t-il dit.

La nomination au début de l’année par M. Erdogan d’un recteur proche du pouvoir à la tête de la prestigieuse Université du Bosphore (Bogazici en turc) a déclenché un mouvement de contestation.

La police turque a arrêté mardi plus de 170 personnes participant à de nouvelles manifestations qui ne montrent aucun signe d’essoufflement, en dépit de la répression de plus en plus brutale des autorités.

Les liens passés du nouveau recteur, Melih Bulu, avec le parti de M. Erdogan et sa nomination sans consultation du conseil d’administration de l’université avaient suscité la consternation.

Attaques contre les LGBT

Les manifestants réclament la démission de M. Bulu et la libération des quatre étudiants de l’Université du Bosphore arrêtés pour avoir organisé l’exposition incluant le tableau controversé.

Le club LGBT de l’université a en outre été fermé.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’exprime devant les députés de son parti
à Ankara, en Turquie, le 23 décembre 2020. (Crédit : Présidence turque via l’AP, Pool)

Jugeant le tableau en question insultant envers l’islam, des responsables turcs, notamment M. Erdogan et son ministre de l’Intérieur Suleyman Soylu, ont multiplié ces derniers jours les déclarations virulentes envers les personnes LGBT.

En dépit des manifestations violemment réprimées par les forces de l’ordre, M. Bulu a exclu mercredi de démissionner.

« Je ne pense absolument pas à démissionner. Je m’attendais dès le départ à ce que cette crise puisse prendre six mois pour être résolue et ce sera ainsi », a-t-il affirmé au journal Habertürk.

« Je suis une personne qui défend les droits et les libertés des LGBT », a-t-il en outre assuré.

L’arrestation de centaines d’étudiants lors des manifestations a provoqué un tollé chez les partis de l’opposition.

Même le maire d’Ankara, Mansur Yavas, élu de l’opposition qui prend d’habitude le soin de rester à l’écart des polémiques, a appelé M. Bulu à démissionner.

« Je vous appelle à démissionner pour rétablir le calme dans les universités et éviter la polarisation dans notre pays », a-t-il écrit dans une lettre ouverte qu’il a publiée mercredi sur Twitter.

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