TV : Le n°2 d’Al-Qaida, tué à Téhéran, planifiait des attaques contre Israël
Les USA et Israël avaient des "comptes à régler" avec Al-Masri, apparemment abattu par Israël en août ; l'Iran craindrait d'autres frappes au cours des deux derniers mois de Trump
Le numéro 2 d’Al-Qaida, qui aurait été abattu par des agents israéliens à Téhéran en août, planifiait des attaques sur des cibles israéliennes et de la diaspora juive lorsqu’il a été tué, a rapporté samedi soir la Douzième chaîne de télévision israélienne.
Plus tôt samedi, le New York Times a rapporté qu’Abdullah Ahmed Abdullah, alias Abu Muhammad al-Masri, a été tué par des agents israéliens sur ordre des États-Unis le 7 août. L’Iran a nié l’histoire du Times, affirmant qu’il s’agissait d’une « information inventée ».
« Abu Muhammad al-Masri avait commencé récemment à planifier des attaques contre des Israéliens et des cibles juives dans le monde », selon le reportage de la télévision israélienne, qui cite des sources de renseignement occidentales non nommées. Cela souligne davantage pourquoi les États-Unis et Israël avaient un « intérêt commun » dans l’élimination de cet « archi-terroriste », a expliqué la chaîne. Les États-Unis le recherchaient pour avoir orchestré deux attaques dévastatrices contre des ambassades en Afrique dans les années 1990, tandis qu’Israël affirme qu’il a supervisé l’attentat suicide à la bombe de 2002 dans un hôtel appartenant à des Israéliens au Kenya, dans lequel trois Israéliens ont été tués.
L’élimination d’al-Masri est le résultat d’une vaste opération qui a duré un an et qui s’est déroulée sans problème, selon le reportage israélien. L’article du New York Times dit qu’il a été abattu à Téhéran par deux agents israéliens à moto, qui ont tiré cinq balles à bout portant.

Le reportage de la Douzième chaîne a précisé que les tireurs étaient des agents du Mossad. La Treizième chaîne israélienne, en revanche, a déclaré que les tireurs étaient probablement des « agents étrangers activés par Israël ».
La Treizième chaîne a ajouté que l’Iran craignait désormais de nouvelles opérations contre les chefs terroristes à Téhéran par Israël et les États-Unis dans les dernières semaines de la présidence de Trump.
Le reportage de la Treizième chaîne d’information a également déclaré que l’élimination d’Al-Masri au cœur de Téhéran avait suscité une enquête intensive de la part de l’Iran sur la faille dans les services de renseignement qui avait permis de le retrouver.
La nature de l’assassinat, a noté le reportage télévisé, ressemble à une série d’assassinats de scientifiques nucléaires iraniens ces dernières années, attribués à Israël dans des informations émanant de l’étranger.
Les Iraniens sont maintenant « extrêmement inquiets » qu’Israël ou les Etats-Unis, puisqu’ils ont manifestement les renseignements, puissent essayer d’éliminer d’autres terroristes opérant à partir de l’Iran, d’Al-Qaida et d’autres groupes, d’ici à la passation des pouvoirs présidentiels américains en janvier, selon le reportage de la Douzième chaîne.
La Treizième chaîne a déclaré qu’il était curieux que les États-Unis n’aient pas rendu public le meurtre du numéro deux d’Al-Qaida, et que le président Donald Trump n’ait pas révélé ce meurtre pendant la campagne électorale présidentielle. Elle a noté que personne n’a réclamé la récompense de 10 millions de dollars offerte par le FBI pour des informations le concernant.
Le reportage a noté qu’au moment du meurtre d’Al-Masri, l’Iran a tenté de faire passer l’incident pour la mort d’un conférencier libanais et de sa fille – « des personnages fictifs », selon le reportage.

Il est ajouté qu’Israël avait un compte à régler avec al-Masri, alors que le contentieux américain avec lui était encore plus important. Al-Masri aurait été responsable de deux attaques du 7 août 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, qui ont fait 224 morts, et son assassinat déclaré est survenu exactement 22 ans plus tard.
Il serait également à l’origine de l’attentat suicide à la bombe contre l’hôtel Paradise à Mombasa, au Kenya – le seul hôtel de la ville appartenant à des Israéliens – qui a fait 13 morts et 80 blessés. L’explosion de Mombassa, le 28 novembre 2002, a eu lieu à la veille de Hanoukka, et la bombe, dans un véhicule qui a foncé dans l’hôtel, a explosé juste au moment où 60 touristes israéliens s’étaient enregistrés. Trois Israéliens ont été tués, dont deux enfants.

A peu près au même moment, deux missiles ont été tirés sur un avion de ligne israélien Arkia qui décollait de l’aéroport de Mombassa avec 271 personnes à bord.
Les pilotes ont vu les missiles passer devant l’avion et ont envisagé un atterrissage d’urgence, mais ont continué leur vol vers Israël, et l’avion a été escorté par des avions de chasse israéliens. Israël a alors temporairement interrompu ses vols vers le Kenya.

Selon le New York Times, al-Masri conduisait sa berline près de son domicile lorsque deux agents israéliens à moto se sont arrêtés à côté de son véhicule et ont tiré cinq coups de pistolet silencieux, le tuant ainsi que sa fille, Miriam, qui était mariée au défunt fils d’Oussama ben Laden, Hamza ben Laden.
L’assassinat n’a pas été reconnu publiquement par les États-Unis, Israël, l’Iran ou Al-Qaida.
Les États-Unis ont surveillé Al-Masri et d’autres membres du groupe terroriste en Iran pendant des années, mais on ignore quel rôle les États-Unis ont joué dans cette tuerie, s’il y en a un.
Al-Masri a été l’un des premiers membres d’Al-Qaida et probablement le prochain à diriger le groupe terroriste après son chef actuel, Ayman al-Zawahri.
Après la fusillade, les médias iraniens ont identifié les victimes comme étant un professeur d’histoire du Liban nommé Habib Daoud et sa fille, Maryam, selon un article du New York Times. Un média libanais et le corps des Gardiens de la Révolution iraniens ont déclaré que la victime était un membre du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, qui est soutenu par l’Iran.
Mais Daoud et Maryam n’ont pas vraiment existé. Un responsable des services de renseignement, et ancien chef du groupe égyptien du Jihad islamique, a déclaré que le personnage était un alias que l’Iran avait fourni à al-Masri.

On ne sait pas très bien pourquoi l’Iran abritait Al-Masri. L’Iran est un Etat chiite, et a combattu avec Al-Qaïda, une organisation jihadiste sunnite.
Des responsables des services de renseignement ont déclaré au Times qu’al-Masri était en « détention » iranienne depuis 2003 et qu’il vivait à Téhéran depuis au moins 2015. Pendant son séjour à Téhéran, il était protégé par le Corps des Gardiens de la Révolution iranienne, mais il était autorisé à se déplacer librement et à voyager à l’étranger.

Des experts ont déclaré au Times que l’Iran pourrait détenir des membres d’Al-Qaïda pour prévenir des attaques en Iran, ou pour leur permettre de mener des opérations contre les États-Unis.
L’Iran coopère avec les groupes terroristes sunnites du Hamas et du Jihad islamique palestinien basés à Gaza.
L’Iran a nié avoir hébergé des membres d’Al-Qaïda et n’a pas répondu à une demande de commentaires du New York Times sur l’article. Les responsables israéliens et américains ont également refusé de commenter.
Au moment de l’élimination d’al-Masri, une mystérieuse série d’explosions a secoué l’Iran, frappant plusieurs sites sensibles, dont l’installation nucléaire de Natanz, une centrale électrique, un pipeline et le complexe militaire de Parchin à l’extérieur de Téhéran.
L’Iran a déclaré en septembre qu’il avait identifié les responsables du sabotage dans les installations de Natanz, mais n’a pas fourni d’autres détails. Les médias étrangers ont attribué l’explosion, qui selon eux a gravement endommagé une usine de développement et d’assemblage de centrifugeuses avancées, à Israël ou aux Etats-Unis.
Des agents israéliens ont assassiné ces dernières années des scientifiques nucléaires iraniens en utilisant des tireurs à moto, comme pour le meurtre d’al-Masri, selon des sources étrangères.
Al-Masri était originaire d’Égypte et avait environ 58 ans. Il a combattu les Soviétiques en Afghanistan avec des groupes jihadistes, s’est ensuite vu interdire de retourner en Égypte et a rejoint Ben Laden. Il a travaillé pour Al-Qaïda au Soudan et en Somalie, où il a formé des militants à l’utilisation d’armes qu’ils ont ensuite utilisées pour abattre des hélicoptères américains à Mogadiscio en 1993 lors de l’incident dit du « Black Hawk Down ». Dix-neuf soldats américains ont été tués dans la bataille contre les miliciens somaliens.
Ben Laden a ensuite chargé al-Masri de préparer des attaques contre des sites américains en Afrique, ce qui a conduit aux attentats à la bombe simultanés des deux ambassades américaines. Le FBI avait offert une récompense de 10 millions de dollars pour toute information le concernant.
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